C'est avec ces mots que le Premier ministre luxembourgeois a exprimé sa première réaction après son discours devant les Nations Unies.

"Ce fut une décision difficile pour de nombreux pays, dont le Luxembourg", a dit le Premier ministre Luc Frieden, selon lequel "on a senti qu'un chapitre de l'histoire s'écrivait ici". Avec les autres pays qui ont reconnu la Palestine, nous avons "pris cette décision pour la paix". Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, a souligné qu'au Luxembourg, les deux partenaires de la coalition ont pris cette décision ensemble.

Xavier Bettel a également indiqué avoir déjà reçu instruction d'entreprendre cette démarche en 2012, lorsque le moment serait opportun. Et pour le ministre DP, c'était à présent le moment opportun, car cela donnait "un espoir, même minime", de paix dans la région. C'était également le moment opportun, car pour la première fois, de nombreux pays arabes ont dit devant l'ONU que le Hamas n'avait pas sa place en Palestine et que des changements devaient intervenir sur le terrain.

Pour avoir la paix au Proche-Orient, Israël et la Palestine doivent pouvoir vivre côte à côte dans la liberté et la paix. Mais pour cela, les otages doivent être libérés et une Palestine démocratique doit voir le jour. "Et cela implique de reconnaître le droit des Palestiniens à un État", comme Israël l'a depuis 1948, selon le Premier ministre.

Reconnaître la Palestine comme État: "mieux vaut tard que jamais"

Avec le Luxembourg, un peu plus de 150 pays ont reconnu la Palestine comme État. Si le Luxembourg a tellement tardé, c'est parce qu'"il faut donner un nouvel élan" à la solution à deux États, dont ni Israël ni le Hamas ne veulent. Le fait que deux membres du Conseil de sécurité de l'ONU, la France et la Grande-Bretagne, aient désormais reconnu la Palestine, "est une toute autre chose", d'après le Premier ministre luxembourgeois. "Mieux vaut tard que jamais", a résumé Xavier Bettel.

Avec aussi la Belgique et le Portugal, ce n'est plus "un pays quelconque" qui a pris une décision, mais une action concertée, a poursuivi le Premier ministre CSV, Luc Frieden. Et il est désormais acquis qu'"une majorité des États membres de l'UE" reconnaît la Palestine comme État. Une chose est cependant claire pour Luc Frieden : l'État de Palestine "ne verra pas le jour demain matin", mais cette reconnaissance marque le début d'un processus. Il est toutefois important pour le Premier ministre de dire qu'il ne s'agit pas d'une décision contre Israël et les Juifs, mais qu'au contraire, il y a un besoin de "paix dans cette région".

Au côté d'Israël, mais pas d'accord avec la destruction de Gaza

"Nous sommes au côté d'Israël", poursuit Luc Frieden, "mais nous ne sommes pas d'accord avec la décision du gouvernement du Premier ministre Netanyahou de détruire purement et simplement Gaza et d'expulser sa population." De cette façon, il ne peut y avoir de paix dans cette région. Xavier Bettel ajoute que s'il faut attendre que le Hamas libère les otages ou qu'Israël décide d'un cessez-le-feu pour reconnaître la Palestine, cela n'arrivera peut-être jamais. "Mais nous voyons des centaines de personnes mourir chaque jour. Des gens qui n'ont rien demandé. Des jeunes, des femmes, des enfants, des frères et sœurs. Nous sommes en train, juste en train, d'attiser la haine." C'est pourquoi c'est maintenant le bon moment de reconnaître la Palestine comme État.

Cette décision n'a pas été prise "pour recevoir des applaudissements", selon le ministre des Affaires étrangères. Mais elle a été prise parce que nous souhaitons que les choses changent sur le terrain. Nous voulons une solution à deux États dans l'intérêt de la paix, y compris pour Israël. "Il est inutile de penser que tout s'arrêtera là du jour au lendemain."

Trump peut assurer la paix au Proche-Orient et en Ukraine

Luc Frieden espère que les États-Unis verront également cette décision comme une "décision de paix". Le Luxembourg reste un allié des États-Unis et le Premier ministre espère donc que l'administration Trump dialoguera avec ses partenaires avant de prendre des décisions. Le Vice-Premier ministre est plus clair à ce sujet. "Le seul qui peut assurer la paix, c'est Donald Trump. Et en Russie aussi. Le seul qui peut dire aux Russes 'Arrêtez maintenant ce que vous faites en Ukraine', c'est aussi Donald Trump." Xavier Bettel se réjouirait "si des actes suivaient". Si Donald Trump devait parvenir à instaurer la paix à Gaza et en Ukraine, "je serais le premier à le soutenir pour obtenir le prix Nobel de la paix".

Luc Frieden avait également dit au préalable au président israélien ce qu'il mentionnerait dans son discours, à savoir que le Luxembourg est favorable à une coexistence pacifique dans la région. Cependant, au cours de l'entretien, Israël a annoncé regretter la décision du Luxembourg. Luc Frieden a toutefois qualifié l'entretien téléphonique de "bonne conversation", car les deux parties se sont écoutées. Le Luxembourg espère une réaction similaire de la part des États-Unis.

Le Luxembourg a proposé au président palestinien Abbas de l'accompagner dans les réformes nécessaires. "Ce n'est pas comme si vous étiez à la tête d'un pays du jour au lendemain. Mais ils doivent aussi passer par un processus démocratique. Ils se sont d'ailleurs organisés pour cela."

A la fin de l'interview, Xavier Bettel a encore fait un constat fort et lancé un appel dans des directions très différentes: il y a, "par exemple, quatre centres de ravitaillement. Il y en a 400 de l'UNRWA. Il y en a quatre aujourd'hui où les gens reçoivent de la nourriture. Des centaines de personnes meurent chaque semaine simplement parce qu'elles vont chercher quelque-chose à manger. Et peu importe… Désolé, je ne trouve pas les mots pour ça."