Luxembourg La coopérative d'habitation, une pièce du puzzle pour lutter contre la crise du logement ?

Dany Rasqué
traduit pour RTL Infos
La coopérative de logement ne fait pas partie de l'ADN du Luxembourg, mais elle pourrait constituer un élément supplémentaire dans la lutte contre la crise du logement.
Image d’illustration
© Didier Weber

“La coopérative de logement : une autre solution à la crise immobilière au Luxembourg” : tel était l’intitulé d’une table ronde organisée mardi à l’Université du Luxembourg à l’initiative, entre autres, de Paulette Lenert. La députée LSAP fait partie des fans de cette forme de logement.

Une coopérative de logement exclut toute logique de profit immobilier, qu’il s’agisse de vente ou de location. Le principe est simple : on achète des parts dans une coopérative et on bénéficie d’un droit d’habitation à vie dans un logement de cette coopérative. On paie un loyer, mais celui-ci est moins élevé que sur le marché libre, car il ne doit couvrir que les coûts. C’est un concept moins connu au Luxembourg, mais si la volonté politique est là, affirme Paulette Lenert, il existe suffisamment d’exemples à l’étranger…

”...de modèles qui permettent de montrer et d’illustrer que les loyers n’y augmentent pas autant qu’ailleurs. Qu’il y a plus de stabilité, plus de satisfaction, et que les habitants restent fidèles à leur coopérative même dans des situations de vie différentes, car lorsqu’on est membre d’une coopérative, on n’a pas forcément droit à une unité précise, mais on a un droit d’habitation qui vaut pour l’ensemble de la coopérative. Il existe des modèles très intéressants qui permettent, selon sa situation de vie, de toujours trouver la solution adaptée, sans devoir recourir au marché privé.

De plus en plus de villes découvrent les coopératives de logement, explique Paulette Lenert, citant l’exemple d’Amsterdam ou de Munich. Le ministre du Logement, Claude Meisch (DP), est convaincu que les coopératives peuvent faire partie de la solution, une pièce du puzzle dans la lutte contre la crise du logement. Comme cette forme d’habitat n’a pas de tradition au Luxembourg, il s’agit de la faire mieux connaître au public :

“Je pense que nous avons besoin de bons exemples, que les premiers projets devront être encadrés de manière à réussir, et qu’ensuite nous puissions constater progressivement que cela peut être une façon de vivre, de se procurer un logement et de cohabiter avec d’autres personnes. Ce ne doit pas être le modèle pour tout le monde, mais il peut être un modèle pour une partie de la population. Nous voyons aussi que notre population évolue : des personnes arrivent de pays où les coopératives sont la norme et elles peuvent apporter cette culture au Luxembourg.”

Même si les coopératives d’habitation sont relativement nouvelles, le modèle est connu au Luxembourg. La banque Raiffeisen en est un exemple, et le président de son conseil d’administration, Guy Hoffmann, apprécie également l’idée des coopératives de logement. Pour une banque, il existe cependant une différence lorsqu’elle accorde un prêt :

“La différence réside dans le fait que le client n’est plus considéré individuellement comme le débiteur, mais que c’est, en fait, la communauté des clients, la société à laquelle l’argent est prêté. C’est un peu une autre lecture des textes. Aujourd’hui, lorsqu’on finance un logement, on a une personne, une famille derrière. Ici, on se retrouve avec une société derrière laquelle se trouvent ces familles. Il faudra se concerter avec le régulateur pour voir comment cela sera géré, mais je suis relativement confiant, car, au final, je pense que le risque du crédit est plus faible dans une coopérative que lorsqu’on additionne les risques individuels.

Antoine Paccoud, chercheur au Liser, était également présent à cette table ronde. Lui aussi considère la coopérative comme une pièce du puzzle. Il souligne toutefois qu’il ne faut pas oublier les autres mesures. Une coopérative ne saurait remplacer les logements abordables qui doivent être créés par les pouvoirs publics.

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