Lorsque son jet privé s’est posé sur la piste de l’aéroport de Figari (Corse-du-Sud), le 12 août dernier, une femme de 39 ans arrivée d’Italie a été fraîchement accueillie. La police l’attendait de pied ferme, raconte France Info.
Elle était en effet recherchée depuis des semaines après que Kiabi ait déposé plainte. L’enseigne de vêtement “à petits prix” s’est aperçu que 100 millions d’euros avaient disparu de ses caisses. Les enquêteurs sont vite remontés jusqu’à une suspecte, une ancienne trésorière de l’entreprise qui a quitté l’Hexagone pour s’installer en Floride et y travailler dans le domaine du luxe.
France Info explique qu’en juillet 2023, “la trésorière fait ouvrir un compte dans une banque à l’étranger – en Europe – pour y placer des fonds de l’entreprise. Le virement part : 100 millions d’euros, tout rond”.
Lorsque Kiabi se rapproche de la banque cet été pour récupérer le placement ainsi que les intérêts qu’il aurait dû générer, la surprise est de taille : l’argent s’est volatilisé. Entre-temps, l’ex-trésorière s’est installée à Miami. Elle y travaille dans le design pour un groupe spécialisé dans le luxe. Parmi ses réalisations, l’aménagement du hangar du jet privé d’un célèbre DJ américain.
Kiabi dépose plainte et le parquet de Paris ouvre une enquête. Les premiers éléments laissent à penser que l’ancienne trésorière a ouvert le compte en banque en usurpant l’identité d’un haut responsable de la société.
Les enquêteurs sont aidés par le comportement peu prudent de la suspecte. Elle se met en scène sur les réseaux sociaux, une aubaine pour les enquêteurs qui s’aperçoivent qu’elle se trouve en Europe, sur l’île grecque de Mykonos lors d’une fête somptueuse, puis sur la côte Amalfitaine en Italie.
La suspecte aux racines napolitaines et corses va même jusqu’à prendre un jet privé pour se poser en Corse. C’est là qu’elle est donc cueillie par la police, qui découvre dans ses bagages plus de 500.000 euros de bijoux et d’affaires de luxe.
Elle a été ramenée à Paris, où un juge d’instruction l’a mise en examen pour “escroquerie et blanchiment en bande organisée”. Car les enquêteurs n’imaginent pas qu’elle ait pu agir seule. À l’issue de sa mise en examen, la suspecte a été placée en détention provisoire, et la justice s’attelle désormais à comprendre les mécanismes précis de cette escroquerie hors norme, “digne d’une série Netflix”.
Reste aussi à retrouver l’argent, qui représente environ 4% du chiffre d’affaires de Kiabi (2,2 milliards d’euros en 2023). Contactée par France Info, l’enseigne affirme que cela “ne remet en aucun cas en cause (sa) solidité financière”.
L’entreprise dit ignorer d’ailleurs que quelques semaines avant de virer les 100 millions d’euros, son ancienne trésorière avait été condamnée par le tribunal correctionnel de Paris à deux ans de prison avec sursis pour une escroquerie au préjudice d’une autre entreprise, cette fois à près de 800 000 euros.
