
© Ella Malano
En tant que membre de l’OTAN, le Luxembourg ne pourra pas éviter d'investir davantage dans la défense à l’avenir.
Au Sommet de l'OTAN qui s'est tenu fin juin, il a été convenu que les dépenses en matière de défense devront atteindre 5% du Revenu national brut (RNB). Le gouvernement a assuré que cet argent devra aussi être investi dans l'économie luxembourgeoise, c'est-à-dire dans des entreprises au Luxembourg actives dans le domaine de la défense. C'est le cas de LUXUAV: cette entreprise luxembourgeoise produit depuis six mois des drones, qui sont notamment utilisés par l'armée ukrainienne.
Il pèse 3,2 kilos, il vole à 120 kilomètres par heure et à une altitude maximale de 3.000 mètres: c'est le LUXUAV M1, qui est produit ici au Luxembourg et est déjà utilisé à l'étranger, notamment dans la guerre d'Ukraine. La production d'armes n'est pas autorisée au Luxembourg, c'est pourquoi ces drones sont équipés de caméras. Ils peuvent toutefois être adaptés si nécessaire, explique Nicolas Zharov, fondateur et CEO de LUXUAV:
"Ce sont des drones multi-usage, c’est à l’utilisateur final de décider comment il veut utiliser ces drones. Ils sont tous équipés de caméras qui permettent de faire la reconnaissance sur le terrain, mais avec d’autres ajustements sur le terrain, on pourrait les adapter à des choses qui font un autre type de travail."
Il y a six mois, LUXUAV a commencé à produire des drones sous diverses formes. Ils se sont associés à trois pour se développer dans un domaine qui ne comptait pas encore beaucoup d'acteurs au Luxembourg. LUXUAV tente de collaborer plus étroitement avec d'autres entreprises luxembourgeoises afin de permettre le développement d'une industrie de défense au Luxembourg. Le Grand-Duché a au moins le potentiel pour cela:
"Le Luxembourg a tous les moyens pour le faire. Il faut juste avoir l’envie, tout d’abord l’envie politique, donc les choix à faire, maintenant il faut donner plus d’incitations à des entreprises, des petites-à moyennes entreprises, à rentrer dans le secteur. Pour nous, les drones, que ça soient des drones terrestres, aériens ou maritimes, ça va faire partie de notre vie quotidienne à l’avenir. Avec de bonnes initiatives, on pourrait booster ce secteur", précise Nicolas Zharov.
Nicolas Zharov est arrivé d'Ukraine au Luxembourg à l'âge de 15 ans. Il a donc un lien émotionnel profond avec la situation sur place. C'est pourquoi l'entreprise a également embauché des employés ukrainiens, dont d'anciens soldats, comme Olexander Kuznitsov, grièvement blessé en octobre 2022 lors de la guerre d'Ukraine:
"Je suis devenu vétéran en 2024 et j'ai alors été officiellement autorisé à me déplacer hors de l'Ukraine et à me rendre dans d'autres pays. Au cours de mes voyages, j'ai commencé à informer mes collègues à l'étranger des technologies utilisées sur le front. Grâce à des contacts, je me suis retrouvé au Luxembourg."
LUXUAV recherche en général des profils très différents, indique Nicolas Van Beek, cofondateur de l'entreprise: "Le profil c’est à la fois des opérateurs, des gens qui sont extrêmement précis. On cherche des profils très atypiques, par exemple on adore recruter des couturières, des gens qui ont fait de la haute couture, justement pour leur précision, pour l’assemblage de petits câbles et de pièces électroniques, c’est parfait. Et en même temps on recrute des ingénieurs en mécanique électronique, en radio aussi, donc des profils assez différents."
La situation géopolitique actuelle favorise une croissance rapide de l'entreprise: 30 emplois ont déjà été créés cette année. L'année prochaine, l'entreprise comptera une centaine de salariés. En 2027, la capacité de production devrait atteindre 10.000 drones par mois. Un hall de production plus grand a déjà été loué.
Le reportage de RTL en luxembourgeois, avec des interventions en français: