Le LSAP et déi Lénk estiment que les responsables du BCEE ont trompé la Commission spéciale Caritas.

Si les deux partis de gauche jugent avoir été dupés, c'est parce lors de leur passage devant la commission, les responsables de la Spuerkeess n'ont rien dit sur le fait que la CSSF allait infliger à l'établissement une amende de près de cinq millions d'euros en raison des lacunes dans leur dispositif de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.

Les responsables de la Spuerkeess avaient pourtant été informés de cette sanction trois jours avant leur passage devant la Commission spéciale Caritas. Franz Fayot, député LSAP, souligne:

"Quand ils sont venus, c'était plus ou moins pour tenir le discours que tout avait été respecté: nous avons respecté toutes les procédures, aucune erreur n'a été commise et nous n'y sommes pour rien."

C'est pourquoi l'élu de la Gauche, Marc Baum, dit:

"La direction de la Spuerkeess n'a pas dit toute la vérité à la Chambre, elle a même affirmé le contraire de ce que dit la Commission de surveillance du secteur financier. Et ça ne va pas, c'est intenable."

A propos de la ligne de défense de la Spuerkeess, à savoir que la CSSF n'a pas dit que la fraude chez Caritas était due à des failles dans son système, Marc Baum indique que ce n'est pas la mission de la CSSF de faire la lumière là-dessus:

"Je pense qu'il faut simplement constater que les règles essentielles du jeu n'ont pas été respectées par la Spuerkeess."
 
Le Premier ministre Luc Frieden, à qui déi Lénk et le LSAP ont adressé des questions parlementaires gratinées, lui non plus, n'avait rien dit à la Commission spéciale d'une quelconque sanction, alors que la CSSF l'avait déjà annoncée à la BCEE. Marc Baum s'interroge:

"Le savait-il et, si oui, pourquoi ne l’a-t-il pas partagé avec la Chambre, peut-être même sous la forme d’un huis clos?"

Pour Franz Fayot, la question de la responsabilité politique se pose, parce que la Spuerkeess appartient à l'Etat et qu'un représentant de l'Etat siège à son conseil d'administration. C'est pourquoi le LSAP souhaite également savoir quand le gouvernement a eu connaissance d'une éventuelle responsabilité de la Spuerkeess:

"Et comment ils se sont comportés par rapport à toute cette affaire Caritas. Une coresponsabilité des banques n'a jamais été évoquée à aucun moment."

C'est un problème, car si les procédures avaient été en place, on peut au moins supposer qu’une alarme quelconque aurait été déclenchée avant que tous les millions de Caritas ne disparaissent.

Mais aussi parce que la gestion de la crise se serait peut-être déroulée autrement:

"On aurait alors pu chercher dès le début à trouver un arrangement avec les deux banques pour éventuellement sauver Caritas."

Le fait que la Spuerkeess soit prête à trouver un arrangement avec Caritas en dehors d'une salle de tribunal serait le début d'un aveu, estime-t-il.

La Spuerkeess n'a pas souhaité accorder d'interview à RTL à ce jour.

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