
Le procès de l'homme de 36 ans accusé d'assassinat et de meurtre s'est poursuivi mercredi devant le tribunal d'arrondissement de Luxembourg. L'accusé est suspecté d'avoir tué une femme de 63 ans en mai 2023 en l'étranglant avec le câble d'un sèche-cheveux, puis en la poignardant.
C'est pour ces faits que S., qui est en détention préventive à la prison de Sanem depuis le 13 mai 2023, a été inculpé d'assassinat, respectivement de meurtre.
Pourquoi un jeune homme a-t-il d'abord étranglé avec le câble d'un sèche-cheveux et ensuite poignardé cette femme qu'il connaissait? C'est la question qui était mercredi au centre de la deuxième audience du procès du drame survenu à Bonnevoie en 2023.
Il était apparu mardi lors de la première audience que le décès de la victime, survenu le 12 mai 2023, avait été l'aboutissement d'une relation difficile entre l'agresseur, S., et Madame G., 63 ans. La future victime insultait sans arrêt le jeune homme, qui l'aidait régulièrement pour les tâches ménagères.
"Elle me faisait dormir devant la boîte aux lettres, et je lui ai toujours pardonné", a déclaré mercredi devant la Cour le jeune homme vêtu d'un pull à capuche noir. Il parle lentement et ses réponses sont relativement brèves. Même après que la juge lui ait demandé à plusieurs reprises pourquoi il avait accepté de subir ce traitement, l'homme n'a pas pu répondre. La victime lui aurait toujours promis de l'argent s'il l'aidait, mais n'aurait jamais tenu ses promesses. Cependant, à part elle, il n'aurait eu personne quand il était en conflit avec son père, a-t-il expliqué.
"Finalement c'étaient mes seuls amis", a-t-il déclaré devant la Cour, même si la victime, sa fille et son ami voulaient le persuader de fumer du crack. Ils ont cependant consommé régulièrement ensemble de l'alcool et des médicaments puissants. C'est pour cette raison qu'ils avaient contacté un médecin généraliste: "Alors on téléphonait simplement pour dire ce dont on avait besoin et ça arrivait", a raconté l'accusé.
L'accusé : "C'est comme si j'avais explosé"
Un enquêteur a dressé le tableau des heures qui ont précédé le drame, tel que l'accusé l'a brossé lors de son audition.
Des tensions avaient surgi le 11 mai lorsque la fille de la victime et son compagnon étaient venus à Bonnevoie rendre visite à la mère. Cette dernière et ses deux visiteurs avaient fumé du crack dans la cuisine, mais S. avait dû attendre dans le salon.
Plus tard, après le départ de la fille et de son ami, la future victime était devenue très agressive et avait poursuivi S. avec le couteau de cuisine, qui deviendrait ensuite l'arme du crime. A ce moment-là, les voisins s'étaient plaints, comme cela avait déjà été souvent le cas, selon les déclarations de l'accusé.
C'est précisément ce qui est mis en doute par la Cour lors de ce procès: aucun voisin n'avait entendu de bruit au cours de la nuit du 11 au 12 mai 2023, même s'ils leur arrivaient fréquemment d'appeler la police par ailleurs. De là, la question de savoir si la dispute était réellement si grave ou si l'acte était prémédité et qu'il s'agit donc d'un assassinat. L'accusé maintient cependant sa version selon laquelle il avait perdu son sang froid parce que, comme souvent, la future victime l'avait accusé du fait que sa mère était morte à cause de lui et qu'elle était "bien crevée".
D'après ses propres déclarations, S. serait alors allé chercher le sèche-cheveux dans la salle de bain. Selon les estimations du médecin légiste, l'heure de la mort de Madame G. se situe quelque-part entre 00h30 et 14h30 le 12 mai.
L'accusé ignore pourquoi il n'est pas parvenu à se dépêtrer de cette situation ce jour-là. La victime avait verrouillé la porte d'entrée et mis la clé dans son slip. La présidente lui demande alors pourquoi il ne lui a pas pris la clé, au lieu d'en arriver à l'idée du sèche-cheveux.
"Je ne sais pas", réplique-t-il en regardant son avocat. "C'était juste assez pour moi", et "je ne savais pas comment faire autrement". Pour finir: "Le câble était long".
Lors des auditions, l'homme a déclaré avoir serré le câble pendant trois bonnes minutes. "Elle aurait simplement dû se taire", dit-il devant la Cour. Ensuite il a pris son pouls. Bien qu'il ne l'ait plus trouvé, il s'est emparé d'un couteau de cuisine de 20-25 centimètres, qui se trouvait sur la table à côté de lui. "C'est comme si j'avais explosé". Ce couteau, il l'a enfoncé jusqu'à la garde dans la poitrine de Madame G. Il n'a pas pu expliquer son geste devant la Cour.
Il a ensuite traîné la femme du salon jusqu'à la chambre et l'a recouverte d'une couverture pour ne pas avoir à voir la victime. Il a pris le sèche-cheveux, le téléphone et la carte de crédit de sa victime avant de quitter l'appartement. Pour la juge, il s'agit d'une réaction réfléchie, mais là aussi, l'accusé n'a pas de réponse claire à fournir.
Le père alerte la police
Le jeune homme avoue alors à son père avoir tué Madame G.. C'est ce que le père déclarera aux policiers. Son fils lui avait demandé de l'aider à faire disparaître le corps, mais il avait appelé la police, qui avait finalement emmené S. au commissariat.
Le père n'était pas informé dans les détails de la relation entre son fils et la victime, mais il se peut que ce dernier, après le décès de sa mère, ait cherché auprès de Madame G. une mère de substitution.
Un moment auparavant, la victime avait elle-même glissé dans la dépression et consommait de fortes quantités d'alcool et de médicaments. L'élément déclencheur aurait été sa relation avec son deuxième mari, à qui elle avait signé plusieurs procurations en rapport avec son agence immobilière. Ce dernier s'en serait servi pour commettre des abus.
L'auteur a atteint le fond après la mort de sa mère
Divers témoins ont déclaré à la police que l'auteur était tombé en dépression après le décès de sa mère en 2021. Le père raconte qu'avant cela, son fils avait été un bon coiffeur, il avait travaillé comme serveur dans une boulangerie et une boucherie. Il avait commencé à boire de plus en plus d'alcool durant la maladie de sa mère et après la mort de celle-ci, il n'était plus retourné travailler.
Un autre témoin décrit S. comme une personne gentille qui n'aurait pas pu faire de mal à une mouche, mais l'alcool avait changé le jeune homme.