C'est le club le plus titré de France, tous sports confondus! Et il pourrait bien s'offrir un 60e anniversaire exceptionnel! Metz Handball, ce sont des titres, de l'engagement, mais c'est surtout une "grande famille" avec ses recettes. Témoignages.
"40 victoires de suite, toutes compétitions confondues, c'est un record en Europe", glisse Thierry Weizman, président de Metz Handball, sans triomphalisme, mais avec fierté. "Je pense qu'on va faire la plus belle année du club. On va gagner la Coupe de France, je l'espère, ce samedi à Bercy. J'espère qu'on sera champion de France. Il reste trois matchs, ça devrait aller... Si on pouvait aller plus loin qu'une demi-finale de Champions League, ça serait rêvé".
Avec 26 titres de champions de France, 12 coupes de France et plusieurs participations dans le dernier carré de la Ligue des champions, Metz Handball est le club le plus titré du sport français, tous sports confondus, garçons et filles.
Et pour fêter ses 60 ans, le club aux 500 bénévoles a mis les petits plats dans les grands cette année en organisant une soirée gala, un match événement (le 24 mai contre Strasbourg) et en présentant un maillot collector à 600 exemplaires, un livre ("Metz Handball, 60 histoires d'un club de légende") et même une expo au Musée de la Cour d'or, prolongée jusqu'au 9 juin.
Mais la saison 2025 pourrait bien être celle de tous les records sportifs. Si dans cette dernière ligne droite printanière, les joueurs et joueuses parvenaient à en cueillir les fruits. À commencer par ce samedi soir à l'Accor Arena de Paris, où pour la première fois de l'histoire du club, les deux équipes phares disputeront la finale de la Coupe de France. Les Cerbères joueront la finale de Nationale 1 contre Elite Val d'Oise à 17h00. Avant que les Dragonnes ne retrouvent Paris 92 à 19h30. Même si les filles "se préparent à un très gros match" parce que Paris "n'a pas la possibilité de gagner un autre trophée" cette saison, comme l'explique Sarah Bouktit, pivot des Dragonnes. Garçons et filles qui enchaînent, c'est déjà historique.
À la fin du mois, les filles participeront au Final 4 de la ligue des champions à Budapest avec l’envie de tourner définitivement la page de la déception de la saison dernière, qui avait vu les Dragonnes terminer à la quatrième place. Un gros challenge. Et à trois matchs d'un championnat où elles sont invaincues, tous les espoirs sont permis pour décrocher le 27e titre de champion.
"Mais on reste simple"
"Oui, on a un club qui a des grosses ambitions. Oui, on a un club qui a des beaux résultats, des belles performances et qui a le plus beau palmarès du sport français. On est le meilleur club de handball féminin sur le territoire français, mais on reste simple. Voilà, j'appelle ça la simplexité et surtout la proximité, parce qu'on sait aussi que sans notre public, on n 'est rien", glisse Nina Kanto, 41 ans, ancienne joueuse vedette de 2001 à 2016 dont le nom résonne aux oreilles du grand public comme celui d'Isabelle Wendling, Nodjialem Myaro, Allison Pineau, etc. d'autres piliers du club.

Entre Nina Kanto, pilier de l'équipe féminine professionnelle durant seize ans, et Metz Handball, "c'est une histoire d'amour qui date et qui continue". / © Maurice Fick / RTL
"Metz, c'est une terre de handball. C'est vraiment une ville qui tourne aux couleurs de ce club, en jaune et bleu", répète Nina à l'envi. Dès son arrivée à Metz, elle a été marqué par cette relation particulière que les joueurs tissent avec leur public: "5.000 personnes dans les Arènes tous les week-ends. Vous allez acheter votre baguette la boulangère vous dit "bravo, vous avez gagné", ou qui ne veut pas vous donner votre pain parce que vous avez fait une contre-performance", rigole Nina Kanto.
Devenue directrice du centre de formation de Metz Handball, elle incarne aujourd'hui des valeurs qu'elle prône: l'exigence, le travail, le dépassement de soi, l'humilité, le respect et... la proximité avec le public. "Ce que j 'aime, c'est qu'on a des grandes ambitions, mais par contre, on reste un club très familial", assure-t-elle.
"C'est une grande famille et c'est pour ça que ça marche", explique celui qui joue le rôle du "père" depuis vingt ans. "Et je dis toujours que chacun dans ce club doit se comporter comme s'il en était le président", pose le Dr Weizman.
Pas que des époques formidables
À 60 ans, Metz Handball "se porte comme un jeune qui est au sommet de son art", estime Thierry Weizman, président depuis... 20 ans. Passé en société, le club jouit aujourd'hui d'une belle stabilité. Aux Arènes, Emmanuel Mayonnade entraîne l'équipe professionnelle depuis... dix ans.

