"Effacement civilisationnel"Trump place l'Europe face à son destin

AFP
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Dans sa nouvelle Stratégie de sécurité nationale, publiée en pleine nuit vendredi, le président américain se livre comme jamais à une attaque en règle contre les Européens, menacés selon lui d'un "effacement civilisationnel" dû notamment à l'immigration.
© ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Ce document, dont la publication était très attendue, couche sur le papier l’offensive lancée par Washington depuis des mois contre le Vieux continent, accusé d’avoir abusé pendant trop longtemps de la générosité des Etats-Unis et de ne pas prendre son destin en main en changeant de trajectoire.

La nouvelle stratégie, qui se démarque ainsi radicalement du précédent gouvernement américain, cible pèle-mèle les instances européennesqui sapent la liberté politique et la souveraineté”, les politiques migratoires, “la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique, l’effondrement des taux de natalité et la perte des identités nationales et de la confiance en soi” en Europe.

Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable d’ici 20 ans, voire moins”, dit le texte qui doute “dans ces conditions” que certains pays “pourront rester des alliés fiables”.

Et, est-il ajouté, le “désir” de paix d’une grande majorité des Européens, “ne se traduit pas dans les politiques menées, en grande partie à cause de la subversion des processus démocratiques par ces gouvernements”.

Les réactions n’ont pas tardé

En Europe, les réactions ne se sont pas fait attendre, le chef de la diplomatie allemande, Johann Wadephul, disant que l’Allemagne n’avait pas besoin de “conseils venant de l’extérieur”.

Ce texte est “inacceptable et dangereux”, a pour sa part jugé sur X l’eurodéputée française Valérie Hayer, présidente du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen.

Pour Evan Feigenbaum, ancien conseiller de deux secrétaires d’Etat américains et expert de l’Asie, il ne fait aucun doute que “la section consacrée à l’Europe est de loin la plus frappante, bien plus que celles consacrées à la Chine et à l’Asie”.

Et “elle semble intrinsèquement plus conflictuelle en opposant clairement les Etats-Unis à l’ensemble du projet européen”, écrit-il sur le réseau X.

“Attaques politiques”

Dès février dernier, le vice-président américain, JD Vance, avait consterné les Allemands et, plus généralement, les Européens, lors d’un discours à Munich dans lequel il avait affirmé que la liberté d’expression “reculait” sur le continent. Il avait alors épousé les vues des partis d’extrême droite comme l’AfD, en Allemagne. Le Premier ministre luxembourgeois, Luc Frieden avait alors parlé dune “douche froide.

La nouvelle stratégie américaine, qui parle de restaurer la primauté de l’Etat-nation, s’inscrit dans cette logique.

Au fond, “ce que l’administration Trump laisse entendre à travers cette stratégie de sécurité nationale, c’est qu’elle souhaite voir une Europe complètement différente”, dit à l’AFP Kristine Berzina, du German Marshall Fund, un cercle de réflexion transatlantique.

Mais, ajoute-t-elle, en remettant en question la légitimité des gouvernements européens, “il s’agit là d’attaques politiques significatives contre les alliés européens” alors même que l’administration Trump prétend vouloir renforcer la sécurité européenne en pleine guerre en Ukraine.

La partie sur la liberté d’expression est emblématique.

L’administration Trump y dénonce la “censure” et “la répression de l’opposition politique” en Europe, faisant allusion aux efforts visant à contenir la montée de l’extrême droite dans certains pays.

Vendredi encore, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a fustigé l’amende de 120 millions d’euros infligée par l’UE à X, le réseau social d’Elon Musk, parlant d’une “attaque contre le peuple américain”.

Cela fait des mois que les responsables américains mettent en avant la “détérioration” des droits humains en Europe, notamment en Allemagne, au Royaume-Uni ou en France.

La nouvelle stratégie américaine ne désigne pas nommément des mouvements ou partis politiques, mais elle fait part clairement de la volonté de l’administration Trump de voir ses politiques mises en oeuvre en Europe notamment en matière d’immigration.

A cet égard, Donald Trump ne fait pas mystère de ses affinités avec son “ami”, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, hostile à l’immigration et aux droits des personnes LGBT+.

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