L'Iran a qualifié vendredi l'attaque israélienne de "déclaration de guerre" après des frappes massives d'Israël contre une centaine de cibles dont des sites nucléaires, qui ont tué les deux plus hauts responsables militaires de la République islamique.
Alors que les appels à la désescalade se multiplient à travers le monde après cette attaque d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, de nouvelles explosions ont été entendues à la mi-journée dans le nord-ouest de l'Iran. Des médias locaux ont fait état d'une nouvelle frappe sur le centre d'enrichissement d'uranium de Natanz (centre), et d'un incendie à l'aéroport de Tabriz (nord-ouest).
Les frappes, notamment sur Téhéran, surviennent alors que la pression ne cessait d'augmenter sur l'Iran pour son programme nucléaire, Israël et des Etats occidentaux le soupçonnant de vouloir se doter de l'arme atomique, ce que dément Téhéran.
"Mort à Israël, mort à l'Amérique!", ont crié dans la matinée des Iraniens venus manifester dans le centre de la capitale, brandissant des drapeaux iraniens. Ahmad Moadi, un retraité de 62 ans, appelle à une "réponse cinglante" contre Israël, un pays non reconnu par l'Iran.

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"Pas de limite dans la réponse iranienne"
Les forces armées iraniennes ont assuré vendredi qu’elles n’auront "pas de limites" dans leur réponse à Israël après les attaques menées sur la capitale Téhéran et plusieurs autres villes du pays. "Maintenant que le régime terroriste qui occupe al-Quds (Jérusalem en arabe, NDLR) a franchi toutes les lignes rouges", il n’y a "pas de limites dans la réponse à ce crime", a indiqué l’état-major de l’armée dans un communiqué.
L'organisation de l'énergie atomique de l'Iran a dénoncé vendredi, après les frappes israéliennes contre ce pays, le "silence" l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui a toutefois réagi après cette critique en estimant que les sites nucléaires "ne doivent jamais être attaqués".

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Dans un communiqué, l'organisation iranienne avait estimé que le "silence" du gendarme onusien du nucléaire était "une forme de coopération avec le régime sioniste", ajoutant que l'attaque israélienne était "une défaite de l'AIEA en raison de ses manquements injustifiables".
Les frappes ont touché plusieurs zones en Iran, notamment la capitale Téhéran (nord) et l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz (centre). Après les frappes, "aucune augmentation des niveaux de radiation n'a été observée" sur le site de Natanz, selon l'AIEA, l'agence internationale de l'énergie atomique. L'agence de presse officielle Irna a aussi fait état de l'absence de "contamination nucléaire jusque-là".
Israël a annoncé que son armée dit avoir des renseignements montrant que l'Iran s'approche du "point de non-retour" pour son programme nucléaire.
Dans la foulée, l'armée israélienne tentait, quelques heures après son attaque, d'"intercepter" une centaine de drones lancés par l'Iran ce vendredi matin.
En outre le président américain Donald Trump a dit à Fox News avoir eu connaissance qu'Israël allait conduire des frappes en Iran, et déclaré que Téhéran ne devait pas obtenir l'arme nucléaire.
"L'Iran ne peut pas pas avoir la bombe nucléaire et nous espérons revenir à la table des négociations. Nous verrons", a déclaré M. Trump, cité vendredi par la chaîne de télévision américaine.

