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La diversité linguistique a explosé au Luxembourg avec la croissance exponentielle de sa population. Une nouvelle enquête du Statec révèle des détails très parlants sur l'évolution des langues au Luxembourg.
Certaines sont davantage parlées qu'auparavant, d'autres reculent... Le Statec vient de dévoiler des données inédites sur l'évolution des différentes langues au Luxembourg.
Entre les deux derniers recensements de 2011 et 2021 -en dix ans donc- la diversité des langues "a explosé au Luxembourg", note le Statec, tant de "nouvelles langues" se sont rajoutées. Dans le même laps de temps, la population luxembourgeoise à grimpé de près de 26%. Sur les 131.588 nouveaux venus au profil linguistique de plus en plus diversifié, "très peu connaissent le luxembourgeois".
Globalement, sur les 643.941 habitants que compte le pays, près de la moitié parlent le luxembourgeois. "Avec une petite moitié des réponses, le luxembourgeois est de loin la première langue principale, le portugais vient en deuxième place devant le français, devançant de loin l’anglais et l’italien, suivi de l'allemand."
La langue nationale est évidemment la première langue du pays. Elle est parlée par 10.000 personnes de plus qu'en 2011. Ce qui ne l'empêche pas de reculer. En effet sa part recule dans la société. En 2011, près de 56% des habitants du Grand-Duché parlaient le luxembourgeois, alors qu'ils sont un peu moins de 49% aujourd'hui. En cause, l'arrivée de nombreux nouveaux résidents, mais aussi de demandeurs d'asile, aux profils linguistiques diversifiés. Le Luxembourg vient de connaître un pic de demandes de protection internationale.
Pour cette raison, "les pourcentages du portugais et de l’italien ont aussi connu une légère baisse, tandis que la présence du français et de l’anglais comme langue principale a augmenté".
Vient également le "cas particulier" des langues slaves méridionales. Linguistiquement "proches" elles sont "en train de développer leurs propres variétés pour marquer les différences politiques et identitaires entre les nouveaux États créés après l’effondrement de la République de Yougoslavie en 1992". Le Luxembourg accueille 11.682 personnes concernées, ce qui en fait la septième communauté linguistique du pays, devant les hispanophones.
Quatre personnes sur 10 ne parlent pas luxembourgeois
Le luxembourgeois se trouve en tête des langues parlées. 61,2% des personnes disent l'utiliser. Mais en dix ans, l’utilisation du luxembourgeois a bien diminué. On est passé de 323.500 à 292.000 locuteurs (de 71% à 61%).
Même chose pour l'allemand qui est est utilisé par 22,5% des personnes. Le recul de l’allemand est encore plus prononcé que celui du luxembourgeois. Passant de 140.590 à 107.115 locuteurs (de 31% à 23%).
A contrario, l’anglais connaît une augmentation de 27%. Le français est utilisé par plus de la moitié de la population.
Le luxembourgeois est parlé par presque la moitié des personnes interrogées à la maison comme dans un espace public (le lieu de travail ou l'école), mais "pratiquement quatre personnes sur 10 ne parlent pas luxembourgeois, ni à la maison ni au travail".
Pour le français c'est différent. Un gros tiers le parle uniquement à l'école ou au travail, un petit tiers l’utilise dans les deux contextes, un autre petit tiers ne le parle dans aucun des contextes. Mais rares sont ceux qui l'utilisent exclusivement à la maison.
Pour l'anglais, on peut retenir que plus d’une personne sur quatre parle l'anglais exclusivement au travail ou à l'école, 11% parlent seulement à la maison et au travail, et uniquement 2% à la maison.
La lente érosion du luxembourgeois
Au cours des dix années scrutées, s'est renforcée "une forme de polarisation linguistique" relève le Statec. Les natifs se caractérisent très majoritairement par la pratique du luxembourgeois, tandis que les populations étrangères ne le pratique. En somme, une société à deux vitesses. Entre ces deux populations, les "nouveaux Luxembourgeois" -c'est-à-dire non-natifs qui sont nés hors du pays, mais qui votent au Luxembourg- ont vu décliner leur pratique du luxembourgeois.
Tous ces résultats publiés confirment l’érosion de la pratique du Luxembourgeois comme langue principale de manière "lente et peu uniforme sur l’ensemble de la population".
Pour le groupe des "nouveaux Luxembourgeois", la langue principale n’est pas la langue du pays, "laissant supposer une intégration et une participation plus difficiles à la démocratie". Le Luxembourg reste un pays qui se caractérise par son multilinguisme où aucune langue ne détient le monopole.