Mardi a débuté devant le tribunal d'arrondissement de Luxembourg, le procès d'un homme de 36 ans poursuivi pour assassinat et meurtre.

L'accusé est suspecté d'avoir tué une femme de 63 ans en mai 2023 en l'étranglant avec le câble d'un sèche-cheveux, puis en la poignardant. C'est pour ces faits que l'homme, âgé de 36 ans, a été inculpé d'assassinat, respectivement de meurtre. Il est en détention préventive à la prison de Sanem depuis le 13 mai 2023.

"Nous avons eu une énorme dispute et puis c'est arrivé", a déclaré mardi le prévenu lors de son procès à propos des faits survenus le 12 mai 2023. Ce jour-là, il a d'abord "étranglé" cette femme qu'il connaissait avec le câble d'un sèche-cheveux, puis l'a poignardée dans la poitrine.

Lors de l'autopsie, la médecin légiste a constaté que la blessure au couteau était la cause du décès. Les violences subies au cou ne doivent toutefois pas être sous-estimées. Il est plausible qu'à cause d'elles, la femme de 63 ans ait été inconsciente, quand son agresseur l'a finalement poignardée. En tout cas, aucune blessure défensive n'a été retrouvée sur le corps de la victime. Le coup de couteau a été mortel, car le sang qui coulait dans le péricarde a fait que le coeur a cessé de battre. 

Abus d'alcool et de médicaments

Les toxicologues ont détecté la présence d'alcool et de médicaments tant chez la victime que chez l'agresseur. Une concentration d'alcool relativement élevée a été relevée chez la victime, ce qui correspondait cependant à ses habitudes. À cela s’ajoutait un cocktail de sédatifs et de somnifères. Ce qui a éventuellement pu limiter ses réactions.

Il n'a plus été possible de déterminer précisément après coup si l'auteur avait consommé de l'alcool et dans quelle quantité au moment des faits. Mais dans ses cheveux ont été retrouvées des traces d'une consommation occasionnelle de cocaïne, d'une consommation régulière de sédatifs et d'alcool, que les experts ne qualifient toutefois pas d'excessive.

Une relation difficile entre la victime et l'agresseur

La première audience de ce procès a permis d'en apprendre davantage sur la relation particulière qui existait entre G., la victime, et S., son agresseur. La relation a pu s'établir grâce à la fille de Madame G. et elle s'est ensuite approfondie, même après que S. et la fille aient cessé tout contact.

Cette relation aurait été très ambivalente, ont expliqué le psychiatre et le psychologue devant la Cour. D'un côté S. souhaitait aider Madame G., qui consommait elle-même des stupéfiants et de l'alcool en grande quantité. A travers cela, il cherchait une reconnaissance et il habitait même parfois chez elle. Le psychologue a parlé d'une relation pareille à celle qu'on peut avoir avec une mère. D'un autre côté, la victime était devenue de plus en plus agressive verbalement à l'encontre du jeune homme, le qualifiant de "porc gay" et disant que la mère du jeune homme était morte à cause de lui. Ce dernier aurait de moins en moins bien géré la situation et aurait été de moins en moins capable de gérer sa colère.

Une nouvelle dispute avait éclaté le 12 mai 2023. L'homme s'était emparé du sèche-cheveux et l'avait montré à la future victime en lui disant que si elle ne se calmait pas, il allait l'étrangler avec le câble. C'est ce qui était arrivé et une fois la femme inconsciente, il l'avait poignardée. Le psychiatre a parlé d'"Overkill", une colère excessive, que l'auteur ne serait plus parvenu à maîtriser à ce moment-là. Il exclut cependant un acte commis sous le coup de l'émotion, parce que les faits ont duré trop longtemps. Après tout, l'homme avait d'abord menacé la victime et l'étranglement avait duré trois minutes environ avant qu'il ne saisisse ensuite un couteau. Le psychiatre a retenu une altération des capacités de discernement et de contrôle, mais le risque de récidive serait relativement faible.

Une stabilisation de ses conditions de vie serait profitable à l'accusé. Au moment des faits, il n'avait pas de travail, il était plutôt isolé socialement. Son QI est relativement bas, ce qui aurait contribué au fait que S. ne serait plus sorti de sa propre initiative de la relation toxique qu'il entretenait avec la victime, mais qu'il aurait tenté sans arrêt de gagner sa reconnaissance. Le psychiatre a évoqué une relation masochiste du côté de l'auteur.

Après les faits, l'homme s'était rendu chez son père, qui avait alerté la police.