Après le jugement choc qui, à ce stade, l'empêche de concourir à la prochaine élection présidentielle, Marine Le Pen a réaffirmé ses ambitions pour 2027 en demandant une audience en appel rapide. Mais la cheffe de file du RN peut-elle vraiment espérer sauver sa candidature? Voici les différents scénarios possibles.
Marine Le Pen peut-elle encore espérer se présenter en 2027? La cheffe de file du Rassemblement national a été condamnée dans le dossier des assistants parlementaires européens du RN à 4 ans de prison dont deux ferme directement aménagés sous bracelet électronique et surtout 5 ans d'inéligibilité avec application immédiate.
Elle a aussitôt fait appel, ce qui suspend sa peine d'emprisonnement avec bracelet, et lui permet de garder son mandat de députée. Mais cet appel est sans effet sur son inéligibilité. Peut-il malgré tout sauver sa candidature?
Voici les différents scénarios possibles:
1- Procès trop tardif
Tout va dépendre d'abord du calendrier. L'élection présidentielle est dans 2 ans et les candidatures devant être déposées au moins six semaines avant le scrutin. Mais au vu des délais habituels pour la tenue d'un procès en appel (12 à 24 mois), Marine Le Pen peut espérer au mieux être rejugée dans un an. Il faudra ensuite compter encore 3 mois pour le rendu de la nouvelle décision de justice. Il n'est donc pas exclu que le procès se tienne tout simplement trop tard pour que Marine Le Pen puisse être candidate. Au soir de sa condamnation, Marine Le Pen a donc appelé la justice à faire vite. ("Il faut que la justice se hâte")
2- Peine allégée
Si le juge décide d'aller plus vite dans ce cas particulier, ou si le procès se tient dans les meilleurs délais possibles, mi 2026 donc, et si la justice se montre plus clémente en appel, Marine Le Pen pourrait échapper à une inéligibilité immédiate.
"Il y a un petit chemin. Il est certes étroit, mais il existe" explique Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste. "Le juge d'appel décide soit d'annuler cette exécution provisoire ou d'estimer qu'elle a le mérite d'être suspendue, soit même de réduire la durée de l'inéligibilité en estimant par exemple que l'année purgée pourrait suffire." Dans ce qui est le plus favorable des scénarios, Marine Le Pen pourrait donc se présenter. Mais on serait alors fin 2026, à quelques mois seulement de la présidentielle, ce qui veut dire qu'elle serait candidate dans un contexte très compliqué, sans avoir eu le temps de mener une véritable campagne.
3- Peine confirmée
Si le procès se tient dans les meilleurs délais possibles, mais que la justice confirme en appel son inéligibilité immédiate, Marine Le Pen pourra encore se pourvoir devant la Cour de cassation. Mais cette procédure prendra beaucoup de temps et n'est pas suspensive. Quel qu'il soit, l'arrêt risque fort de tomber trop tard pour lui permettre de se présenter en avril 2027. Ce timing très risqué pourrait la pousser à renoncer à être candidate avant même de se pourvoir en cassation. Ou pousser le RN à lui demander d'y renoncer.
4- Autre candidat RN
Face à tant d'incertitudes, le RN pourrait aussi décider de limiter les risques et se résigner à écarter Marine Le Pen, sans même attendre de savoir quand se tiendra le procès en appel. Choisir d'emblée un autre candidat permettrait de garantir au parti une campagne "normale". Dans ce cas de figure, c'est Jordan Bardella qui semblerait le remplaçant le plus évident.
Celui qui a pris la tête du Rassemblement national en novembre 2023, lui a donné le meilleur score de son histoire aux dernières législatives. (37,17% au second tour en juillet 2024) Mais pour l'instant, ce n'est clairement pas le scénario privilégié. Pas question à ce stade pour Marine Le Pen d'être reléguée au second plan. Et le RN a lancé la mobilisation générale pour soutenir sa candidate naturelle.