Fake news, appels à la violenceLa responsabilité des réseaux sociaux dans les émeutes

RTL Infos
"En 2005, on n'a pas été impacté par les émeutes et là si parce qu'il y a TikTok, Snapchat": nombre de Français, vivant en province, choqués par des scènes de pillage inédites, en veulent aussi aux réseaux sociaux.
© AFP

Pour eux, ces derniers encouragent la violence et permettent une redoutable organisation de groupes commettant des actes jugés inacceptables.

“Il y a clairement des groupes qui sont du côté de la délinquance, et puis d’autres qui sont dans l’effet de groupe, ils suivent avec l’influence des réseaux sociaux où il y a une course à la vidéo la plus vue”, analyse Samir Messikh, de l’association les Farandoleurs qui organise activités et soutien scolaire pour les jeunes du quartier déshérité de Malpassé.

“Les pillages, ça reflète aussi tout le matérialisme mis en avant dans la société, l’importance de l’argent, tu es quelqu’un si tu as une marque, c’est aussi tout ça qu’il faut changer”, ajoute-t-il.

Dans la galerie commerciale du Merlan, au coeur du XIVe arrondissement, l’un des plus pauvres de la ville, toutes les lunettes de soleil de l’opticien ont été volées et le magasin de baskets n’est qu’un champ de boîtes vides. La boutique de Bettahar Youcef est elle intacte: “Je vends des vêtements sans marque, ça les a pas intéressés”.

On est vraiment dégoûté de ce qu’il se passe. C’est une première ici. La mort de Nahel, c’est la goutte d’eau, derrière qu’est-ce qu’il y a? Le manque de pouvoir d’achat ? L’ennui ?”, s’interroge le commerçant.

Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a lui assuré samedi qu’"on va +péter les comptes+" des casseurs.

Attention aux fakes news !

Ce dimanche, plusieurs utilisateurs ont relayé un document ressemblant à s’y méprendre à un message officiel des autorités française annonçant des “restrictions temporaires” à l’accès à internet dans certains quartiers et à certaines heures bien précises.

Le ministère de l’Intérieur a immédiatement réagi en précisant que ce document était un faux et qu’il fallait arrêter de véhiculer de fausses informations qui n’ont pas été vérifiées au préalable.

“Mal-être absolu”

Dans plusieurs villes françaises, le rôle des réseaux sociaux est déjà clairement pointé du doigt dans le trafic de stupéfiants, avec des jeunes recrutés partout en France sur Snapchat et qui viennent risquer leur vie sur des points de deal, attirés par le mirage de l’argent facile.

Des vidéos de fusillades circulent également alors que 24 personnes sont déjà mortes dans des violences liées au narcobanditisme depuis janvier. “Ce qui me fait peur, c’est que dans les quartiers il y a des armes de guerre”, confie cet habitant né au Merlan qui a peur de décliner son identité.

Avec les émeutes, “beaucoup ne se rendent pas compte qu’ils pénalisent leur famille qui travaille et ne peuvent plus prendre le métro après 18H00", estime Samir Messikh, alors que deux jours de suite les transports en commun, déjà rares dans les quartiers Nord excentrés, sont arrêtés très tôt depuis quelques jours.

D’autres acteurs sociaux pointent la grande colère contre une police que beaucoup de jeunes accusent d’attitudes discriminatoires.

Dans des arrondissements longtemps laissés pour compte, “le problème est tellement profond” et “je n’ai pas la recette magique”, soupire Soilhou Ahamed. “Il y a un mal-être absolu dans ces quartiers, Macron doit prendre en compte la jeunesse”.

Ce “ras-le-bol”, le président de la République l’a écouté durant sa visite à Marseille fin juin où il a lancé un plan de plusieurs milliards pour combler les retards dans l’éducation, les transports, l’emploi. “On ne va rien lâcher” a-t-il promis face au désespoir des habitants.

Dans ce contexte inflammable, les appels au calme se multiplient, même du côté des supporters de l’Olympique de Marseille. Dans une inhabituelle déclaration politique, les South Winners 1987 ont demandé aux jeunes de faire preuve de “sagesse”, craignant que ces émeutes ne donnent “du grain à moudre à tous les vautours des extrêmes” dans une ville au “pluralisme cosmopolite unique”.

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