Altercation Trump-Zelensky"Une nouvelle ère d'infamie a commencé", dit Berlin

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La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a appelé les Européens à s'engager plus fermement que jamais auprès de l'Ukraine estimant que le virulent accrochage entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky témoignait d'une "nouvelle ère d'infamie".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky quitte la Maison Blanche après son altercation avec Donald Trump, le 28 février 2025
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky quitte la Maison Blanche après son altercation avec Donald Trump, le 28 février 2025
© AFP

Hier soir, nous l’avons bien compris, une nouvelle ère d’infamie a commencé. Une ère d’infamie dans laquelle nous devons plus que jamais défendre l’ordre international fondé sur des règles et la force du droit contre la loi du plus fort. Sinon, aucun pays libre ayant un voisin plus puissant ne pourra plus dormir tranquille”, a déclaré la ministre allemande lors d’une allocution télévisée.

Échec pour la Russie

La Russie a affirmé samedi que la visite de Volodymyr Zelensky à Washington a été un “échec complet” après son altercation avec Donald Trump, et a accusé le dirigeant ukrainien d’être “obsédé par la poursuite de la guerre” avec Moscou.

La visite “est un échec politique et diplomatique complet du régime de Kiev”, a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, accusant M. Zelensky d’être “incapable de faire preuve de sens des responsabilités” et de “refuser la paix”.

La Russie a affirmé que ses objectifs en Ukraine, qui passent par l’annexion des territoires occupés et la “démilitarisation” du pays, restaient “inchangés”, au lendemain d’une visite catastrophique du président ukrainien Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis.

Les objectifs de la Russie restent inchangés et sont la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine, ainsi que la reconnaissance des réalités existantes sur le terrain”, a indiqué la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, dans un communiqué.

L’Europe soutient l’Ukraine

Les alliés européens de l’Ukraine, qui se réunissent dimanche à Londres, font bloc derrière le président Volodymyr Zelensky, chassé de la Maison Blanche par un Donald Trump furieux qui a menacé de le “laisser tomber” s’il ne faisait pas la paix avec la Russie.

Abasourdis par la spectaculaire altercation vendredi dans le Bureau ovale, qui a entraîné le départ prématuré de M. Zelensky de la Maison Blanche sans signer l’accord sur les minerais pour lequel il était venu, la plupart des dirigeants européens se sont empressés de défendre le président ukrainien.

Une quinzaine d’entre eux doivent se retrouver à Londres dimanche pour un sommet consacré à la sécurité européenne et à l’Ukraine. Lors d’une conversation avec M. Zelensky, invité à cette réunion, le Premier ministre britannique Keir Starmer l’a assuré de son “soutien indéfectible”.

D’après Downing Street, le sommet de Londres s’inscrit “dans la continuité” de celui qui s’est tenu à Paris mi-février, et se concentrera sur “le renforcement de la position de l’Ukraine aujourd’hui, y compris un soutien militaire continu et une pression économique accrue sur la Russie”.

Les participants discuteront également de “la nécessité pour l’Europe de jouer son rôle en matière de défense”, face au risque de retrait du parapluie militaire et nucléaire américain.

Le président français Emmanuel Macron s’est dit prêt à “ouvrir la discussion” sur une éventuelle future dissuasion nucléaire européenne, après une demande en ce sens du futur chancelier allemand Friedrich Merz.

Dissuasion nucléaire européenne

M. Merz juge nécessaire que l’Europe se prépare “au pire scénario” d’une Otan lâchée par Washington. Il souhaite une discussion “sur la question de savoir si nous ne pourrions pas bénéficier du partage nucléaire, au moins de la sécurité nucléaire” que la France et le Royaume-Uni, dotés de l’arme atomique, pourraient apporter.

Dans le centre de Kiev, le 27 février 2025
Dans le centre de Kiev, le 27 février 2025
© AFP

L’Ukraine et l’Europe suivent avec inquiétude le rapprochement entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, qui se sont longuement parlé le 12 février. Moscou et Washington ont lancé, sans inviter l’Ukraine ni les Européens, des négociations bilatérales pour mettre fin à la guerre, dont le président américain refuse de considérer Moscou comme responsable.

Des craintes qui ne sont pas près de s’apaiser après l’altercation hallucinante de vendredi dans le Bureau ovale, devant les caméras du monde entier.

Pendant de longues minutes, Donald Trump a reproché à Volodymyr Zelensky de “s’être mis en très mauvaise posture” et lui a lancé qu’il “n’avait pas les cartes en main”. “Vous jouez avec la vie de millions de personnes. Vous jouez avec la troisième guerre mondiale”, a-t-il lâché.

Il l’a également menacé: “Concluez un accord ou nous vous laissons tomber”.

Visiblement pris de court, le président ukrainien ne s’est pas démonté. “Avez-vous déjà été en Ukraine pour voir nos problèmes?”, a-t-il lancé au vice-président JD Vance, qui venait de lui dire qu’il était “irrespectueux” de sa part de débattre dans le Bureau ovale devant les médias.

Chassé par Trump

M. Trump a ensuite demandé à M. Zelensky de partir, annulant la conférence de presse conjointe et le déjeuner de travail initialement prévus. “Il pourra revenir quand il sera prêt à la paix”, a-t-il écrit plus tard sur son réseau Truth Social. Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a enjoint le dirigeant ukrainien à “s’excuser de nous avoir fait perdre notre temps pour une réunion qui allait se terminer de la sorte”.

Altercation entre le président américain Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le 28 février 2025
Altercation entre le président américain Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le 28 février 2025
© AFP

Interrogé ensuite par Fox News, le président ukrainien a souhaité pouvoir réparer sa relation avec M. Trump. Mais il sera “difficile” pour l’Ukraine de gagner la guerre sans l’aide des Etats-Unis, a-t-il ajouté.

La Russie a applaudi l’épisode. “Historique”, a réagi Kirill Dmitriev, le patron du Fonds russe d’investissement direct et un des négociateurs dans les pourparlers russo-américains. “Le porc insolent a finalement reçu une bonne correction dans le Bureau ovale”, s’est réjoui l’ex-président Dmitri Medvedev, actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe.

Les dirigeants européens invités au sommet de Londres ont vite assuré M. Zelensky de leur soutien après son mauvais moment à la Maison Blanche.

Chers amis ukrainiens, vous n’êtes pas seuls”, a ainsi écrit sur les réseaux sociaux le Premier ministre polonais Donald Tusk. “Une Suède unie est derrière nos amis en Ukraine”, a écrit le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, terminant par un “Slava Ukraini!” (“Gloire à l’Ukraine!”).

A Washington, en refusant de plier, Volodymyr Zelensky était l’honneur de l’Europe”, a écrit pour sa part sur X le Premier ministre français, François Bayrou. “Il nous reste à décider ce que nous, Européens, voulons être. Et si nous voulons être, tout court”.

Aujourd’hui, il est devenu clair que le monde libre a besoin d’un nouveau leader. C’est à nous, Européens, de relever ce défi”, a exhorté la cheffe de la diplomatie de l’UE Kaja Kallas.

A Kiev, des Ukrainiens interrogés par l’AFP ont dans l’ensemble salué la détermination de leur président. “Je pense qu’il a pleinement défendu nos intérêts. Il ne nous a pas laissés tomber”, a souligné Roman Shkanov, 32 ans, propriétaire d’une société informatique.

Mais Anna Platchkova, une médecin de 26 ans, s’inquiète des conséquences pour l’avenir. “Le soutien américain est très important, car c’est de l’argent, et pour nous, c’est très important (...) Donc, malheureusement, je ne pense pas que ce soit positif pour nous”.

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