
Au Luxembourg, Docler Holding a licencié 115 des 170 salariés de sa filiale Byborg. L’entreprise, qui propose des plateformes numériques et des services de streaming avec des contenus pour adultes, évoque une profonde réorganisation. L’intelligence artificielle remplacerait les processus de travail habituels de l’entreprise.
Un plan social a été négocié. Pour l’assister dans les négociations avec la direction de l’entreprise, la délégation du personnel de Docler Holding, neutre, a sollicité l’aide du LCGB. “Cela illustre clairement la nécessité d’organisations syndicales puissantes au Grand-Duché”, affirme Robert Fornieri, membre du comité directeur du LCGB. Une délégation neutre ne peut habituellement pas soutenir le rapport de forces. Elle manque des connaissances et de l’expérience nécessaires. Robert Fornieri affirme que même le LCGB a été effrayé par l’argumentation et l’agressivité avec lesquelles le plan social a été mis en œuvre. La direction de Docler avait complètement bloqué les négociations.
Le principal argument de Docler pour justifier les licenciements est que les processus de travail ont été remplacés par l’intelligence artificielle. “Nous n’avons vraiment pas pu vérifier si c’était le seul argument. Je dois le dire honnêtement”, souligne Robert Fornieri. Finalement, des employés des ressources humaines, de la comptabilité et de l’informatique ont été licenciés. Un peu de tous les départements. Le dirigeant syndical suppose donc aussi que la pression économique a joué un rôle.
Le LCGB s’inquiète que l’intelligence artificielle soit invoquée comme motif de licenciement. Le cas Docler doit être perçu comme un avertissement clair. “L’intelligence artificielle fait partie intégrante de la numérisation, des nouvelles technologies, ce n’est rien de nouveau. Il faut simplement l’encadrer et l’accompagner”, souligne Robert Fornieri. Un plan d’action a d’ores et déjà été élaboré à cet effet.
Le cadre légal protégeant les salariés contre les restructurations liées à l’intelligence artificielle n’est pas encore suffisamment solide. Cependant, le syndicaliste estime qu’il est positif qu’il y en ait déjà un. Il est important d’élaborer des plans de maintien de l’emploi avant d’élaborer un plan social. Cependant, le cadre légal doit encore être amélioré, tout comme le dialogue social. “C’est dans l’intérêt des entreprises, des salariés et, bien sûr, du gouvernement”, souligne Robert Fornieri.