Élu meilleur entraîneur mondial d'une équipe féminine en 2019, Emmanuel Mayonnade dirige l'effectif professionnel féminin depuis dix ans. / © Maurice Fick / RTL
Mais les époques n'ont pas toujours été aussi formidables. De l'AS Police à L'ASPTT Metz, en passant par Handball Metz Moselle Lorraine, le club est devenu Metz Handball quand le professionnalisme est arrivé. Le premier titre de Champion de France des filles a été décroché en 1989.
On ne peut évoquer son histoire sans parler du gros "passage à vide" de 2005. Le club avait alors perdu 1,4 millions d'euros et se trouvait au bord de la faillite. C'est le Dr weizman nommé "président pour huit jours" qui devait mettre le club en dépôt de bilan. Il est finalement resté à la barre et dépose chaque année un bilan d'une autre saveur.
"Financièrement, c'est toujours compliqué", reconnaît-il volontiers en expliquant que le budget de son club est "de moitié de celui de notre concurrent principal, Brest". Économiquement la période est "un peu complexe" aussi bien pour avoir le soutien des collectivités que des partenaires privés. Le budget avoisine les 4 millions d 'euros, issus à la louche pour un tiers des collectivités (Ville, Département, Région), un tiers de partenariats privés et un tiers des abonnements.
En revanche, la bonne nouvelle, c'est que l'engouement et le nombre de spectateurs vont "croissants". C'est même du jamais vu dans l'histoire du club. La proximité et la performance font recette. L'affluence moyenne est de "3.500 à 4.000 spectateurs en championnat et 5.000 en Coupe d 'Europe pour des places qui vont de 13 -14 euros à 160 euros quand il y a un repas compris", lâche le président.
Une pépinière de têtes bien sur les épaules
En voyant les prouesses de ses aînés, la jeune génération a envie de les imiter. "Cette culture de la gagne, cette ADN du travail, c'est quelque chose qui est facilement palpable et qu'on arrive à transmettre, à retranscrire dans les plus jeunes catégories", explique Nina Kanto, en livrant une recette du club.
Aujourd'hui 91 % des filles qui signent une convention avec le centre de formation de Metz, "signent un contrat professionnel à la sortie.Ce sont des résultats qu'aucun autre centre n'atteint". Les formateurs accompagnent les futures pointures en créant "un écosystème de performance qui va permettre aux joueuses de se développer leurs savoir-être, savoir-vivre et savoir-faire. Pour nous, c'est fondamental. Il s'agit d'être une belle joueuse et une belle personne aussi".

© Antoine Massinon / A2M Sport Consulting / DPPI via AFP
Une philosophie que les éducateurs du club essayent de mettre en place dès les plus jeunes catégories. En laissant une bonne place au loisir tout en tendant vers la performance, ils détectent rapidement les futurs potentiels, c'est-à-dire "ceux qui ont vraiment une appétence à aller chercher des challenges à très haut niveau. Dans ce cas -là, on essaie de les nourrir avec un système de passerelles pour les surclasser et leur proposer un contexte d'entraînement qui peut les aider à réaliser leur rêve", explique Nina Kanto.
Bientôt le retour des garçons ?
Metz Handball compte plus de licenciées filles que de garçons, c'est sa particularité. Elle s'explique en grande partie par le palmarès phénoménal accumulé en vingt ans par les Dragonnes.
"Mais dans les années 1980, c'était exactement le contraire", ce sont "les garçons qui étaient très brillants", rappelle le président, avant de lâcher "ça changera peut-être dans les années 2030 ou 2040".
Une certitude, "le club ne pourrait pas se permettre d'avoir deux équipes au plus haut niveau. On n 'a pas les moyens. La Ville ne subventionnerait pas plus, le Département et la Région n'ont plus. Et les spectateurs feraient un choix. Les partenaires aussi. C'est la limite du système: l'argent".
Le changement pourrait venir du niveau de jeu: "Si le niveau des femmes devait baisser et celui des hommes nous dépasser, on changerait peut-être notre fusil d'épaule". Ce n'est pas pour tout de suite. Mais une génération prometteuse pourrait être en chemin. Chez l'élite des garçons de moins de 18 ans, s'annonce également une belle fin de saison.