La Conférence Nationale des Élèves du Luxembourg, qui représente des milliers d'élèves dans les pays, met en garde contre l'usage de plus en plus important de nicotine chez les jeunes.

Une substance qui apaise, accroît la concentration et fait à la fois des ravages: la nicotine reste l’une des drogues les plus dangereuses mais aussi les plus socialement tolérées.

D'une certaine manière, cette substance trouve constamment de nouvelles façons d'atteindre les jeunes. La nicotine est disponible sous diverses formes : cigarettes, vapoteuses ou même pouches de nicotine et "snus" (le snus est un pouche contenant en plus de la poudre de tabac, ndlt). Ces petits sachets blancs, avec ou sans tabac, à placer sous la lèvre. Ils sont discrets, sans fumée ni odeur, mais dotés d'un fort potentiel addictif et contenant parfois dix fois plus de nicotine qu'une cigarette. C'est pourquoi la CNEL, la Conférence Nationale des Élèves du Luxembourg (CNEL), a lancé une enquête sur la consommation de snus et demande maintenant des réponses politiques et pédagogiques.

Entre mai et juillet, la CNEL a mené une enquête nationale dans les lycées. Environ 1.000 élèves y ont participé, et les résultats sont sans appel : un lycéen sur cinq a déjà goûté au snus et deux tiers en consomment régulièrement, parfois quotidiennement. La CNEL juge cette évolution alarmante, car de plus en plus de jeunes élèves, certains même avant 14 ans, sont exposés à ces produits. Il est facile de se procurer des pouches et des snus, qui sont de plus en plus socialement tolérés, déplore Semir Honsic, vice-président de la CNEL.

"Nous risquons vraiment de voir ce chiffre grimper à 30/40/50% si nous laissons la situation en l'état. C'est pourquoi il est important de réagir dès maintenant. Personnellement, je trouve aussi très inquiétant de voir pourquoi les gens commencent. La curiosité est une belle qualité, mais il n'est pas nécessaire d'assouvir toutes les curiosités. Surtout pas pour de telles choses. Il faut donc vraiment réfléchir, si je veux suivre ma curiosité, ce que cela signifie pour moi, ce que cela signifie pour ma santé si je cède à la curiosité maintenant, et ce que cela signifie réellement à moyen et long terme." 

RTL

© Chris Meisch

Mais c'est précisément là que réside le problème : le snus est absorbé par la muqueuse, ce qui signifie que la nicotine agit plus rapidement et plus intensément. Et avec des dosages jusqu'à dix fois supérieurs à ceux d'une cigarette, le risque de dépendance est extrêmement élevé. Les motivations des consommateurs sont très variées : la curiosité, la tolérance sociale, le goût souvent frais et agréable, le soi-disant kick de nicotine, ou encore la conviction que c'est une alternative plus saine à la cigarette.

"Je pense que, du point de vue du consommateur, le snus est une excellente option par rapport aux cigarettes et aux cigarettes électroniques. Car il ne laisse pas d'odeur et sa consommation est très discrète permettant de le consommer même à l'école, pendant les cours. C'est également un avantage pour le consommateur, parce qu'il n'a pas de soucis à se faire, il n'a pas besoin de se réfugier quelque part pour consommer, il peut le consommer immédiatement et où qu'il soit." 

Près de 40 % des jeunes consommateurs n'ont jamais pensé à arrêter. Pour beaucoup, c'est devenu une habitude, voire un moyen de gérer le stress ou les émotions. Selon la CNEL, les jeunes ne sont pas suffisamment informés à ce sujet. Nombre d'entre eux ignorent que le snus attaque les gencives et les muqueuses et peut entraîner des vertiges et des malaises.

"Et c'est dommage, ce n'est pas seulement la faute des jeunes. Souvent, les jeunes n'en savent pas plus, et on ne peut pas simplement abuser d'eux et dire : "OK, nous allons les transformer en consommateurs." Non, il faut faire exactement le contraire : il faut vraiment faire un travail de prévention et d'éducation. Il ne s'agit pas de motivation politique, il s'agit de protection de la jeunesse. Les jeunes sont véritablement l'avenir de notre pays et si nous ne tentons pas de les protéger, nous ne pourrons pas ne pas assumer leur implication future dans une voie qui ne leur sera pas favorable." 

Dans le cadre de la réforme de la loi sur le tabac, la Conférence Nationale des Élèves du Luxembourg demande que les sachets de nicotine soient clairement réglementés et que leur vente aux mineurs soit interdite ou mieux contrôlée.

L'enquête révèle également qu'un tiers des consommateurs se sentent dépendants. La CNEL met en garde contre l'émergence d'une nouvelle génération de dépendants à la nicotine si des mesures concrètes ne sont pas prises pour mieux protéger les jeunes.