BélarusLe prix Nobel de la paix Bialiatski et l'opposante Kolesnikova libérés

RTL Infos avec AFP
Le Bélarus a libéré samedi le militant Ales Bialiatski, colauréat du prix Nobel de la paix 2022, et l'opposante Maria Kolesnikova, a annoncé l'ONG de défense des droits humains Viasna, après des pourparlers entre Minsk et Washington.
Maria Kalesnikava, en 2020
Maria Kolesnikova, en 2020
© SERGEI GAPON/AFP

Ces deux figures de l’opposition, détenues depuis plus de quatre ans dans ce pays d’Europe orientale allié à la Russie, font partie d’un groupe de 123 personnes, dont la libération a été annoncée par Minsk.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a gracié “123 citoyens de différents pays”, a indiqué sur Telegram le compte Poul Pervogo, affilié à la présidence, sans fournir leurs noms. Le compte précise que ces libérations s’inscrivent dans le cadre “d’accords conclus” avec Donald Trump impliquant notamment la levée par Washington, annoncée plus tôt samedi, de sanctions économiques américaines contre Minsk.

Parmi les personnes libérées figurent également d’autres militants des droits humains et journalistes, ainsi que Viktor Babariko, un ancien banquier devenu opposant qui avait tenté, avant son arrestation, de se présenter contre Alexandre Loukachenko lors de l’élection présidentielle contestée d’août 2020. Lui et Maria Kolesnikova, qui était l’une de ses collaboratrices, se trouvent actuellement en Ukraine, a affirmé leur groupe de soutien sur Telegram.

L’ONG Viasna précise que 114 des personnes libérées ont été conduites en Ukraine, tandis qu’une autre partie est attendue à Vilnius, en Lituanie.

Prix Nobel en 2022

Agé de 63 ans, Ales Bialiatski a fondé en 1996 et animé pendant des années Viasna (“Printemps”), le principal groupe de défense des droits humains et source essentielle d’informations sur les répressions dans ce pays d’Europe orientale.

Ales Bialiatski en 2023
Ales Bialiatski en 2023
© VITALY PIVOVARCHIK/AFP

Musicienne de formation, Maria Kolesnikova, 43 ans, a pour sa part été l’une des meneuses des manifestations massives contre la réélection jugée frauduleuse d’Alexandre Loukachenko, en 2020.

Tous deux avaient été arrêtés lors de la répression brutale de ce mouvement de protestation et condamné à de lourdes peines de prison. En septembre 2020, Maria Kolesnikova avait été enlevée par les services de sécurité bélarusses et conduite à la frontière ukrainienne pour être expulsée du Bélarus.

Mais elle était parvenue à déchirer son passeport, ce qui avait rendu son expulsion légalement impossible et avait d’elle un symbole de la résistance anti-Loukachenko. Sa soeur, Tatiana Khomitch, a pu lui parler au téléphone. “Elle a remercié les Etats-Unis et les efforts du président Trump”, a affirmé Mme Khomitch à l’AFP.

Alors qu’il était en détention, le travail d’Ales Bialiatski lui avait pour sa part valu en 2022 le prix Nobel de la Paix, partagé avec l’ONG Memorial (Russie) et le Centre pour les libertés civiles (Ukraine). “Je lui ai parlé, il est en route pour la Lituanie, il se sent bien”, a déclaré à l’AFP son épouse, Natalia Pintchouk.

Pourparlers avec Washington

Ces libérations font suite à l’annonce par un émissaire américain, John Coale, en visite au Bélarus, de la levée des sanctions des Etats-Unis sur le potassium, un composant utilisé pour la fabrication d’engrais et dont le Bélarus est un grand producteur.

Ces derniers mois, Donald Trump a encouragé notamment le Bélarus à libérer les centaines de prisonniers politiques que compte le pays et le président bélarusse, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis plus de 30 ans, a gracié des dizaines de personnes. En échange, Washington avait déjà partiellement levé les sanctions contre la compagnie aérienne bélarusse Belavia, lui permettant d’entretenir et d’acheter des pièces pour sa flotte, qui comprend des Boeing.

L’émissaire américain John Coale a affirmé samedi que la proximité entre Alexandre Loukachenko et son homologue russe Vladimir Poutine pourrait être utile dans la difficile médiation américaine en cours pour tenter de mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou. M. Loukachenko “a une longue histoire avec le président Poutine et a la capacité de le conseiller. C’est très utile dans cette situation”, a déclaré M. Coale, cité par l’agence d’Etat bélarusse Belta.

Alexandre Loukachenko, 71 ans, a écrasé plusieurs mouvements de contestation, dont le plus important, en 2020 et 2021, l’avait sérieusement fragilisé, le poussant à appeler à l’aide Vladimir Poutine. Depuis, Minsk est beaucoup plus dépendant de la Russie, alors qu’auparavant Alexandre Loukachenko avait tenté de trouver un équilibre dans ses relations entre le Kremlin et l’Occident.

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