Les émissions réelles de CO2 des hybrides rechargeables seraient jusqu’à cinq fois plus élevées que les résultats des tests officiels d'après l’ONG Transport & Environment.

Équipées de deux moteurs, l'un thermique et l'autre électrique, les hybrides rechargeables promettaient le meilleur des deux mondes: la sobriété de l'électrique, pour rouler en zone urbaine sur plusieurs dizaines de kilomètres sans polluer, et l'autonomie des moteurs thermiques, notamment pour les longs trajets. Elles attirent donc une clientèle qui hésite sur le tout électrique par crainte d'une autonomie insuffisante.

Mais la réalité est loin d'être aussi rose. Les hybrides rechargeables sont souvent mal utilisées: les automobilistes, qui les reçoivent souvent comme voiture de fonction, ont tendance à ne pas recharger leur batterie. Traînant ainsi du poids inutile, ils consomment alors plus d'essence et polluent plus qu'avec un simple moteur thermique.

Nous avions publié un article en mars 2024 basé sur une étude européenne qui affirmait que les émissions de CO2 des voitures hybrides rechargeables étaient 3,5 fois plus élevées que les valeurs annoncées par les constructeurs. Or, la situation serait encore pire : une nouvelle étude de l'Agence européenne pour l'environnement vient de jeter un pavé dans la mare du secteur automobile.

L'ONG bruxelloise Transport & Environment affirme que les hybrides rechargeables émettent cinq fois plus de CO2 que ce que prétendent les tests officiels. Cet écart s'est creusé au fil des ans, passant de 3,5 en 2021 à 4,9 en 2023, selon les données officielles transmises par les compteurs de consommation de carburant embarqués.

"Contrairement à ce que prétendent les constructeurs, les hybrides rechargeables sont encore pires que prévu pour le climat" affirme Bastien Gebel, responsable décarbonation de l’industrie automobile à T&E France.

28 g de CO2/km annoncés, 139 g dans la réalité

Leurs données sur les émissions réelles ont été collectées à partir des dispositifs embarqués de 127.000 hybrides rechargeables immatriculés en 2023.

Dans le détail, les voitures testées émettent en moyenne 139 g de CO2/km, quand les tests officiels WLTP (pour Worldwide Harmonised Light Vehicle Test Procedure) parviennent à des émissions de 28 g de CO2/km.  Petit problème, la norme retenue part de l’hypothèse que les hybrides rechargeables sont utilisés à plus de 80 % du temps en mode électrique. Mais dans les faits, l'utilisation en mode électrique serait à peine de 26%.

Le problème c'est l'utilisation

Ces pseudos "voitures vertes" seraient donc bien moins vertueuses que prévu parce que leurs conducteurs ne jouent pas le jeu. Et c'est bien ça le problème. Si les conducteurs d'hybrides utilisaient plus le mode électrique, ces voitures rejetteraient beaucoup moins de CO2.

Mais le marché de l'hybride est dominé par des entreprises qui, pour verdir leurs flottes, s'équipent de ces véhicules tout en fournissant également une carte carburant à leurs employés. Souvent, ces derniers ne sont  pas équipés d'un point de recharge à leur domicile. Résultat, l'utilisation des hybrides est dévoyée, et cette mauvaise utilisation d'une technologie pourtant prometteuse fait que les hybrides rechargeables ont un impact écologique négatif par rapport aux voitures électriques. 

Une situation qui induit les consommateurs en erreur quant aux émissions et à la consommation réelles des hybrides rechargeables, et permet aux constructeurs automobiles d'afficher ces voitures comme des véhicules propres et d'abaisser considérablement leurs objectifs en matière de CO2.