Les grands départs sont synonymes de changements de flux, d'incidents, mais aussi d'usagers "moins habitués" sur l'A31. Pour les "yeux" et les patrouilleurs de la DIR Est, l'été, c'est pas vraiment les vacances.
Voilà sept années qu'il a les yeux rivés sur le mur d'écrans de la salle opérationnelle du Centre d'Ingénierie, de sécurité et de gestion du trafic (CISGT) de la DIR Est qui jouxte l'A31 à Moulins-lès-Metz. Dans l'immense pièce, des policiers de la CRS autoroutière Lorraine Alsace, scrutent les mêmes écrans. Et Boris Galbe, opérateur de la DIR Est en a déjà vu de toutes couleurs. Des cortèges de mariage qui s'arrêtent carrément "sur l'autoroute pour danser" ou, un été, des "vacanciers arrêtés sur la bande d'arrêt d'urgence avec leur caravane" et "la conductrice qui était en train de courir après le chien qui divaguait sur les voies au mépris de tous les dangers". Au risque de se faire écraser.
L'heure des "grandes vacances" a déjà sonné le 5 juillet en France - un samedi classé "rouge" par Bison Futé, dans le sens des départs - et sonnera le 25 juillet au Luxembourg. En attendant le chassé-croisé entre les juillettistes et les aoûtiens (le samedi 2 août est classé "noir"), ce week-end prolongé du 14 juillet fera l'objet de toutes les attentions. Alors que les vacanciers, parfois un peu trop décontractés, prennent l'A31, les "anges gardiens" de la DIR Est veillent sur eux, les yeux collés aux 300 km de bitume du sillon lorrain qui file de la frontière luxembourgeoise jusqu'au péage de Gye.

© Maurice Fick / RTL
Des vacanciers venus d'ailleurs passent par là, un peu comme sur le tapis du salon. Des patrouilleurs passent à toute heure et ramassent ce qui traîne. Des opérateurs veillent, de loin, prêts à faire intervenir policiers, médecins-urgentistes et pompiers. Ils "voient" ce qui se passe sur l'autoroute grâce à une centaine de caméras. En cas d'accident, elles permettent de le localiser précisément et de donner des informations fiables.
"La nuit c'est beaucoup plus chargé"
Les opérateurs sont aussi en relation avec les concessionnaires autoroutiers comme le CITA (Contrôle et Information du Trafic sur les Autoroutes) car en cas d'accident près de la frontière, la remontée de bouchon peut se répercuter au Luxembourg.
"Nous faisons une veille qualifiée du réseau", glisse Nadjwa Pailloux, cheffe du CISGT. Entendez: des opérateurs travaillent 24 heures sur 24, sept jours sur sept et "s'assurent que la circulation se passe bien sur le réseau" pour que le trafic demeure "fluide". Et si un événement se produit, "ils sont en liens avec les agents qui travaillent en Centre d'intervention et d'exploitation et les forces de l'ordre, les pompiers et le SAMU pour le gérer et faire en sorte que la circulation puisse reprendre".

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Car l'été, "nous avons des usagers peu habitués à prendre cette autoroute et plus de monde en journée hors des heures de pointe du matin et du soir", résume Nadjwa Pailloux. En période estivale, "le flux est reporté sur des heures différentes, aussi bien la nuit -c'est beaucoup plus chargé, on voit que la régulation de vitesse se met en marche beaucoup plus tôt- que sur la tranche de 9h à 13h", a remarqué Boris Galbe. Toute l'année, le sillon lorrain voit défiler "entre 55.000 et 110.000 véhicules par jour" avec une intensité accrue entre Mondelange et la frontière luxembourgeoise.
Vélos qui s'envolent, crevaisons en pagaille
Curieusement, l'été, même s'"il y a un peu plus de monde" sur l'A31, selon la cheffe du CISGT, "il n'y a pas plus de bouchons" que d'ordinaire et "pas plus d'accidents", sait Boris. En revanche, "il y a davantage d'interventions aléatoires" à cause de pertes de chargement, de coffres de toit ou de vélos qui s'envolent, de crevaisons.

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Comme il y a plus de camping-cars et de remorques à cette période de l'année "on a beaucoup de crevaisons et de pneus qui éclatent parce-que le pneu est un peu vieux. Et comme les gens roulent moins souvent avec ils se soucient un peu moins de vérifier l'état de leur matériel", fait remarquer Gauthier Lardin, patrouilleur à bord de sa camionnette orange. "Les gens sont moins habitués à prendre l'autoroute et ont moins le bons réflexes comme mettre leur gilet jaune ou rester de l'autre côté de la glissière de sécurité", constate très régulière Boris.
L'été se produit un autre phénomène: "Les éclatements de pneus de poids lourds sont beaucoup plus réguliers à cause des grosses chaleurs. On voit aussi des poids lourds en feu", témoigne encore Gauthier.
Si vous voyez les grandes flèches lumineuses, levez le pied
L'A31 c'est donc un trafic dense, formé de "15 à 20%" de poids lourds et une autoroute qui compte un grand nombre d'échangeurs, notamment aux abords de Thionville. Raisons pour lesquels, Nadjwa Pailloux conseille aux vacanciers, qui ne sont pas des usagers habituels de l'A31 de "faire attention, de s'adapter, anticiper, lever le pied et garder les distances de sécurité".
Depuis le début 2025 deux agents de la DIR sont décédés en intervention pour protéger les usagers: un en Ile-de-France en mai et un de la DIR Nord-Ouest en juin. "Dès que les usagers voient les grandes flèches lumineuses qui clignotent, il faut qu'ils soient attentifs et qu'ils respectent la règle du corridor de sécurité, c'est-à-dire de laisser une bande virtuelle libre entre eux et l'agent en intervention qui est arrêté en bord de réseau pour éviter un accident ou un suraccident". Et arriver sereinement à destination.