D'après le directeur du StatecLes récentes crises ont "porté un coup dur à l'économie luxembourgeoise"

Annick Goerens
"Les prix ont effectivement un peu plus fortement augmenté ces derniers mois et continueront d'augmenter jusqu'à la fin de l'année, notamment pour les services et les voyages. Cependant, globalement, nous constatons actuellement relativement peu de fortes hausses de prix. Alors qu'il y a deux ans, les hausses de prix dépassaient 5%, aujourd'hui, elles sont d'environ 2%", a indiqué mardi sur RTL Tom Haas.

Le directeur du Statec estime que le prochain index tombera “au troisième trimestre l’an prochain”, selon les prévisions.

Les polycrises ont un gros impact sur l’économie

De manière générale, l’économie luxembourgeoise ne se porte pas très bien. “En 2022, il y a eu une récession et, depuis, économiquement parlant, si nous considérons le PIB, nous stagnons. C’est bien sûr dû au contexte international et aux nombreuses crises: la pandémie, puis la crise des chaînes d’approvisionnement et enfin la forte inflation due à la guerre en Ukraine.” Ces événements ont également porté un coup dur à l’économie luxembourgeoise, “et le Grand-Duché a simplement un problème pour s’en sortir”. Et maintenant, en raison de la guerre commerciale, l’incertitude s’accentue, et “l’incertitude est toujours néfaste pour l’économie”, souligne Tom Haas.

Devons-nous nous habituer à une croissance moindre?

Selon les calculs, le Grand-Duché connaîtra une croissance de 1% cette année et de 2% l’an prochain. La situation est similaire dans l’UE, où l’on prévoit également une croissance de 1% cette année et de 0,5% l’an prochain. Mais pour l’Union européenne, il s’agit de croissance potentielle. Or, le Luxembourg s’est habitué à une croissance de 3% ces dernières décennies. “Cela soulève évidemment la question de savoir si la nouvelle croissance potentielle, c’est-à-dire le nouveau rythme de croissance de notre économie, ne sera désormais que de 2%, et non plus de 3%, comme nous y étions habitués ces dernières décennies”, selon Tom Haas.

Les dépenses militaires élevées des prochaines années ne pourraient-elles pas stimuler le PIB? Cela dépendra des projets envisagés. Étant donné l’absence de production d’armes au Luxembourg et la taille relativement réduite de l’armée, et donc le peu de salaires qu’elle représente, l’impact des dépenses de défense sur l’économie luxembourgeoise sera relativement faible.

Quel impact auront les droits de douane américains?

Les droits de douane américains (15% sur la quasi-totalité des exportations et 50% sur l’aluminium et l’acier) auront “un impact moindre sur le Luxembourg“que sur d’autres pays, car nous n’exportons que 3% de nos biens directement vers les États-Unis. Le Luxembourg exporte principalement des services, explique Tom Haas. Cependant, “un impact indirect se fera également ressentir au Grand-Duché si nos partenaires commerciaux tels que l’Allemagne, la France, la Belgique ou les Pays-Bas, sont gravement touchés. Ce sera la même chose en cas de fluctuations des marchés financiers”.

Sans statistiques fiables, des récessions surviennent rapidement

Tom Haas s’est montré choqué par une récente nouvelle en provenance des États-Unis. La semaine dernière, Donald Trump a limogé sa statisticienne en chef, car il n’était pas satisfait des dernières données sur le marché du travail américain. Des statistiques de qualité, indépendantes, sont un pilier important de la démocratie. La société, la politique et les entreprises ont besoin de chiffres objectifs pour prendre de bonnes décisions. “Si la confiance dans les chiffres disparaît, des récessions surviennent rapidement”, prévient le directeur du Statec.
Au niveau européen, nous sommes bien protégés à cet égard. Eurostat procède à des contrôles de qualité très stricts afin de garantir que les instituts nationaux de statistiques puissent travailler de manière indépendante et transparente et avec une méthode objective.

Mais le fait est qu’aujourd’hui cette indépendance est déjà garantie au Luxembourg, que nous avons une très haute qualité dans nos statistiques et que nous avons également un très haut niveau de confiance de la population dans nos chiffres, et nous allons nous appuyer sur cela”, a indiqué le directeur du Statec.

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