Malgré les explications du Premier ministre et du ministre des Finances, les députés n'ont pas l'impression d'avoir été entendus, ni respectés.

L'opposition à la Chambre n'est pas rassurée par les explications du gouvernement dans le cadre de la fraude Caritas et de l'amende dont a écopé la banque Spuerkeess par la suite. Jeudi, les Premier et ministre des Finances Luc Frieden et Gilles Roth ont répondu à plusieurs questions parlementaires du LSAP et déi Gréng mais ces derniers ne sont pas satisfaits des réponses.

Pour Sam Tanson (déi Gréng), la communication du gouvernement vis-à-vis de la Chambre laisse à désirer et elle regrette qu'aucun huis clos n'ait été organisé afin d'informer les députés que la banque avait été sanctionnée par la CSSF, la Commission de Surveillance du Secteur Financier.
 
"La Chambre n'est pas une vulgaire association, il s'agit du parlement, d'une institution ancrée dans la Constitution et qui a le droit d'être informée, comme le stipule d'ailleurs la Constitution. Le gouvernement semble avoir un peu ignoré ce droit fondamental lors des dernières évolutions dans cette affaire", déplore la députée écolo.

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Taina Bofferding (LSAP) trouve tout cela "bizarre" alors que Marc Baum (déi Lénk) n'arrive pas à croire que Gilles Roth n'a pas informé Luc Frieden. Selon lui, "si tout cela est vrai, alors il faut se demander à quel genre de gouvernement nous avons à faire ? Ne parlent-ils plus entre eux ? Sont-ils encore capables de diriger le pays ?  Et quel est le rôle du Premier ministre si son ministre des Finances ne l'informe même pas qu'une banque systémique risque d'écoper d'une amende aussi élevée ?", s'insurge le député de gauche et trouve cela "inadmissible" que la BCEE ait tenté de passer la sanction sous silence.

"Évidemment, ils vont essayer d'étouffer l'affaire afin que personne ne soit au courant", relativise Taina Bofferding, "mais vu l'énormité du scandale Caritas, ils feraient mieux de tout miser sur la transparence, et de jouer cartes sur table, car il s'agirait peut-être aussi de tirer les leçons de cette affaire".

Sam Tanson aimerait également obtenir de la Spuerkeess des informations concernant les mesures prises et celles qui doivent encore être prises pour améliorer le dispositif. Pour Tom Weidig de l'ADR, il faut des conséquences concrètes: "qui est responsable pour ces sanctions ? Qui est responsable du non-respect des procédures ? Il y aura-t-il des conséquences ? Et si la directrice de la banque ne veut pointer personne du doigt, n'est-elle pas finalement elle-même responsable pour ces sanctions ?"

Justement, les responsables de la BCEE se rendront lundi en huit volontairement à la commission spéciale de la Chambre afin de fournir davantage d'explications.

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