Droits de douaneTrump provoque un "lundi noir" sur l'économie, le pétrole est au plus bas

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Donald Trump est resté inflexible dimanche sur les droits de douane imposés au reste du monde malgré un nouveau coup de tabac sur les marchés, son administration soulignant que plus de 50 pays avaient pris contact avec la Maison Blanche pour négocier.
Le président américain Donald Trump à bord de l'avion Air Force One, le 6 avril 2025
Le président américain Donald Trump à bord de l’avion Air Force One, le 6 avril 2025
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Les marchés mondiaux sont à nouveau violemment secoués lundi par la guerre commerciale lancée par Donald Trump, inflexible, et les représailles chinoises annoncées, qui font craindre de lourdes conséquences pour l’économie mondiale.

Après deux séances dans le rouge jeudi et vendredi, les Bourses européennes connaissent un séisme “historique” selon les analystes: l’indice phare allemand, le DAX, dévisse de plus de 5%, autant que le CAC 40 à Paris.

De Tokyo à Shanghai en passant par Séoul et Taipei, les principaux indices asiatiques, en partie fermés vendredi, ont connu un lundi noir. À Hong Kong, l’indice Hang Seng s’est effondré de plus de 13% - sa pire séance depuis 1997 - alors que Wall Street avait signé vendredi sa pire journée depuis 2020.

Interrogé sur la dégringolade des marchés, qui redoutent une escalade commerciale destructrice pour l’économie, Donald Trump est resté inflexible: “Il faut parfois prendre un traitement pour se soigner”, a-t-il déclaré.

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Le pétrole historiquement peu cher

Vers 08H30, le baril de pétrole américain WTI lâchait 4% à 59,51 dollars. Il est descendu sous 60 dollars pour la première fois depuis avril 2021. Il a perdu plus de 16% depuis mercredi. Le baril de Brent de la mer du Nord cédait 3,84% à 63,04 dollars. Une baisse de prix des carburants a d’ailleurs été entamée la semaine passée au Luxembourg.

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“Le moral du marché s’est effondré face aux craintes croissantes que la guerre commerciale n’entraîne une récession de l’économie mondiale et un ralentissement de la demande pétrolière”, observe Giovanni Staunovo, analyste de UBS.

Les pays producteurs de l’Opep+ ont par ailleurs indiqué qu’ils annulaient leurs réductions de production prévues pour mai.

50 pays veulent “négocier” avec les États-Unis

“Plus de 50 pays ont approché le gouvernement au sujet d’une réduction de leurs barrières douanières, de leurs droits de douane et l’arrêt de leur manipulation de changes”, a déclaré le ministre des Finances Scott Bessent sur la chaîne NBC.

Le président républicain, dont les annonces ont fait plonger les marchés et déclenché un branle-bas de combat dans le reste de la planète, reproche aux partenaires économiques des Etats-Unis de les “piller”.

En conséquence, il a décidé d’imposer un taux universel de 10% de taxe douanière sur tous les produits importés aux Etats-Unis, entré en vigueur samedi.

Il va être relevé, dès mercredi, pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l’Union européenne (20%) et la Chine (34%).

Nous avons des déficits commerciaux massifs avec la Chine, l’Union européenne et beaucoup d’autres

“Nous avons des déficits commerciaux massifs avec la Chine, l’Union européenne et beaucoup d’autres”, a écrit dimanche Donald Trump sur son réseau Truth Social. “La seule manière de régler ce problème, ce sont les droits de douane, qui vont rapporter des dizaines de milliards de dollars aux États-Unis”, a-t-il ajouté. “C’est magnifique.”

“Nous allons voir si ce qu’ils ont à proposer est crédible”, a expliqué Scott Bessent au sujet des partenaires commerciaux des Etats-Unis, “parce qu’après, 20, 30, 40, 50 ans de mauvais comportements, on ne peut pas repartir de zéro”.

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La Chine a immédiatement répliqué aux nouvelles taxes américaines et annoncé vendredi ses propres droits de douane.

Les dirigeants européens ont eux multiplié les contacts au cours du week-end avant une réunion lundi à Luxembourg des ministres du Commerce extérieur de l’UE pour préparer “la réponse européenne aux États-Unis”.

“Le monde tel qu’on le connaissait a disparu”, a résumé le Premier ministre britannique Keir Starmer au sujet de cette remise en cause de l’ordre mondial du commerce.

“Traitement pour se soigner”

La Bourse de New York, avec un écran montrant des indices et valeurs, le 4 avril 2025
La Bourse de New York, avec un écran montrant des indices et valeurs, le 4 avril 2025
© AFP/Archives

Interrogé sur la réaction violente des Bourses, Donald Trump a fait valoir dimanche, à bord de l’avion présidentiel Air Force One, qu’il "(fallait) parfois prendre un traitement pour se soigner”.

Dimanche soir, les contrats à terme, produits financiers utilisés pour prédire l’orientation des marchés, laissaient présager d’une nouvelle chute de Wall Street lundi, après deux premiers plongeons jeudi et vendredi.

“On ne peut perdre de l’argent que si on vend. Et actuellement, la stratégie intelligente c’est de ne pas paniquer, a lancé sur Fox News Peter Navarro, conseiller au commerce du milliardaire républicain.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit rencontrer lundi Donald Trump à Washington pour évoquer entre autres la nouvelle taxe douanière de 17% que les Etats-Unis prévoient d’infliger à Israël.

De son côté, le plus haut dirigeant vietnamien, le secrétaire général du parti communiste To Lam, a demandé un délai d’“au moins 45 jours” avant l’entrée en vigueur de droits de douane de 46% sur la production vietnamienne exportée aux États-Unis. Ce report laisserait le temps, selon lui, aux deux pays de “parvenir à un accord le plus rapidement possible”.

Ce n’est pas le genre de chose que vous pouvez négocier en quelques jours ou quelques semaines

“Ce n’est pas le genre de chose que vous pouvez négocier en quelques jours ou quelques semaines”, a prévenu pour sa part Scott Bessent, laissant entendre que ces taxes pourraient rester en vigueur plusieurs mois au moins.

Les pays qui ont proposé d’ouvrir des discussions “le font parce qu’ils comprennent qu’ils vont subir une bonne partie de ces droits de douane”, a jugé le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett.

Il s’opposait ainsi à la thèse selon laquelle ces nouvelles taxes allaient surtout pénaliser l’économie américaine, même s’il a concédé qu’il pourrait “y avoir des hausses de prix”. “Je ne pense pas qu’on va voir un effet majeur sur les consommateurs aux États-Unis”, a-t-il insisté.

La plupart des économistes s’attendent pourtant à ce que les nouveaux droits sur les produits importés aux États-Unis provoquent une accélération de l’inflation et freinent la consommation.

Comme on lui demandait pourquoi la Russie ne figurait pas sur la liste des pays taxés, le conseiller économique a mis en avant les négociations en cours avec Moscou et Kiev sur la guerre en Ukraine.

“Je pense que le président a pris la décision de ne pas mélanger les deux questions”, a-t-il déclaré.

La Maison Blanche avait expliqué mercredi que des pays comme la Corée du Nord ou la Russie n’étaient pas concernés car ils font l’objet de sanctions américaines, ce qui bloque déjà tout commerce significatif.

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