
Depuis la crise du Covid, c’est un sujet qui revient fréquemment sur toutes les lèvres de la plupart des salariés. Le télétravail - forcé au plus fort de la crise sanitaire en 2020 - est devenu un critère majeur pour les employés du Luxembourg et un atout séduction pour de nombreuses entreprises. L’enjeu: permettre un travail plus efficace car moins parasité par les aléas de la vie au bureau et une vie privée plus équilibrée, moins stressante et moins coûteuse à l’heure où les prix des carburants restent élevés.
À l’approche des élections législatives ce dimanche 8 octobre 2023, la plupart des partis politiques du Grand-Duché veulent promouvoir le télétravail. Mais de quelle façon?
Le LSAP affirme ainsi “rejoindre les partenaires sociaux dans leur approche commune de tout mettre en œuvre pour rendre possible deux jours de télétravail par semaine” lorsque les conditions techniques le permettent, aussi bien pour les résidents que pour les frontaliers. Pour cela, le parti porté par la Vice-première ministre et ministre de la Santé Paulette Lenert s’engage à “poursuivre les négociations avec les pays limitrophes au sujet des accords bilatéraux pour augmenter le nombre de jours tolérés en télétravail pour les frontaliers.”
Pour rappel, les frontaliers français et belges ont désormais droit à 34 jours de télétravail par an sans que cela ne change leur régime fiscal. Les frontaliers allemands, bloqués à 19 jours par an, auront droit au même contingent annuel à partir de 2024. Or, pour atteindre deux jours de télétravail par semaine comme le souhaite le LSAP, il faudrait trouver un accord permettant de télétravailler à domicile 90 jours par an.
Les Verts (déi gréng) emboitent le pas du LSAP en allant même plus loin, puisqu’ils militent dans leur programme pour “au moins” deux jours de télétravail par semaine. Cela passerait par un examen approfondi du régime du télétravail, afin “d’identifier les injustices et lever les ambiguïtés du droit au travail à domicile, par exemple en ce qui concerne l’achat d’équipements numériques et techniques.” Un guide du télétravail pour le secteur communal serait également élaboré.
Le parti de Sam Tanson compte sur les partenaires sociaux pour “s’appuyer sur la science” afin de mesurer “l’influence du télétravail en particulier et de la numérisation en général sur les conditions de travail, la productivité, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et l’organisation du travail.”

“Le cadre légal sur le télétravail doit évoluer dans l’intérêt des salariés": c’est clair, Déi Lénk pense avant tout aux salariés en militant pour un droit au télétravail, mais aussi pour un droit au refus du télétravail.
De plus, le parti de David Wagner évoque “le droit au temps libre et à la déconnexion, ainsi que la prise en charge des coûts de matériel” (un point de convergence avec les Verts, ndlr)“et une contribution par l’employeur aux coûts de télécommunication, d’énergie et de logement.”
Si les trois pays voisins seront bientôt sur le même pied d’égalité en ce qui concerne les jours de télétravail annuels, Déi Lénk entend également faire “évoluer” ces seuils de tolérance.De son côté, le parti des Pirates affirme que “le télétravail doit être rendu possible par l’employeur là où c’est possible”, d’autant plus qu’il a “un effet positif sur la situation du trafic dont nous bénéficions tous.”
Refermons cette parenthèse des bienfaits du télétravail avec le parti Fokus, lequel prend l’exemple du salarié qui peut s’occuper de son enfant scolarisé au lieu de solliciter les services d’une garde publique. “Celle-ci a un coût, et nous le payons tous ensemble par les impôts.”
Le plus grand parti politique du pays, le CSV n’avance pas de chiffres mais affirme vouloir clarifier les conditions du télétravail en matière de fiscalité, de sécurité sociale et du nombre de jours par semaine pour les résidents et pour les frontaliers.
Surtout, le parti porté par Luc Frieden pour ces élections, insiste sur le caractère optionnel du télétravail, lequel “se fait toujours sur la base d’un accord mutuel entre salariés et employeurs.” “Nous n’avons ni le droit ni l’obligation de télétravailler” souligne le CSV. Il s’agit donc là d’un point de divergence avec Déi Lénk, qui évoque un “droit” au télétravail.
“doit se faire sur une base volontaire, à moins qu’il ne soit clairement réglementé dans le contrat de travail au moment de l’embauche.”
Ainsi, le parti porté par Fred Keup ne souhaite pas que les salariés se retrouvent “obligés” de travailler à domicile, ni que “l’employeur puisse empiéter sur leur vie privée” lorsqu’ils “recourent au télétravail.”Des potentiels abus de la part des entreprises qu’évoque également le parti des Pirates:“l’État doit fournir un cadre juridique clair pour garantir les droits du salarié.”
Sans avancer de chiffres non plus, le DP affirme vouloir continuer d’encourager le télétravail “.
Rappelons que ce sont les ministres des finances Pierre Gramegna puis Yuriko Backes qui ont respectivement signé les différents accords fiscaux entre le Luxembourg et les pays voisins sur le télétravail, d’abord dans le contexte de la lutte contre le Covid-19, puis plus récemment dans le seul souci de favoriser une formule “qui a prouvé ses avantages": “De longs trajets n’ont plus lieu et les salariés qui travaillent depuis chez eux ont davantage de temps pour leur famille et leurs loisirs” soulignele parti porté par l’actuel Premier ministre, Xavier Bettel.
Afin de promouvoir le télétravail, le parti des Pirates avance des solutions plus concrètes comme l’instauration “d’allègements fiscaux pour les entreprises” et“d’un abattement fiscal” pour le salarié. De plus, il autoriserait du télétravail au sein même de l’Etat, “quand c’est possible”. Enfin, le parti estime nécessaire la création de zones d’activités transfrontalières,“où les personnes peuvent travailler et où un cadre juridique et fiscal est élaboré au niveau de la Grande Région.”