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Anne-Marie Hanff, présidente de l'Association des infirmières et infirmiers au Luxembourg (ANIL), a fait le point sur la situation du système de santé du pays ce lundi matin au micro de RTL.
Pour l'invitée de la rédaction, "il est important que le prochain ou la prochaine ministre de la Santé soit capable d'écouter". Elle a formulé plusieurs revendications au prochain gouvernement, notamment une meilleure utilisation des ressources dans le secteur de la santé, ce qui devrait permettre de faire certaines économies.
Adapter les attributions des infirmières et infirmiers
"Une infirmière est un peu comme un couteau suisse. On peut l'utiliser dans de nombreuses situations, mais pour le moment, on n'utilise que le couteau. Il faut que les autres compétences soient également reconnues afin qu'elles puissent être utilisées à bon escient. Il s'agit des attributions des infirmières, comme par exemple dans un cabinet, où une infirmière de pratique avancée pourrait s'occuper des personnes souffrant de maladies chroniques. Elle pourrait faire le suivi, effectuer des visites à domicile et, en cas de problème, avertir le médecin. Ce dernier aurait dès lors plus de temps pour les patients qui ont réellement besoin de lui", explique Anne-Marie Hanff.
Une demande qui n'est pas nouvelle mais qui n'a pas vraiment été considérée ces dernières années, en raison du sous-effectif au ministère de la Santé: "ils ont quand même créé le poste de Chief Nursing Officer, mais comme il s'agit d'un mi-temps, c'est impossible de faire avancer le projet", lance la présidente de l'ANIL qui espère que les équipes seront renforcées au ministère.
Combattre la pénurie et garder les infirmiers dans le métier
C'est le grand problème en général dans le métier, il n'y a pas assez de personnel dans les soins de santé. Selon le Plan national de santé, le Luxembourg aura besoin de 3.827 infirmiers et infirmières d'ici 2030. Selon ce calcul, environ 600 nouveaux candidats devraient ainsi être formés chaque année au Luxembourg, mais de nos jours, on en compte maximum 100. "Nous nous réjouissons de l'arrivée du bachelor sciences infirmières l'année prochaine à l'université du Luxembourg", s'exclame Anne-Marie Hanff, qui prend comme exemple le CHL où "seuls 20% des membres du personnel ont été formés chez nous, la formation doit donc faire partie des priorités du prochain gouvernement".
Pour la présidente de l'ANIL, la formation est une chose, mais il faut également réussir à leur faire aimer le métier et donc à faire en sorte qu'ils y restent: "il faut améliorer les conditions de travail dans les hôpitaux, on pourrait s'inspirer des 'magnets hospitals' à l'étranger où le bien-être au travail est au centre des attentions, ce qui améliore automatiquement la qualité des soins. On y déplore en outre moins de congés maladie ou de fluctuations dans le personnel".
Projet pilote d'infirmière communale
L'ANIL propose de lancer un projet pilote qui couvrirait un volet qui n'est pas pris en charge par l'assurance dépendance. Une infirmière communale pourrait par exemple s'occuper des personnes vulnérables ou âgées qui vivent seules: "cela existe déjà à l'étranger, et avec ce projet pilote, on se donnerait la chance de voir comment on pourrait l'implanter au Luxembourg", conclut Anne-Marie Hanff.