Les incidents se multiplientLes agressions font désormais partie du quotidien au CHEM

Monica Camposeo
traduit pour RTL Infos
Ces dernières années, le personnel hospitalier est de plus en plus souvent la cible d'agressions. C'est notamment le cas au CHEM, le Centre hospitalier Emile Mayrisch, à Esch-sur-Alzette.
© Jill Wagner / RTL

Il y a trois semaines environ, la police a été appelée au CHEM après le signalement de la présence d’une personne agressive et armée à l’hôpital. Même si l’incident s’est révélé être une fausse alerte, les comportements agressifs font désormais partie du quotidien à l’hôpital, explique Julien Carpentieri, responsable du service des urgences. Dans son service en particulier, des incidents surviennent presque chaque jour. Deux infirmières, prêtes à témoigner devant la caméra, racontent leurs mauvaises expériences vécues tant aux urgences que dans d’autres services. Lindsay se souvient notamment d’une femme alcoolisée qui a dû être prise en charge par plusieurs membres du personnel, car elle était agressive et même violente. Comme il y a également eu des cas de harcèlement en ligne visant le personnel hospitalier, ces jeunes infirmières ne souhaitent pas que leur nom de famille apparaisse dans notre reportage. Après l’incident avec la femme alcoolisée, Lindsay a présenté un hématome au bras pendant plus d’une semaine. Cette fois-là aussi, la police avait dû intervenir.

En règle générale, la plupart des cas peuvent être gérés en interne. Mais même si les agressions sont désormais monnaie courante, elles ne doivent pas être normalisées. C’est aussi pour cette raison que le personnel est encouragé à signaler chaque incident, explique Stessy. Elle travaille depuis cinq ans aux urgences du CHEM. Elle aussi a déjà subi des violences verbales et physiques. En cas de situation critique, le personnel hospitalier peut appuyer sur un bouton d’urgence. Les services proches sont alors automatiquement contactés, ainsi que le personnel de sécurité, afin de désamorcer la situation. Souvent, cela suffit à apaiser les tensions.

© Jill Wagner

Ce “bouton d’urgence” a été actionné 410 fois entre janvier et fin octobre 2025 dans l’ensemble de l’hôpital d’Esch, donc pas uniquement aux urgences. En 2023, il y avait eu 250 interventions de ce type, et pendant la pandémie, à peine une centaine en un an. La situation s’est donc nettement détériorée ces deux à trois dernières années. De nombreux patients ou leurs familles sont de plus en plus impatients, constate Julien Carpentieri, responsable du service des urgences. Il précise que les raisons d’une escalade peuvent être très variées : le temps d’attente, mais aussi la douleur peuvent provoquer un comportement agressif. À cela s’ajoutent, surtout la nuit, l’alcool ou d’autres drogues.

Sur les 410 alertes déclenchées cette année parce que le personnel avait besoin d’aide, 67 agressions ont été officiellement déclarées en interne jusqu’à fin octobre. Les cas les plus graves sont ceux où la victime se retrouve en arrêt de travail pendant un certain temps.

La directrice des ressources humaines, Patrizia Ascani, souligne que les personnes concernées ne subissent pas seulement des blessures physiques, mais surtout psychologiques. Elle se souvient d’un cas où la personne a dû être transférée sur un autre site de l’hôpital, car elle ne se sentait plus à l’aise dans son travail. Cette année, trois accidents de travail ont été enregistrés à ce jour, représentant au total 175 jours d’arrêt de travail.

Dans le cadre du suivi d’un incident, une aide psychologique est donc proposée au personnel. En plus de ce suivi, l’hôpital souhaite également mettre l’accent sur la prévention, que ce soit par des formations en gestion de crise ou par des simulations pour entraîner l’équipe à faire face à des situations critiques.

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