
Il s’agit de quatre hommes qui ont combattu en Syrie et en Irak aux côtés de l’Etat islamique, dont Steve Duarte, que RTL avait interviewé en 2019 dans une prison en Syrie.
Benisen R. et les frères Denis et Anes O., tous trois de nationalité luxembourgeoise, sont accusés de terrorisme.
Le ressortissant portugais Steve Duarte est né au Luxembourg et il était résident luxembourgeois avant son départ en Syrie. La liste des charges qui lui sont reprochées, est plus longue. Il est accusé de provocation au terrorisme, recrutement, participation à une organisation terroriste et homicide, entre autres.
Selon des recherches antérieures menées par RTL, des services de renseignement étrangers et des autorités judiciaires ont identifié Steve Duarte comme l’auteur dans une vidéo d’exécution de l’EI. Une chose qu’il a contestée, lorsque Petz Bartz lui a posé la question en 2019 dans une prison contrôlée par les forces kurdes en Syrie.
“Vous auriez été reconnu à votre voix et votre accent. C’était une dénommée Safiya Mohtadin. Cinq Irakiens ont été exécutés là-bas et un otage également, par vous aussi. Qu’avez-vous à dire là-dessus?”
“Non, non, je n’ai jamais tourné une vidéo dans l’Etat islamique”. Dans l’entretien avec Petz Bartz, Steve Duarte a nié avoir participé à une formation militaire. Il était allé en Syrie pour étudier sa religion, l’Islam, à laquelle il s’était converti. Il aurait survécu en tant que petit commerçant dans le califat:
“Ma femme cuisinait des choses et je les vendais. C’était la routine de mon quotidien. La plupart du temps.”
Ses déclarations sur son propre rôle contredisent celles d’autres djihadistes européens qui ont survécu à la guerre contre l’EI et ont fait des déclarations par la suite. Ils lui attribuent un rôle plus important dans les structures du califat.
“J’aimerais retourner au Luxembourg. J’ai regretté d’être venu ici,” avait déclaré Steve Duarte dans son interview en 2019. Sa présence ou celle des autres accusés devant le tribunal de Luxembourg est cependant hautement improbable. En raison de l’absence de domicile connu, le pouvoir judiciaire les a cités à comparaître à l’audience. Aucun des quatre prévenus n’a d’avocat à ce jour.
La situation de Steve Duarte, le garçon de Meispelt avec un passeport portugais, est particulièrement complexe. Les autorités luxembourgeoises étaient très réticentes à prendre la responsabilité de le reprendre. En 2019, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, déclarait dans une interview à RTL: “Ni ce gouvernement, ni le précédent, ni personne dans ce pays n’a demandé à cet homme d’aller là-bas.”
Il y a trois ans, le ministère des Affaires étrangères avait confirmé au journal L’Essentiel que Steve Duarte était toujours en vie après l’attaque de la prison dans laquelle il était détenu. Mais bien qu’un mandat d’arrêt ait été émis par la justice luxembourgeoise en 2016, le ministère des Affaires étrangères avait indiqué au journal que son extradition n’était “pas prévue”. Le parquet a confirmé à RTL qu’il n’a eu aucun contact avec les nouvelles autorités syriennes depuis le renversement du régime Assad. Toutefois, dans le cadre de l’instruction, de nombreuses commissions rogatoires ont été adressées à des autorités étrangères et ont reçu une réponse. L’acte d’accusation repose sur ces informations.
“Mon but est maintenant de mener une vie normale. Je sais que je ne peux pas le faire immédiatement. Que ce ne sera pas immédiatement le cas. Je devrai certainement encore faire de la prison, mais j’aimerais retourner au Luxembourg”, disait Steve Duarte il y a six ans.
Le procès des quatre prévenus débutera jeudi, probablement par contumace.