RTL aux USAEntre religions et communautés, l'énorme enjeu des "swing states"

Annick Goerens
Les nombreuses religions et communautés jouent un rôle important dans les élections aux États-Unis, surtout lorsque ces électeurs vivent dans l'un des swing states.
© Annick Goerens

Annick Goerens, journaliste RTL, est aux États-Unis afin de mieux comprendre les enjeux de ces prochaines présidentielles américaines.

Mardi, elle se trouvait dans l’Utah, l’un des états les plus républicains, selon une étude de 2015. Sur 18 présidentielles, l’Utah a voté rouge à 17 reprises. Et pour une raison très simple: les Mormons, ou plus précisément: la “Church of Jesus Christ of Latter-day Saints”, en français l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, représentent 42% des résidents de l’Utah. Particulièrement conservateurs, ils rejoignent plutôt les valeurs de Trump.

Après l’Utah, Annick Goerens s’est rendue en Arizona, non loin du Grand Canyon. Cet état est l’un des swing states les plus compliqués à conquérir avec un demi-million de Mormons sur environ 7 millions d’habitants. Trump avait remporté la course contre Hillary Clinton en 2016 avec 3,5% des voix. En 2020, il avait perdu contre Joe Biden avec un peu moins d'1% des votes. Les Mormons, de par leur passé de pionnier, ont du mal à accepter la politique migratoire très dure de Donald Trump, tout comme sa remise en question de la Constitution ou encore sa responsabilité dans l’attaque du Capitole en 2021.

Le choix de Kamala Harris, qui est en faveur du droit à l’avortement, est également problématique pour les Mormons.

Monument Valley - La patrie des Navajos

D’autres communautés pourraient également jouer un rôle déterminant dans ces élections. La Monument Valley est connue dans le monde entier pour ses paysages désertiques et ses imposantes formations rocheuses. De nombreux westerns y ont été tournés, d’ailleurs John Wayne vous passe le bonjour.

Mais ce qui nous intéresse ici, c’est le territoire des Navajos. Il s’agit de la deuxième plus grande communauté de “Native Americans” aux États-Unis qui compte 300.000 personnes. Les Navajos ont leurs propres lois, leurs propres tribunaux, leur propre police. Certaines attractions touristiques, comme le Antelope Canyon, ne peuvent être visitées qu’en compagnie d’un membre de leur communauté.

Les Navajos ont longtemps été réprimés en tant que peuple discrédité, et ils sont, de nos jours, encore largement sous-représentés. Mais ils constituent quand même 6% de la population dans le “Battleground State” Arizona. Et quand l’on sait qu'1% peut faire toute la différence dans ces swing states, on comprend très bien pourquoi les deux candidats font tout pour plaire à ces électeurs en particulier.

La guide Navajo de notre journaliste explique que son peuple vote généralement pour les démocrates, du moins ceux qui vont voter. Car de nombreux membres de la communauté vivent dans des cabanes en pleine nature, sans adresse. Et seuls les habitants possédant une adresse ont le droit de voter. Les Navajos qui votent sont donc plutôt pro-démocrates car le symbole de ce parti est un âne, alors que celui des républicains est un éléphant. Dans leur culture, l’âne représente la loyauté et la sécurité.

Quelle part de folklore ou de réalité se cache derrière ces croyances et ces valeurs ? Difficile à dire. Mais un autre point important chez les Navajos est qu’il s’agit d’une communauté matriarchale, c’est à dire que les femmes passent avant les hommes. Et c’est justement pour cette raison que les membres de cette communauté devraient clairement voter pour les démocrates, avec comme candidate une femme, mais surtout une femme noire qui représente les minorités.

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