Si les négociations autour d’un centre de données Google dans la commune de Bissen sont au point mort, le gouvernement reste optimiste quant à la réalisation du projet.

La semaine dernière, le géant américain de la tech a présenté son plus grand programme d’investissement à ce jour en Allemagne : 5,5 milliards d’euros d’ici 2029.

Les semaines précédentes, Google avait déjà annoncé des investissements similaires : 5 milliards d’euros en Belgique et 5,6 milliards d’euros au Royaume-Uni. Des montants colossaux qui profitent aux économies locales, mais qui renforcent aussi globalement le continent européen dans les domaines de l’intelligence artificielle et des capacités cloud. Des investissements massifs qui soulèvent toutefois la question de savoir si le géant de la tech s’intéresse encore à la construction du centre de données prévu depuis huit ans au Luxembourg, précisément à Bissen.

Des investissements massifs au Royaume-Uni, en Belgique et en Allemagne

Lors de la présentation du projet la semaine dernière, le ministre allemand des Finances, Lars Klingbeil, a parlé à Berlin d’un signal très important, montrant que l’Allemagne est un site high-tech. Google va investir dans les emplois de demain.

L’effet multiplicateur économique de cet investissement sera considérable. Nous estimons que nos investissements permettront de sécuriser environ 9.000 emplois par an en Allemagne”, a déclaré Philipp Justus, directeur de Google Allemagne et vice-président de Google Europe centrale.

Des propos similaires sont tenus en Belgique, où Google continue d’étendre son site de Saint-Ghislain. On parle ici d’un impact de 1,5 milliard d’euros par an sur le PIB belge. 
 
Et le projet à Bissen ? Les 33,7 hectares que le géant de la tech a achetés fin 2017 à Bissen sont toujours en friche pour l’instant. Hasard du calendrier, le Premier ministre Luc Frieden a rencontré la semaine dernière en Californie des responsables de Google. Interrogé à ce sujet, le ministère d’État indique que le contenu de l’entretien est confidentiel. Du côté du ministère de l’Économie, on précise que “le gouvernement reste confiant quant au fait qu’un projet de centre de données à Bissen pourrait devenir réalité.

Un sentiment partagé par le bourgmestre de Bissen, David Viaggi : “Je ne pense pas que le projet soit mort, car, en tant qu’administration, nous sommes toujours en contact avec des représentants de Google et leur entourage.” Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? 
 
L’étude d’impact environnemental est quasiment terminée. Et cet été, à la mi-août, Google a déposé une demande de permis de construire. Un élément concret que David Viaggi commente ainsi :

Il était important pour nous d’avoir ce centre de données à Bissen, car nous pensons qu’il peut apporter quelque chose à nous et au pays aussi. Nous en avons besoin, mais nous ne le ferons pas à n'importe quel prix. Et je pense aujourd’hui, quand je vois ce qu’ils nous demandent, nous ne l’avons pas encore autorisé, mais ce qui nous est demandé, nous sommes dans des normes de construction tout à fait raisonnables. Nous aurons un bâtiment qui ne sera pas plus haut que ceux déjà présents dans la zone industrielle. Il sera certes plus grand en superficie, mais c'est aussi d’un terrain beaucoup plus vaste qui a été retenu.

Pour le refroidissement, on passe de l'eau à l'air

Entre les premières esquisses et aujourd’hui, Google a revu le projet à la baisse, passant d’une taille XXL à une taille L. Le centre de données prévu sera, par exemple, moins haut que le parking de l'"Automobility Campus". Google prévoit également un bâtiment administratif.
En ce qui concerne la technologie, il y a aussi une évolution notable :

Nous savons aujourd’hui qu’à ce stade, le système ne sera plus refroidi par eau, mais par air. Et pour la chaleur produite, des discussions et de premières analyses sont en cours afin de voir comment nous pourrions la réutiliser, car il est probable qu’elle soit mise à disposition”, explique David Viaggi.

On observe clairement des parallèles avec les projets que le géant technologique a présentés la semaine dernière en Allemagne. Marianne Janik, vice-présidente de Google Cloud pour l’Europe du Nord, explique : "Sur les deux sites, nous misons sur le développement durable et établissons ainsi de nouvelles références. Nous lançons en effet le premier projet de récupération de chaleur de Google en Allemagne. Une fois terminé, nous fournirons pour la première fois la chaleur générée par le centre à plus de 2.000 foyers locaux."

Le projet “Google Bissen” n’est pas encore finalisé, mais de nombreux éléments se concrétisent peu à peu… sur le papier. Avant même que les pelleteuses ne puissent entrer en action, il faudra construire les infrastructures nécessaires. Cela inclut l'aménagement de la N7 et la construction d’une nouvelle route à hauteur de l’entreprise Baatz.

C’est aux Ponts et Chaussées de lancer les appels d’offres. On m’a récemment dit qu’ils étaient très proches de le faire. Je ne veux pas insister à chaque fois, mais bon, nous en avons absolument besoin”, explique le bourgmestre de Bissen. Des travaux d’infrastructure qui nécessiteront autant de temps que ce que Google prévoit pour la construction du centre de données.