La Chine à l'assaut du marché européenDes milliers de voitures électriques BYD débarquent en Allemagne

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Le premier cargo du constructeur automobile chinois BYD a déchargé lundi quelque 3.000 véhicules électriques dans le port allemand de Bremerhaven (Nord), ce qui signe le début de son offensive pour conquérir le marché européen.
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Au terme d’un voyage inaugural parti de Shenzhen, une ville portuaire du sud de la Chine, le navire “est arrivé dimanche sur le quai de Bremerhaven et son déchargement a démarré lundi” à 5h GMT, a indiqué à l’AFP une porte-parole du prestataire de services logistiques BLG, qui exploite un terminal automobile à Bremerhaven.

Les voitures électriques “doivent ensuite être livrées dans plusieurs pays d’Europe”, a-t-elle poursuivi.

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Ce navire dénommé “BYD Explorer n° 1” avait accosté auparavant à Vlissingen aux Pays-Bas. Il dispose d’une capacité de 7.000 véhicules et a été construit spécialement pour le géant chinois de la voiture électrique. BYD a commandé en tout huit navires alimentés comme le “BYD Explorer n° 1" au gaz naturel liquéfié, et prévoit de les utiliser pour transporter des voitures de la Chine notamment vers l’Europe, selon la presse allemande.

Ce qu’il faut savoir sur BYD

BYD (“Build Your Dreams”, construisez vos rêves) est le champion chinois de la voiture électrique et le premier fabricant mondial sur ce créneau. Le groupe a arrêté de produire des voitures à moteurs à combustion en 2022 pour se concentrer sur les modèles hybrides et électriques.

BYD a ravi à l’américain Tesla le titre de plus gros vendeur mondial de véhicules de ce type au quatrième trimestre 2023, signe du dynamisme des constructeurs chinois sur ce créneau.

L’entreprise a été fondée en 1995 à Shenzhen, une métropole du sud de la Chine où de nombreux groupes technologiques (Huawei, Tencent...) ont leur siège.

L’entreprise, d’abord spécialisée dans la conception et la fabrication de batteries, s’est diversifiée dans l’automobile à partir de 2003. L’étroite collaboration de BYD avec la ville de Shenzhen, où les bus publics ont basculé au tout-électrique dès 2017, a été un accélérateur.

Des voitures électriques de la marque chinoise BYD attendent d'être chargées sur des cargos au terminal international de Taicang dans le port de Suzhou, dans l'est de la Chine.
Des voitures électriques de la marque chinoise BYD attendent d’être chargées sur des cargos au terminal international de Taicang dans le port de Suzhou, dans l’est de la Chine.

La Chine “a pensé à l’électrification des transports publics bien avant tous les autres pays”, relève auprès de l’AFP l’analyste Tu Le, du cabinet spécialisé Sino Auto Insights, basé à Pékin. “BYD a pu apprendre” de cette expérience.

La marque fournit aujourd’hui en batteries les principaux constructeurs mondiaux, dont Tesla, BMW, Mercedes ou encore Audi. BYD est par ailleurs devenu l’an dernier le premier constructeur au monde à franchir le cap symbolique des 5 millions de véhicules électriques produits.

Une volonté de conquête généreusement subventionnée par la Chine

La Chine, principal producteur mondial de gaz à effet de serre en valeur absolue, a très tôt pris le virage de l’électrique.

De généreuses subventions à l’achat ont permis aux ventes de décoller, tandis que de nombreux constructeurs locaux innovants ont vu le jour pour accompagner cette transition sur le premier marché automobile mondial. Ce contexte a été plus que favorable à BYD.

Fin 2022, le gouvernement chinois chiffrait à plus de 200 milliards de yuans (26 milliards d’euros environ) les subventions et allègements fiscaux rien que pour l’achat de véhicules électriques. Ce soutien a donné aux entreprises chinoises un avantage certain par rapport à leurs concurrents étrangers.

L’Union européenne, qui s’inquiète pour ses constructeurs de la forte progression des marques chinoises sur son marché, a ouvert en septembre une enquête sur des soupçons de concurrence déloyale.

BYD, déjà connu en Europe pour ses bus électriques, a lancé en 2022 une offensive pour ses voitures lors du Mondial de l’Auto de Paris.

La marque a cessé cette même année sa production de voitures à essence et se concentre désormais uniquement sur les modèles hybrides et électriques.

Elle a annoncé en décembre dernier la construction de sa première usine européenne de voitures en Europe, en Hongrie. Le pays est en passe de devenir un producteur majeur de batteries pour véhicules électriques – le deuxième en Europe après l’Allemagne – avec une immense usine également prévue par un groupe chinois, CATL.

Elon Musk, patron de Tesla, avait raillé en 2011 BYD, qui n’était alors qu’un petit constructeur local et “pas” vraiment un concurrent, selon lui. Vous avez vu leurs voitures?, s’était-il esclaffé lors d’une interview à Bloomberg.

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