“Mon kibboutz, c’était un peu le paradis”, dit Rita Lifshitz, venue de Suède pour vivre en Isräel il y a de nombreuses années. Le 7 octobre dernier, sa vie, comme celle de millions de personnes dans la région, a été complètement bouleversée. Son kibboutz, proche de la frontière avec la bande de Gaza, a été presque totalement détruit.
De nombreux habitants ont été enlevés et maltraités par le Hamas, on est toujours sans nouvelle d’une partie d’entre eux encore aujourd’hui. Le beau-père de Rita en fait partie: “Cette horreur s’est développée à cause de nous, nous n’avons pas prêté attention, nous avons fermé les yeux, le monde entier a fermé les yeux”, dit-elle en s’adressant à Xavier Bettel qui est assis face à elle. Malgré tout ce qui s’est passé, sa communauté souhaite la paix et une solution à deux États: “chacun de nous est responsable de prodiguer l’éducation nécessaire pour y parvenir”.
Cette horreur s’est produite il y a un an et pratiquement quatre semaines. Maintenant, elle se trouve dans une petite salle de conférence d’un hôtel et raconte son histoire durant la première réunion de la visite de travail du ministre luxembourgeois des Affaires étrangères en Israël qui s’est tenue mercredi.
Depuis le 7 octobre 2023, la région est régulièrement secouée par les conflits. Afin de mieux cerner les deux côtés de la frontière, Xavier Bettel a prévu le même jour des réunions avec les représentants des gouvernements israéliens et palestiniens. Un programme compliqué à mettre en œuvre car la tension est palpable, partout. Des conférences de presse prévues ont finalement été annulées, notamment après l’entrevue de Xavier Bettel avec son homologue israélien Israel Katz ou avec le président de la Knesset Amir Ohana.
La presse sur place est briefée par Xavier Bettel en personne: “on me dit toujours que je suis trop sincère, mais la relation de confiance est bien établie. J’ai demandé un cessez-le-feu à Israël, on m’a fait comprendre que cela pourrait être rapidement le cas au Liban, ce qui est un signe positif”. Dans trois mois, l’interdiction de l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine, devrait entrer en vigueur. Si aucune alternative n’est proposée d’ici là, Xavier Bettel a clairement dit au président de la Knesset qu’ils seraient les seuls responsables si, en plus des bombes, des civils meurent de faim.
En début d’après-midi, la délégation s’est rendue en Cisjordanie. Changement de véhicules et de chauffeurs, des voitures, blindées pour la plupart, traversent plusieurs contrôles avant d’arriver à Ramallah. Xavier Bettel se transforme à nouveau en rapporteur de la réunion à la presse: “j’ai demandé au gouvernement palestinien de s’engager davantage dans la libération des otages israéliens. Les Palestiniens souhaitent l’arrêt du blocage des transactions financières orchestré par Israël”.
Pas de temps à perdre, après une heure, le prochain rendez-vous est extrêmement symbolique: les bureaux de l’UNRWA où 800 élèves sont scolarisés. Le Luxembourg soutient cette structure de l’ONU à hauteur de cinq millions d’euros par an.
En cette année plutôt particulière, 7,2 millions ont déjà été actés.
La moitié de la population de la bande de Gaza, soit 2,2 millions de personnes, dépendent de l’aide de l’UNRWA pour survivre. “Les gens ici sont désespérés, l’UNRWA est le seul pilier plus ou moins intact dans leur vie”, indique un collaborateur de la structure. Pour Ben Majekodunmi, l’interdiction de l’UNRWA ordonnée par Israël est une attaque directe de l’aide humanitaire.
Lors de sa visite, Xavier Bettel n’a pas hésité à confronter les responsables face aux reproches d’Israël, comme quoi des terroristes se cacheraient dans ces écoles, ce à quoi ils ont expliqué que les enseignants suivent des formations en permanence pour remettre les choses dans leur contexte.
Toujours en Cisjordanie, le prochain arrêt de la délégation se trouve à Umm Safa, là où attendent des représentants de l’organisation PARC (Palestinian Agricultural Relief Committee), également soutenue par le Luxembourg. L’ONG vient en aide aux agriculteurs afin de les soutenir dans leur travail, car Israël ne leur facilite pas la vie: des routes sont fermées, des machines sont détruites...
Après les visites officielles, retour à Jérusalem avant de quitter la région. Vue d’en haut, elle paraît paisible, mais sur le terrain, tout est différent. Pour la première fois, Xavier Bettel parle d’un sentiment d’espoir: “je quitte Israël en pensant réellement qu’un cessez-le-feu est possible, pas aujourd’hui, pas demain, mais dans un futur proche. Il y a de l’espoir qu’une solution pacifique puisse encore être proposée”.