
Rendez-vous sur le plateau des Trois Glands, pour Sven Clement des Pirates, il s’agit d’un lieu particulier, avec l’une des plus belles vues sur la capitale. C’est ici qu’ont été réalisées les photos de son mariage.
Il y a exactement dix ans, les Pirates présentaient pour la première fois une liste pour les élections législatives. Depuis cinq ans, ils sont également représentés à la Chambre. Dans quelle mesure le “parti de la révolte” de l’époque est-il encore présent chez les Pirates ? “Nous avons pris un petit coup de vieux, avec quelques cheveux gris, mais cela n’a rien changé au fait que les Pirates sont un parti qui veut toujours défier les acquis”, explique Sven Clement.
Pour la tête de liste, ce sont surtout les sujets au centre des attentions du parti qui ont changé. Alors qu’il y a dix ans, on se concentrait surtout sur la protection des données, de nos jours le parti va plutôt se tourner vers l’équité fiscale, le logement ou la protection de l’environnement. Les sujets sont plus variés qu’à l’époque car le parti a grandi, et les avis des membres sont logiquement plus nombreux. “Notre présence à la Chambre nous force également à prendre position sur n’importe quel dossier. Le programme complet des législatives de 2018 a ainsi été mis au goût du jour et affiné. Le parti validera l’ensemble des idées le 31 août prochain.
Pour les Pirates, certains points seront les piliers de la campagne comme la réforme fiscale, ou encore l’allègement fiscal du salaire minimum, sans oublier la classe moyenne. Des mesures qui seront à la charge de ceux qui gagnent le plus: “Les Pirates souhaitent atteindre le statut de “fraction” au Parlement avec cinq sièges, afin de pouvoir participer davantage à l’agenda de la Chambre: “c’est un vrai problème en ce moment, seuls quatre partis prennent des décisions concernant les rendez-vous à venir, dont trois issus de la majorité. Trois autres partis ne font que regarder et subir ces décisions, je n’appelle pas ça la démocratie”.
En cas de victoire, l’accès au gouvernement ne pourrait se faire mathématiquement qu’avec le CSV, le DP et le LSAP. Sven Clement s’imaginerait bien travailler avec les éléments plus modérés des trois partis: “je ne suis pas aussi radical qu’un Dan Kersch (LSAP), mais pas non plus aussi économiquement libéral que certains membres du DP, raconte Sven Clement, avec le CSV c’est pareil, nous sommes d’accord avec leur sensibilité plus sociale, mais beaucoup moins avec leur côté “law-and-order”, car ce concept prévoit de rendre la pauvreté punissable, ce qui n’est pas notre politique”.
Pour Sven Clement, la participation citoyenne est un instrument important dans la construction de la démocratie: “nous voulons une politique à laquelle les citoyens peuvent à nouveau participer, il faut les écouter, les prendre à bord à travers une fonction consultative en parallèle à la Chambre, qui ne représente pas tout à fait la démographie du pays une majorité d’hommes, un âge moyen beaucoup plus élevé que la moyenne nationale... nous sommes juste représentatifs du pays parce que nous avons été élus, c’est tout”.
Des nos jours, les citoyens peuvent déjà poser des questions ainsi qu’envoyer des propositions pour certains dossiers à la Chambre grâce à un module du site des Pirates. Les réseaux sociaux sont également très importants dans la communication avec les citoyens: “je me balade plus souvent dans la capitale et je ne connais pas le vécu des commerçants d’Ettelbruck ou d’Esch. C’est important d’avoir un feedback des personnes que nous ne côtoyons pas tous les jours”.

“Nous souhaitons davantage d’énergies renouvelables, ainsi qu’une mobilité juste et une garantie d’un logement pour tout le monde. Comment y arriver ? C’est la question que tout le monde se pose, mais ce sont avant tout des investissements massifs, dans les infrastructures, les chargeurs, dans la mobilité avec un réseau de bus et de trains qui peut réellement aider les personnes ayant un horaire atypique. Il nous faut aussi une initiative massive sur la construction de logements, c’est quelque chose qu’il faut pratiquement forcer”.
“Cela implique d’abord le fait que je devienne Premier ministre, mais ce n’est pas du tout le but que nous poursuivons pour le moment. Les Pirates ne se sont pas lancés pour avoir une majorité absolue et je ne pense pas que nous soyons le parti le plus fort du moment. Donc, tout d’abord je n’y croirais pas. Mais bon, jouons le jeu, la première mission d’un Premier est de bien s’entourer et de former une bonne équipe, de membres du gouvernement mais aussi de hauts fonctionnaires. Donc clairement des experts, des personnes qui savent très bien où sont les défis sur le terrain. Nous voulons adopter une position qui se base sur des évidences, et non pas guidée par des impressions, il ne faut pas juste agir au plus vite, juste pour plaire. Si on nous donne une chance, il faut la saisir et se donner à fond avec toute une équipe. Je mettrais donc tous mes hobbys en pause afin de me consacrer entièrement à ce mandat”.
“Je pense que je vais devoir répondre souvent à cette question d’ici le 8 octobre, mais nous ne dirons pas avec qui nous voudrions prioritairement former un gouvernement, il y a quelques évidences mathématiques possibles, et il y a d’autres combinaisons absolument impossibles. Donc je me concentre sur ce qui est théoriquement possible, et on évite déjà tous les extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche. La politique doit être quelque chose de stable. Nous ne voulons pas non plus nous embêter avec des combats vieux de 100 ans. Je ne vois aujourd’hui aucun scénario qui nous ferait rentrer au gouvernement avec les écolos, car cela ne fonctionne tout simplement pas. Le plus probable serait peut-être noir-bleu-Pirates (CSV-DP-Pirates), ou noir-rouge-Pirates (CSV-LSAP-Pirates), ou même, qui sait bleu-rouge-Pirates (DP-LSAP-Pirates). Nous voulons que cela fonctionne au niveau du contenu, et cela dépend également des personnes impliquées. Mais nous ne voulons pas non plus faire de coalition avec les perdants. Je n’ai pas encore de constellation où je me dis ‘ceux-là nous les voulons absolument’. Tout dépendra des résultats, du contenu et des personnes”.