
Xavier Bettel est en visite de travail à Chypre ce mardi, l’occasion de se pencher sur cette île de la Méditerranée et son récent passé.
Avec ses 9.250m², elle est un tout peu plus grande que la Corse. Chypre, se trouve dans l’est de la Méditerranée, à 75km de la Turquie. 1,3 million de personnes y vivent sur deux parties bien distinctes: le sud et le nord. La partie sud compte 95% de Chypriotes Grecs, majoritairement des chrétiens orthodoxes. Au nord, 98% des habitants sont Chypriotes Turcs et sont de de confession musulmane. Globalement, 70% des habitants sont des Chypriotes Grecs.
Après une longue occupation coloniale britannique, Chypre est devenue une république indépendante en 1960 et a rejoint l’ONU.
Avant l’indépendance, la Grande-Bretagne avait déjà soutenu les tensions entre les différents groupes ethniques. Les “Chypriotes-Grecs” souhaitaient bien avant l’occupation un rattachement à la Grèce alors que les “Chypriotes-Turcs” ont plutôt défendu le statu quo en soutenant une séparation.
En 1963, une sorte de guerre civile s’est installée sur l’île suite à l’élection du premier président du pays qui souhaitait limiter les droits des “Chypriotes-Turcs”. En 1964, un détachement des forces des Nations Unies est envoyé sur l’île afin de prévenir toute reprise des combats entre les communautés chypriote grecque et chypriote turque. Un contingent toujours présent sur place. Ces événements ont mené à la séparation que l’on connaît de nos jours.

Après plusieurs mouvements démographiques, la situation s’est enlisée et la république de Chypre est restée au sud alors que la république turque de Chypre du Nord n’est reconnue que par la Turquie. Une frontière longue de 180km marque la séparation entre les deux républiques avec une zone neutre qui mesure entre 3 mètres et 7 kilomètres par endroit. Cette zone est surveillée par les forces des Nations Unies. Même la capitale Nikosia est séparée par un mur, mais depuis 2003, les habitants ainsi que les touristes peuvent plus facilement traverser cette frontière.
Chypre a rejoint l’UE en 2004. Les règles européennes ne sont pas vraiment en vigueur dans la partie nord de l’île, même si tout le territoire fait partie de l’Union. Un embargo commercial doit être respecté puisque la république turque de Chypre du Nord n’est pas reconnue, toute les négociations commerciales se font donc avec la Turquie.
De nos jours, l’île est toujours divisée en deux parties territoriales et politiques, et une solution n’est clairement pas à l’ordre du jour. Il y a 20 ans, 76% des Chypriotes Grecs avaient voté contre une réunification alors que 65% des Chypriotes Turcs avaient voté pour.
L’île garde toute son importance géostratégique car elle forme le lien avec l’arrivée du gaz naturel en Méditerranée et elle reste proche du Proche-Orient.
L’intervention des Casques Bleus sur place est la troisième plus longue de l’ONU après la mission de surveillance entre Israël et la Palestine ainsi qu’entre l’Inde et le Pakistan. Il s’agit en outre du plus ancien conflit en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Après des visites en janvier, en mai et en juillet, le ministre des Affaires étrangères se rend à nouveau en Israël et en Palestine jusqu’à jeudi.
Dans l’avion vers Chypre, Xavier Bettel a déclaré: “je vais être honnête avec vous. Je n’ai jamais pris l’avion plein d’espoir en me disant qu’en rentrant de ce voyage, on allait trouver une solution. C’est d’abord le gouvernement israélien qui doit le vouloir et soutenir le gouvernement palestinien afin que le Hamas et le Hezbollah ne soient plus une menace pour Israël”.

Durant sa visite, il rencontrera des représentants des gouvernements, mais aussi des ONG. Il discutera également avec des anciens otages de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. “Tout n’est pas noir et blanc, c’est une situation extrêmement compliquée et il faut absolument rester dans le dialogue”, a insité Xavier Bettel.