
L’aéroport de Findel n’est pas étranger aux adieux émouvants, mais ce mercredi, il a été le théâtre d’une cérémonie d’adieu particulièrement passionnée. Une quarantaine de sympathisants se sont rassemblés avec des drapeaux et des chants pour souhaiter bonne chance aux cinq volontaires luxembourgeois dans leur voyage vers Gaza.
Plus de 200 militants de diverses nationalités venus en Egypte pour participer à la marche internationale vers Gaza ont été interpellés à leur hôtel ou retenus à l’aéroport du Caire, a déclaré jeudi à l’AFP Seif Abu Kishk, un porte-parole du collectif organisateur.
Israël a pressé mercredi les autorités égyptiennes d’interdire toute “provocation” pro-palestinienne sur son territoire, alors que deux actions militantes sont prévues, le collectif “Global march to Gaza”, à partir de vendredi au départ du Caire, et la caravane “Soumoud”, un convoi parti de Tunis pour rallier la bande de Gaza.
Tout en réaffirmant l’importance des pressions sur Israël pour lever le blocus du territoire palestinien, les autorités égyptiennes ont fait savoir mercredi que toute forme d’action pro-palestinienne organisée par des “délégations étrangères” exigeait une “autorisation préalable”.
La Marche vers Gaza est une initiative pacifique qui réclame un accès humanitaire à Gaza, explique Georgette Hein, l’une des cinq volontaires. “Elle a commencé comme un appel international lancé par des médecins qui voulaient sensibiliser l’opinion publique à la situation humanitaire catastrophique qui règne là-bas”, ajoute-t-elle.
Mme Hein décrit Gaza comme une “cage à ciel ouvert” surpeuplée, où toutes les infrastructures environnantes ont été détruites et où les habitants vivent sous la menace constante d’être abattus. La fermeture des frontières signifie que “ni nourriture, ni eau, ni médicaments” ne peuvent parvenir à ceux qui se trouvent à l’intérieur. “Les gens meurent de faim sous les yeux du monde entier”.
Parmi le groupe se trouve également Lalla Zineb Bouanani, qui vit avec un handicap et qui est profondément touchée par le sort des enfants handicapés en Palestine. “J’ai accès à des traitements ici au Luxembourg, je ne peux donc pas imaginer souffrir sans médicaments. C’est terrible, c’est pourquoi je participe à cette marche”.
Le groupe organise des manifestations hebdomadaires depuis la riposte militaire israélienne à l’attaque du 7 octobre 2023, mais les récentes escalades et ce qu’ils considèrent comme l’indifférence du gouvernement les ont poussés à prendre des mesures supplémentaires.
Avec Maya German, Mira Pinzi et Samuel Taqui, Bouanani et Hein s’envoleront pour Le Caire via Istanbul ce jeudi. Là-bas, ils rejoindront des délégations venues d’une cinquantaine de pays. Vendredi, les volontaires se rendront en bus à Al Arish, avant d’entamer une marche de deux jours et de 50 kilomètres à travers le désert du Sinaï.
Leur itinéraire vers Gaza reste toutefois incertain. Au moment du départ, les autorités égyptiennes n’avaient pas encore précisé si la marche serait autorisée à s’approcher de la frontière.
Dans le meilleur des cas, “en supposant qu’il n’y ait aucune obstruction de la part des autorités égyptiennes ou israéliennes”, les marcheurs prévoient de camper près de la frontière du 15 au 19 juin avant de rentrer chez eux. “Je serais déçu si nous ne pouvions pas marcher jusqu’à Rafah”, déclare Bouanani. “J’espère que les habitants de Gaza nous entendront”.
Quelle que soit la distance parcourue, le groupe souhaite mettre en lumière le fossé grandissant entre l’opinion publique et l’action politique. Dalia Khader, Palestinienne luxembourgeoise, le dit simplement: “Nous voulons montrer aux habitants de Gaza que le monde, ses habitants, se soucient d’eux. C’est ce qui me donne de l’espoir, et c’est ce que je veux transmettre à ma famille et à mes amis en Palestine”.
L’une des participantes constate que les civils prennent le relais là où les gouvernements échouent. “Prenez les dockers de Marseille qui refusent de charger du matériel militaire”. Dans le même temps, elle souligne la décision du gouvernement espagnol de suspendre ses ventes d’armes à Israël. “Je trouve terrible de voir des États plaider en faveur d’un cessez-le-feu tout en continuant à fournir des armes”, déplore-t-elle.