"Stop Destroying Videogames" : une pétition européenne a été lancée pour empêcher les éditeurs de "tuer" leurs jeux vidéo. En effet, de plus en plus de jeux fonctionnent uniquement en ligne, ce qui expose les gamers au risque de se retrouver propriétaires d'un jeu rendu injouable par l'éditeur.

Les vieux "gamers" se rappellent de l'époque où un jeu vidéo était un bien "physique" : c'est à dire une cartouche ou un cd que l'on pouvait utiliser jusqu'à ce que mort (ou rayure du cd) s'en suive. Ces jeux nous appartenaient, point barre.

Mais le jeu vidéo vit désormais à l'époque d'internet, et devient de plus en plus un bien "immatériel". Un clic sur le "store" et on télécharge un jeu vidéo sur le disque dur de notre console, ou bien dans le cloud, et il se retrouve alors stocké dans un lointain serveur. C'est génial, c'est pratique, ça ouvre un milliard de possibilités.

Le problème, ce n'est pas seulement qu'on ne peut plus "prêter" ces jeux comme à la bonne époque. C'est aussi que notre droit de propriété sur ces jeux dématérialisés est plus fragile que jamais ! Une pétition européenne en donne le parfait exemple.

"Cette initiative demande d’imposer aux éditeurs qui vendent ou accordent des licences pour des jeux vidéo [...] aux consommateurs de l’Union européenne l'obligation de laisser ces jeux vidéo dans un état fonctionnel (jouable). Plus précisément, l’initiative vise à empêcher le blocage à distance des jeux vidéo par les éditeurs et à fournir ensuite des moyens raisonnables de faire en sorte que ces jeux continuent à fonctionner sans la participation de l’éditeur" peut-on ainsi lire sur la page de la pétition.

Des éditeurs coupent carrément la connexion au jeu !

Un nombre croissant d’éditeurs vendent ainsi des jeux vidéo qui nécessitent une connexion à l’éditeur par internet. Sauf que lorsque l’assistance fournie pour ces types de jeux se termine, "très souvent, les éditeurs coupent tout bonnement la connexion nécessaire au fonctionnement du jeu, détruisent toutes les copies opérationnelles du jeu et prennent des mesures considérables pour empêcher les clients de «réparer» le jeu de quelque manière que ce soit."

En achetant ces jeux, vous vous retrouvez donc avec un droit de propriété qui risque de s'évaporer à tout moment. "Non seulement il s’agit d’une atteinte aux droits des consommateurs, mais les jeux vidéo constituent en eux-mêmes des œuvres créatives uniques. À l’instar d’un film ou d’une œuvre musicale, ils ne sont pas interchangeables. Leur destruction représente une perte créative pour tous les acteurs concernés et revient à effacer l’histoire d’une manière qui n’est pas possible avec d’autres médias" s'inquiètent les auteurs.

Le site NoStick donne un exemple de ces mauvaises pratiques, "quand Ubisoft a mis un point final à son jeu de voitures The Crew : l’entreprise a non seulement coupé les serveurs, mais elle est allée jusqu’à retirer le titre de la bibliothèque des joueurs… comme si The Crew n’avait jamais existé !"

RTL

À fond les ballons... direction le cimetière des jeux vidéos!

Bref, le secteur du jeu vidéo est en train de devenir en quelque sorte la seule industrie culturelle ayant le pouvoir de détruire ses créations des années après leur commercialisation. Et ça, c'est pas cool du tout.

Bien entendu, les auteurs de la pétition ne sont pas naïfs au point d'espérer que des éditeurs consacrent des ressources infinies à leurs jeux : "Nous convenons qu’il est irréaliste de s’attendre à ce que les entreprises soutiennent les jeux indéfiniment et nous ne prônons pas cela de quelque manière que ce soit". L’idée est plutôt de s’assurer que les jeux soient dans un état "raisonnablement fonctionnel", en permettant de modifier ou de patcher le jeu pour qu’il puisse continuer de fonctionner le plus longtemps possible.

Autrement dit, les éditeurs devraient mettre en place un "plan de fin de vie" pour tous ces jeux, qui méritent mieux que finir brutalement au cimetière !

L’initiative, valable jusqu'à la fin juillet 2025, est encore loin d'atteindre les 1 millions de signatures et le franchissement du seuil dans au moins 7 États membres (On comptait en ce début octobre près de 360.000 signatures). Donc les gamers, à votre bon cœur, cliquez utile !

Retrouvez ici le site de la pétition.