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L'armée israélienne a indiqué vendredi matin que ses avions de combat continuaient de mener des frappes contre des installations militaires et nucléaires iraniennes après avoir lancé dans la nuit une vague d'attaques contre l'Iran.
"Nos pilotes ont attaqué et continuent d'attaquer des cibles militaires et des cibles liées au programme nucléaire dans diverses régions d'Iran", a déclaré le porte-parole de l'armée, le général de brigade Effie Defrin, dans un message télévisé vers 8h00 (05h00 GMT).
L'autorité de l'aviation jordanienne a annoncé vendredi la fermeture de son espace aérien et l'immobilisation de tous les avions après le lancement de frappes israéliennes contre l'Iran.
"L'espace aérien du royaume est temporairement fermé et le trafic aérien est suspendu pour tous les avions (...) par mesure de précaution face aux risques potentiels résultant de l'escalade régionale", a indiqué cette instance dans un communiqué.
Ce que l'on sait de l'opération "Lion blessé"
Israël a annoncé vendredi avoir procédé dans la nuit à des frappes contre des sites militaires et nucléaires en Iran qui a promis de riposter.
L'armée israélienne a indiqué vendredi matin que ses avions de combat continuaient de mener des frappes en Iran tandis que le Premier ministre Benjamin Netanyahu déclarait que l'opération militaire israélienne durerait "de nombreux jours".
Les frappes nocturnes, menées par 200 avions contre une centaine de cibles, ont touché notamment Téhéran (nord) et l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz (centre).
Les cibles d'Israël
L'armée israélienne a annoncé que ses avions de chasse avaient frappé "des dizaines de cibles militaires, y compris des cibles nucléaires dans différentes régions de l'Iran".
Trois sites militaires dans le Nord-Ouest ont également été la cible des frappes, d'après la télévision iranienne.
Irna a, elle, annoncé que des immeubles résidentiels de Téhéran avaient été touchés. Au moins 50 personnes ont été blessées selon la télévision d'Etat et plusieurs personnes, dont des enfants, tuées.
Au moins deux dirigeants des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime, ont été tués dont son chef, le général Hossein Salami, et le général Gholam Ali Rachid, selon les médias locaux.
Le chef d'état-major iranien, le général Mohammed Bagheri, a également été tué, selon la télévision d'Etat.
Au moins six experts scientifiques nucléaires ont été tués, a rapporté l'agence de presse iranienne Tasnim news.
Riposte iranienne
Le guide suprême iranien a menacé Israël d'un sort "amer et douloureux", et les Gardiens de la Révolution ont promis à Israël "une vengeance sévère" après la mort de leur chef.
L'espace aérien de l'Iran est fermé jusqu'à nouvel ordre, de même que celui de l'Irak.
Quelques heures après les premières frappes, l'armée israélienne a indiqué qu'elle tentait d'intercepter "environ 100 drones" lancés par l'Iran vers le territoire israélien.
La Jordanie, qui a aussi fermé son espace aérien, a annoncé que "des avions de la Royal Air Force et des systèmes de défense aérienne ont intercepté vendredi matin un certain nombre de missiles et de drones qui ont pénétré dans l'espace aérien jordanien", sans en préciser la provenance.
Israël s'attend à une attaque de représailles iraniennes "dans un avenir immédiat", et a déclaré l'état d'urgence sur tout son territoire et fermé son espace aérien.
Téhéran avait menacé mercredi de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit après un éventuel échec des négociations sur son programme nucléaire, dont un sixième cycle est prévu dimanche à Mascate.
Le contexte des frappes
Israël considère le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle.
Les Occidentaux et Israël accusent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran dément, assurant que son programme nucléaire est uniquement à usage civil.
Israël avait appelé jeudi la communauté internationale à "une réponse décisive" après l'adoption par l'AIEA d'une résolution condamnant Téhéran pour non-respect de ses obligations nucléaires. Israël dénonçait "une menace imminente pour la sécurité et la stabilité régionale et internationale".
Un sixième cycle de négociations sur le nucléaire entre l'Iran et les Etats-Unis est en principe prévu dimanche à Mascate sous médiation omanaise. Sa tenue paraît désormais compromise.
Quelles réactions?
Le chef de l'ONU Antonio Guterres a lancé un appel à la "retenue maximale", tandis que l'AIEA a dit surveiller de près "une situation profondément inquiétante". L'Otan a souhaité "une désescalade".
Londres comme Paris ont appelé les parties "à la retenue" et Pékin s'est dit "très préoccupé".
Oman a condamné une "escalade dangereuse" et l'Arabie saoudite, poids lourd régional, a dénoncé des "agressions" qui sont des "violations flagrantes" du droit international.
Du côté des marchés, les cours du pétrole ont flambé de 12%, faisant redouter des perturbations sur les approvisionnements d'or noir, dont l'Iran est un des dix plus grands producteurs au monde et les Boures asiatiques ont accusé le coup.