Des actions plutôt que le compte épargneLes résidents luxembourgeois investissent plus

Anne Wolff
La tendance à l'investissement touche aussi le Grand-Duché. Cependant, les banques luxembourgeoises ne craignent pas la concurrence en ligne.
© AFP

Les investissements privés en fonds, actions ou cryptomonnaies gagnent en popularité. Les analystes de marché prévoient une croissance pouvant atteindre 20% par an pour ces applications, qui permettent d’investir facilement en ligne.

Les raisons du boum de l’investissement numérique sont variées: les particuliers ont davantage accès aux smartphones et à Internet, l’intérêt des jeunes générations pour l’indépendance financière est nettement plus grand, les informations sur le sujet sont relativement facilement accessibles et les utilisateurs peuvent investir sans commission sur de nombreuses plateformes.

Il faut ajouter à cela des taux d’intérêt bas et un compte épargne qui perd par conséquent en pouvoir d’achat. Claude Arendt, expert financier, explique: “Nous sortions d’une période où les taux d’intérêt étaient nuls, ce qui signifie que si vous aviez un peu d’argent de côté, le seul moyen d’en tirer profit était les marchés financiers, ou ce que nous appelons les marchés de capitaux, qu’il s’agisse d’obligations, de fonds ou d’actions. C’était alors, et cela l’est encore dans une certaine mesure, le seul moyen d’obtenir un rendement décent sur votre investissement ou au moins de compenser l’inflation.”

Outre les applications privées, les banques proposent également un plan d’investissement pour les particuliers, et même s’il n’existe pas de chiffres globaux sur l’offre et la demande au Grand-Duché, les banques remarquent que le comportement d’investissement a changé au Luxembourg, et que davantage de personnes investissent dans des titres, explique Claude Hirtzig, responsable du volet détail de l’ABBL, l’Association des banques et banquiers au Luxembourg:

“Nous constatons, surtout chez les nouveaux arrivants au Grand-Duché, que leur priorité n’est pas forcément d’acheter un bien immobilier, car ils savent peut-être qu’ils quitteront le pays après un certain temps. Leur première préoccupation est donc de se demander comment investir leur argent pour qu’il ait plus de valeur lorsqu’ils partiront dans un autre pays. Mais nous notons aussi qu’en général, les jeunes générations s’intéressent davantage aux investissements qu’il y a quelques années. Cela s’applique aux marchés boursiers classiques, mais aussi aux cryptomonnaies et à d’autres types d’investissements.”

Chaque année, ce secteur enregistre une croissance des investissements de 3 à 4%. Les banques saluent cette tendance. Il est généralement admis que les Européens ont trop d’argent bloqué sur leurs comptes épargne, qui n’est pas réinvesti dans l’économie et manque donc pour financer des défis tels que la transition énergétique ou le développement de la défense.

Concurrence des applications d’investissement gratuites: les banques luxembourgeoises se sentent bien préparées

Le Luxembourg est un acteur relativement petit au niveau mondial en termes de téléchargements d’applications de trading. Selon une étude de Cognitive Market Research, le Grand-Duché se classe au 32e rang mondial. Les flux d’argent depuis des comptes privés vers ces plateformes sont gérables, selon l’ABBL. Les banques luxembourgeoises ne craignent pas la concurrence des applications, car le secteur bancaire privé est traditionnellement fort au Grand-Duché. 15 à 20% du patrimoine des particuliers est investi en titres, estime Claude Hirtzig. Il est impossible de chiffrer précisément le montant final investi via les applications.

En Allemagne, la situation est un peu différente. Ce pays se classe au troisième rang mondial en termes de téléchargements, derrière les États-Unis et la Chine. Dans les pays voisins, les banques ont perdu beaucoup d’argent face à la concurrence en ligne, explique l’ABBL.

À quoi faut-il faire attention?

Avant d’investir, il faut se poser quelques questions fondamentales, explique l’expert-financier Claude Arendt: “L’une de ces questions est bien sûr: ‘Quel niveau de risque suis-je prêt à prendre et sur quelle durée?’ Je peux maintenant un peu retourner la question et dire qu’elle est en fait: ‘Quand aurai-je besoin de mon argent ?’ Si j’en aurai absolument besoin dans six mois, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de l’investir sur les marchés financiers. Il est préférable de le conserver en sécurité sur un compte d’épargne. En revanche, si je sais que je n’en aurai pas besoin ces cinq prochaines années et que je peux épargner régulièrement, alors je pense qu’il faut faire preuve d’un peu de patience et ne pas se laisser obséder.”

Les applications et les services des banques sont considérés comme relativement sûrs par les deux interlocuteurs de RTL. Même en cas de faillite d’une application ou d’une banque, le détenteur conserve ses titres, souligne l’ABBL. Il convient toutefois d’être prudent en matière d’imposition des revenus de ces investissements. Il est donc recommandé de s’informer au préalable.

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