
Tout comme leurs prédécesseurs, le gouvernement CSV-DP a clairement mis en avant dans son accord de coalition la simplification des procédures administratives. Pour les PME, cet accord entre les deux partis devait faire baisser les exigences administratives de 25%, mais cette mesure n’est pas encore vraiment arrivée chez les patrons. C’est en tout cas ce que confirment les expériences sur le terrain ainsi qu’un récent sondage réalisé par la Chambre de commerce et la House of Entrepreneurship.
L’un des exemples cités et celui de la restauratrice Aline Bourscheid qui a lancé son entreprise en tant qu’indépendante il y a huit ans et qui emploie aujourd’hui pas moins de 75 collaborateurs répartis sur quatre entreprises.
Les procédures administratives en vigueur lui coûtent beaucoup de temps, et même si la gastronomie reste une passion, elle consacre 10% de son planning au volet administratif. Le reste est réparti dans la gestion de ses entreprises: “nous ne sommes ni juriste, ni avocat, ni psy, ni comptable, le tout en une personne. Alors oui, nous avons un peu de toutes ces compétences, mais pour aller jusqu’au bout des procédures, il nous manque clairement des connaissances”, déplore la cheffe d’entreprise.
Selon la House of Entrepreneurship, Aline Bourscheid n’est pas la seule dans ce cas. Selon l’une de leurs études, 71% des entreprises sont d’avis que leur rentabilité souffre des exigences administratives élevées. Même si le gouvernement dit travailler à une simplification, cette dernière se fait attendre sur le terrain.
La directrice de la House of Entrepreneurship concède que dans 60% des entreprises, rien n’a réellement changé: “seuls 3% nous ont confié que la situation a évolué”, souligne Stéphanie Damgé qui déplore que les autres entrepreneurs ont plutôt l’impression que les tâches administratives sont même devenues encore plus compliquées. Le constat est “resté le même” durant des années.
Aline Bourscheid, notre restauratrice et son associé, avancent qu’ils perdent encore trop souvent un temps précieux pour demander ou envoyer les mêmes documents. Mais elle ne veut pas trop se plaindre non plus, car ces démarches sont souvent nécessaires afin d’obtenir de l’aide publique: “on le fait parce qu’en retour, c’est bénéfique pour notre entreprise”.
Elle souhaiterait, dans l’absolu, une plateforme sur laquelle les sociétés pourraient s’identifier afin que tout le monde puisse vérifier si les documents nécessaires peuvent être présentés. Une idée partagée par la Chambre de commerce qui voudrait également une plateforme centrale, un peu comme un guichet unique, pour le entreprises, et cela le plus rapidement possible afin de répondre aux besoins de 85% des structures au Luxembourg qui attendent avec impatience des procédures simplifiées dans la gestion de leur quotidien.
En outre, 47% des sondés, dont pratiquement une société sur deux, pense que la création d’entreprise est encore trop compliquée avec plusieurs démarches à réaliser à plusieurs endroits au lieu de prévoir un acte unique: “où tout serait centralisé et où l’administration aurait la possibilité d’accéder à tous les documents requis”, propose Stéphanie Damgé.
Enfin, de nombreux patrons demandent le droit à l’erreur face à des administrations peu flexibles lorsque des délais sont dépassés ou des erreurs sont faites dans des formulaires. La Chambre de commerce souhaite donc dans ce sens plus de tolérance de la part des administrations envers les sociétés.
Le reportage de RTL Télé: