Près de 5 000 manifestants ont défilé samedi après-midi dans les rues de Metz pour dénoncer l’austérité, la baisse du pouvoir d’achat et les réformes sociales. L’OGBL, syndicat luxembourgeois, était présent aux côtés des organisations françaises. En France, on compte entre 500.000 et 1 million de manifestants.

Reportage à Metz : "Les frontaliers sont deux fois sanctionnés"

À 14 heures, place de la République, les premiers slogans ont retenti. Selon les syndicats, 5.000 personnes ont participé au cortège, 4.000 selon la police. Le défilé, parti avec une demi-heure de retard, a fait le tour du centre-ville : gare, place Mazelle, puis retour à la République.

Dans la foule, une vingtaine de militants de l’OGBL, sont venus rejoindre le cortège messin, depuis le Luxembourg. "Les frontaliers vivent en stéréo : d’un côté la réforme Macron, de l’autre un projet luxembourgeois. Deux fois plus sanctionnés", souligne Christian Simon La Croix, responsable de la section frontalière. Pour lui, la présence de l’OGBL traduit une solidarité "naturelle" avec les salariés français.

"Nos collègues français subissent la réforme Macron. Les frontaliers, eux, se préparent à vivre la même chose au Luxembourg. On vit en stéréo : deux réformes, deux fois sanctionnés"

Des revendications multiples

La CFDT, la CGT, la FSU, la CNT, l’UNSA et le Parti communiste avaient répondu à l’appel. "On en a assez de payer l’addition encore et encore", résume Mélanie Blondin, secrétaire générale de la CFDT Moselle.  "Les salaires ne permettent plus de finir le mois correctement. Les salariés ne peuvent pas être la variable d’ajustement permanente du budget".

Parmi les salariés mobilisés, un groupe de Novasco, entreprise de logistique en difficulté. "On est là pour se faire voir et entendre", explique Stéphane F., inquiet pour l’avenir de son site.

Étudiants et soignants aux avant-postes

La CGT a défilé avec une cinquantaine d’étudiants du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). "C’est la suite du 10 septembre, mais ça remonte bien avant", raconte Benjamin Pion, étudiant en sciences humaines au Saulcy. "On subit des coupes dans la recherche, des bourses réduites, des frais plus lourds pour les étrangers. Il y a de l’argent pour l’armée mais pas pour l’université."

Dans un autre cortège, les blouses blanches. Christine Bourdin, soignante à Sarreguemines, décrit un climat d’asphyxie : "J’en perds mes mots… On est là contre l’austérité, pour le pouvoir d’achat. Ras-le-bol général. On parle de baisser le budget de la sécurité sociale alors qu’on manque déjà de tout", explique t-elle.

"Tous ensemble"

Tout au long du parcours, un slogan est revenu, repris en chœur par étudiants et syndicalistes : "Tous ensemble pour la grève générale." Pour les organisateurs, cette mobilisation n’est qu’une étape. "Si rien ne change, on reviendra"", prévient un syndicaliste. La manifestation s'est déroulée de manière pacifiste, aucun débordement n'a été déploré.

Les perturbations en Lorraine

La circulation des trains  sera perturbée dans les deux sens entre la France et le Luxembourg, ont prévenu mercredi les CFL dans un communiqué. "Les perturbations concerneront particulièrement les trains régionaux de la ligne  Luxembourg – Thionville – Metz. Selon les informations communiquées par la SNCF, les TGV circulant sur cette même  ligne ainsi que les trains de la ligne Luxembourg – Bascharage-Sanem – Rodange – Longwy ne sont pas concernés par  le mouvement de grève. Malgré ces prévisions des suppressions et retards restent possibles sur les autres lignes entre le Luxembourg et la France."

A noter que le mouvement de grève risque également de perturber la circulation des trains entre le Luxembourg et la France le vendredi matin. Les usagers des CFL sont invités à se renseigner auprès de www.cfl.lu ou via l’application CFL mobile.

Les autres perturbations des transports : 

  • Nancy : le réseau Stan annonce de fortes perturbations. Les déviations et les départs supprimés sont à consulter sur leur site et leur appli.
  • Metz : le réseau Le Met' annonce que les lignes N81 CITY et N83 CITY ne circuleront pas. Toutes les autres lignes circuleront normalement. Des perturbations sont à prévoir en raison de la manifestation au centre-ville, de 14 h à 17 h.
  • La circulation des TER dans toute la région Grand Est sera perturbée. 3 TER sur 5 et 9 TGV sur 10 circuleront jeudi, a annoncé le ministre des Transports.

Le point en France

La journée de grève et de mobilisation à l'appel des organisations syndicales pour tenter de peser sur les prochains choix budgétaires, a réuni jeudi plus de 500.000 manifestants en France selon les autorités. La CGT a de son côté recensé "plus d'un million de personnes".

C'est la deuxième journée de mobilisation en huit jours, après celle du mouvement "Bloquons tout" le 10 septembre, lancé sur les réseaux sociaux, qui a mobilisé 200.000 personnes selon les autorités.

RTL

Manifestation à Lyon le 18 septembre 2025 / © AFP

Cette journée est "déjà un succès" pour la cheffe du syndicat CGT, Sophie Binet, dont l'alter ego à la CFDT Marylise Léon a qualifié le mouvement d'"avertissement très clair" au nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu.

La plus importante manifestation, à Paris, s'est élancée peu après 14h. De premiers défilés ont émaillés d'incidents, notamment à Nantes (ouest) et Lyon (est). Environ 80.000 policiers et gendarmes ont été déployés à travers le pays.

"On en a marre"

Cette journée d'action intervient dix jours après la nomination d'un nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, confronté au même défi que son prédécesseur, François Bayrou : proposer un budget permettant de réduire le déficit des comptes de la nation (114% du PIB).

La mobilisation s'oppose aux mesures budgétaires (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales...) envisagées dans un plan d'économies de 44 milliards d'euros défendu par M. Bayrou. Et qui ont valu à son gouvernement, alliant le centre droit et la droite, d'être renversé par les députés le 8 septembre.

"Mes grand-parents et mes parents se sont battus pour la sécurité sociale et les congés payés, je reprends le combat pour mes enfants et ma petite-fille", explique Bruno Cavelier, plombier chauffagiste à la retraite, présent dans une manifestation à Lyon (est).

RTL

Des manifestants à Strasbourg / © AFP

"On en a marre, on en a ras-le-bol d'être taxés à gogo" et d'avoir "des difficultés à finir nos fins de mois" dès "le 15 du mois", confie Samuel Gaillard, 58 ans, un chauffeur de camion-poubelles de 58 ans, près de Lille.

Un tiers d'enseignants étaient en grève dans les écoles. Des blocages partiels ou fermes de quelques dizaines de lycées ont été enregistrés.

Les pharmaciens se sont également mobilisés pour dénoncer la réduction des remises commerciales sur les médicaments génériques. Selon le syndicat de pharmaciens FSPF, environ 18.000 pharmacies sont fermées sur 20.000.