Abandons d’animaux au LuxembourgLes chats plus touchés que les chiens, mais le pays manque de chiffres précis

Raphaël Ferber
Alors que la France enregistre chaque année plus de 200.000 abandons d'animaux domestiques, le Luxembourg semble moins touché. Mais le manque de chiffres précis sur le plan national empêche d'avoir une vision globale du phénomène.
© AFP-image d’illustration

Chaque année en France, le nombre d’animaux pris en charge par les fourrières et les associations de protection animale « ne baisse pas et reste de l’ordre de 200 000 animaux par an », selon l’Ocad (Observatoire de la protection des carnivores domestiques). Pour certaines associations, la définition de l’abandon variant, ce chiffre pourrait dépasser 330 000. Cet été, le ministère de l’agriculture français a lancé une campagne de sensibilisation nommée « #StopAbandon ». Cette situation alarmante conduit à s’interroger sur la situation au Luxembourg.

Pour tenter d’y voir plus clair, nous avons d’abord contacté la Ligue Luxembourgeoise pour la Protection des Animaux (LNPA) qui gère un seul refuge, à Gasperich, le “Déierenasyl”. Ses responsables nous ont répondu que la situation leur semblait moins alarmante que dans le pays voisin: “Nous ne constatons pas une hausse des abandons depuis les vacances d’été dans notre refuge”.

On abandonne en cas de divorce ou de changement de travail

Ainsi, le refuge local a recensé 85 chiens et 69 chats abandonnés sur l’année 2024, avec des pics certains mois comme mars et juin pour les chiens, et janvier et août pour les chats. Des chiffres qui n’illustrent pas la tendance observée par l’ALVA (L’administration luxembourgeoise vétérinaire et alimentaire). Contactée par RTL Infos, celle-ci a répondu ne pas disposer de chiffres exacts sur le nombre d’animaux abandonnés chaque année et souligne que, dans certains cas, il est difficile de savoir si les animaux ont vraiment été abandonnés ou simplement « délaissés ». Selon l’ALVA, les refuges et associations notent cependant un nombre nettement plus élevé de chats que de chiens abandonnés.

À Gasperich, les animaux concernés par les abandons sont surtout “des chiens de grande taille et des chats trouvés”. Les raisons avancées pour ces abandons incluent “le divorce, l’allergie ou un changement de situation professionnelle.”

Pour gérer cette situation, le refuge travaille avec des listes d’attente. Le pays compte plusieurs autres asiles, notamment à Dudelange, Esch/Alzette et Schifflange. À Gasperich, les équipes soignantes incluent désormais un vétérinaire à mi‑temps pour s’occuper des animaux malades ou blessés et un personnel formé à la physiothérapie animale. L’éducation des chiens fait aussi partie de leurs missions.

La LNPA insiste sur des mesures préventives, comme “la stérilisation ou la castration des chats pouvant sortir à l’extérieur, et l’identification obligatoire par puce électronique”. Ces pratiques permettent non seulement de protéger les animaux, mais aussi de réduire le risque d’abandon. Des conseils pratiques sont également donnés aux adoptants potentiels : “réfléchir au temps et aux moyens financiers disponibles, aux solutions de garde lors des vacances, et choisir un chien ou un chat adapté à son mode de vie. Il faut garder en tête qu’un chien vit en moyenne 12 ans, un chat 18 ans !”

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Il n’existe pas de statistiques nationales

Cette réalité luxembourgeoise a depuis été complétée par la réponse parlementaire récente à la question d’Octavie Modert, députée CSV, adressée à la ministre de l’Agriculture, Martine Hansen. La députée partage plusieurs interrogations posées en amont par RTL Infos à la LNPA et à l’ALVA, concernant notamment des données chiffrées sur le plan national, la tendance, les capacités d’accueil ou encore le cadre légal.

Le constat est le même que celui que nous avons fait: il n’existe pas de statistiques nationales précises ni de vision centralisée et donc, il est difficile d’observer une tendance sur le nombre d’abandons d’animaux chaque année. La réponse parlementaire indique que 217 chats ont été “trouvés” par le refuge de la LNPA en 2024 dont 39 qui ont été rendus à leurs propriétaires. LNPA qui, rappelons-le, nous a indiqué avoir recensé 69 chats “abandonnés” en 2024, faisant donc la différence entre animaux “trouvés” et “abandonnés”.

Le ministère, en concertation avec la LNPA, lance chaque année avant l’été et Noël des campagnes de sensibilisation pour un comportement responsable envers les animaux. L’ALVA rappelle notamment que « la castration ou stérilisation des chats empêche la reproduction involontaire des animaux et est donc un acte de protection et de bien-être ». La loi du 27 juin 2018 impose la stérilisation pour tout chat ayant accès à l’extérieur, à l’exception des chats errants sur les exploitations agricoles.

Certains territoires, notamment le nord du pays, semblent sous-dotés en refuges et en structures de prise en charge. Cette situation contraste avec la France ou l’Allemagne, où la SPA et d’autres associations centralisent davantage de données.

Si l’abandon reste un problème moins documenté au Luxembourg qu’en France ou en Allemagne, les chiffres locaux, les observations des refuges et les recommandations de l’ALVA montrent qu’il ne faut pas sous-estimer le phénomène. La LNPA conseille, avant d’adopter un animal, “de bien réfléchir, de se poser les bonnes questions : ai-je le temps, ai-je les moyens financiers, qui gardera le chien lors de mes départs en vacances, est-ce que je peux amener le chien en vacances, quel chien correspond à mon train de vie...”

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