L'enfer à Gaza"La plupart des victimes sont des femmes et des enfants"

Gaël Arellano
Les bombes continuent à pleuvoir sur Gaza alors qu'Israël maintient son blocus sur l'aide humanitaire depuis plus de 50 jours. Le conflit qui a déjà fait plus de 51.000 morts risque de prendre un nouveau tournant dramatique. Interview avec la coordinatrice d'urgence de MSF, Amande Bazerolle, actuellement déployée à Gaza.
Reportage sur la situation à Gaza
Interview avec la coordinatrice d’urgence de MSF à Gaza.
Journaliste: Gaël Arellano
Montage: Christophe Wantz

Depuis la reprise des hostilités au début du mois de mars, les frappes israéliennes se sont intensifiées à Gaza. “La première phase a été extrêmement violente”, témoigne Amande Bazerolle, coordinatrice d’urgence de Médecins Sans Frontières sur place. “En plus des bombes, le gros problème aujourd’hui c’est ce blocus qui empêche l’aide humanitaire d’entrer”, se lamente-t-elle. En effet, cela fait maintenant plus de 50 jours qu’Israël bloque les camions d’aide humanitaire destinés aux 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza.

Les stocks de nourriture, de médicaments et de carburant sont désormais presque épuisés et avec eux, c’est toute la réponse humanitaire qui risque de s’effondrer. “On dépend tous de ce carburant, il n’y a pas d’autre moyen de créer de l’électricité à Gaza”, explique la représentante de MSF. Sans cela, les salles d’opération et les appareils qui maintiennent les blessés graves en vie ne peuvent plus fonctionner. Et ce n’est qu’une des nombreuses conséquences dramatiques que pourrait entraîner le blocus israélien.

Un Palestinien transporte une fillette blessée à l'hôpital al-Ahli à Gaza-ville, le 6 avril 2025
Un Palestinien transporte une fillette blessée à l’hôpital al-Ahli à Gaza-ville, le 6 avril 2025
© AFP

Il n’y a plus de nourriture”, affirme Amande Bazerolle qui s’inquiète de la famine qui se répand dans la bande de Gaza. Car il faut savoir qu’une grande partie de ses habitants dépendent de l’aide humanitaire pour se nourrir. La coordinatrice d’urgence de MSF l’estime à “trois quarts de la population” qui n’aura bientôt plus de quoi se nourrir. “Les enfants tombent dans la malnutrition et les mamans aussi parce qu’elles se privent pour laisser leurs enfants manger”, témoigne-t-elle. Cela devrait entraîner, selon elle, de nouvelles vagues de souffrants qui ne pourront pas être pris en charge au vu de la situation dans les hôpitaux, eux-mêmes ciblés à plusieurs reprises par des frappes.

-> À lire également: Médecins Sans Frontières: La bande de Gaza est devenue “une tombe à ciel ouvert”

Amande Bazerolle condamne la stratégie militaire d’Israël dont les victimes sont principalement des civils. “Cela fait 18 mois qu’ils bombardent et tuent des civils sans parvenir à débusquer leurs cibles”. Cela sans, à aucun moment, remettre en question ce type d’offensive. “Ils continuent à attaquer de la même manière”, fustige-t-elle. “Les morts sont majoritairement des femmes et des enfants, ce ne sont pas du tout les personnes que les Israéliens cherchent à cibler”, rappelle la coordinatrice de MSF sur place.

Pour mettre un terme à ce bain de sang, les ONG actives dans la bande de Gaza exigent un cessez-le-feu ainsi que la levée immédiate du blocus sur l’aide humanitaire. Car à ce jour, c’est principalement le peuple palestinien qui paie le tribut d’un conflit déclenché par l’attaque du Hamas sur le territoire israélien au mois d’octobre 2023. “Que les responsables politiques trouvent une solution”, lance Amande Bazerolle. Sans cela, la situation deviendra catastrophique “d’ici peu” pour les centaines de milliers de civils piégés aujourd’hui dans l’enfer de Gaza.

Des tentes érigées près des décombres d'un bâtiment détruit dans le quartier de Nasr, dans l'ouest de la ville de Gaza, le 15 avril 2025
Des tentes érigées près des décombres d’un bâtiment détruit dans le quartier de Nasr, dans l’ouest de la ville de Gaza, le 15 avril 2025
© AFP

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