Un 5e réacteur verra-t-il le jour à Cattenom? Alors que le premier réacteur de la centrale nucléaire de Cattenom aura 40 ans l'an prochain, son directeur a, pour la première fois, suggéré la construction d'un EPR, réacteur de nouvelle génération. Les riverains y seraient favorables.

Raccordé au réseau électrique à la veille de Noël, l'EPR de Flamanville, installé au bord de la Manche, est le réacteur nucléaire le plus puissant de France. Ce réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération, est le quatrième de ce type installé dans le monde. Deux tournent en Chine dans le district de Taishan, un en Finlande sur l’île d’Olkiluoto, et un est en construction au Royaume-Uni sur le site d'Hinkley Point. L'EPR de  Flamanville, va monter progressivement en puissance jusqu'à l'été. Il alimentera environ deux millions de foyers en électricité à terme.

Tout près du Luxembourg, pas très loin de la Moselle, la centrale nucléaire de Cattenom a alimenté l’équivalent de trois millions de foyers en électricité au cœur de l’hiver 2023-2024, en tournant à plein régime. Avec ses quatre réacteurs pouvant produire 5.200 mégawatts, le centre nucléaire de production d'électricité (CNPE) de Cattenom est la 3e centrale nucléaire de France derrière celle de Gravelines (5.460 mégawatts) et celle de Paluel (5.320 mégawatts).

Et Cattenom fait tout pour rester en forme. L'an passé, EDF a mené un programme serré de maintenance dans sa centrale avec, en point d'orgue, la troisième visite décennale de l’unité de production n°4. La voilà relancée pour dix nouvelles années! Cette "grosse révision" a clôturé la première phase du "Grand Carénage", le vaste programme de rénovation et de modernisation lancé par EDF pour prolonger la durée de vie de ses centrales nucléaires.

Jérôme Le Saint, le directeur du CNPE de Cattenom fait savoir sur Linkedin que "le cap des 40 ans de la centrale sera franchi très prochainement en 2026". Le premier réacteur de la centrale avait été raccordé au réseau électrique en 1986.

La centrale sera exploitée jusqu'à 60 ans, voire plus

Au risque de ne pas plaire au voisin luxembourgeois qui s'était déjà montré critique à l'égard de la prolongation de la durée de vie de la centrale de Cattenom en septembre, il annonce qu'à Cattenom, "nous préparons donc notre poursuite d’exploitation jusqu'à 60 ans et pourquoi pas au-delà". Avant de citer les grands challenges que présuppose ce vaste projet de maintien en forme, comme le recrutement sans précédent de salariés (la filière nucléaire en Moselle recherchera 4.000 personnes dans les dix prochaines années), des besoins de compétences en innovation ou l'adaptation au changement climatique.

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Reste une question cruciale: la ressource en eau est-elle garantie? L'eau de la Moselle est indispensable au bon fonctionnement de la centrale puisqu'elle permet de refroidir les réacteurs. Mais si les périodes de sécheresse devaient se multiplier à l'avenir, le débit de la Moselle deviendrait problématique.

Jérôme Le Saint qui se prépare pour la quatrième visite décennale, voit déjà beaucoup plus loin. Lors de la cérémonie des vœux organisée fin janvier à Cattenom, le directeur de la centrale a évoqué un sondage réalisé auprès des riverains de la centrale, et a annoncé face aux élus que "80 % soutiennent notre poursuite d’exploitation et 70% se disent favorables à la construction d’un EPR à Cattenom", comme rapporté par nos confrères du Républicain Lorrain.

C'est la toute première fois que l'entreprise EDF, jusqu'ici muette sur l'avenir du CNPE de Cattenom, évoque la possibilité de construire un EPR sur le site mosellan. Cet hypothétique nouveau réacteur viendrait-il se rajouter aux quatre existants ou les remplacerait-il? Rien n'est acté.

Emmanuel Macron avait annoncé en 2022 un vaste programme de relance de l'atome en France prévoyant la construction d'au moins six réacteurs EPR2: deux à Penly (Seine-Maritime), deux à Gravelines (Nord), et deux au Bugey, au bord du Rhône. Le débat public sur le projet près de la centrale nucléaire du Bugey, les seuls réacteurs de nouvelle génération envisagés en bord de fleuve, a démarré le 28 janvier et s'achèvera le 15 mai. Mais d'un EPR à Cattenom, il n'avait jamais été question jusqu'ici.

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