
L’œuvre, d’une couleur blanche tranchant avec l’habituelle résine rouge utilisée par l’artiste, représente l’homme d’Eglise sur un chariot mortuaire métallique, un drap recouvrant son corps et laissant deviner une érection.
“Il est mort, mais le problème reste là”, décrypte M. Colomina en évoquant l’omerta qui a longtemps permis de passer sous silence les agissements présumés du fondateur d’Emmaüs - “ce personnage complètement ambivalent, qui a fait énormément de bien et énormément de mal” - et le peu de transparence de l’institution catholique en la matière.
“Cette installation (...) rappelle que même après la mort, les blessures et les traumatismes causés par ces actes continuent d’imprégner la mémoire collective, hantant les victimes et l’ensemble de la société”, ajoute-t-il.
L’œuvre est exposée au sein de l’église désacralisée du Gesù, dans le centre-ville de Toulouse, et accompagnée de chants religieux en latin.
L’exposition était ouverte au public seulement deux jours, soit jusqu’à samedi, entre 12H00 et 19H00.
Figure iconique en France et fondateur d’Emmaüs, l’Abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, est depuis le mois de juillet visé par une série de témoignages de femmes sur des violences sexuelles commises entre les années 1950 et les années 2000, et pour certaines pouvant relever du viol ou visant des mineures.
James Colomina, qui se décrit comme “artiste engagé”, dénonce régulièrement des faits d’actualité, comme lorsqu’il a installé sur des terrains de jeux pour enfants à Paris, New York ou encore Londres, une sculpture du président russe Vladimir Poutine assis à califourchon sur un char miniature, après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Lors des Jeux olympiques de Paris, il avait successivement pointé du doigt par des installations artistiques la mise au ban des athlètes forcés de concourir sous drapeau neutre, et les investissements “excessifs” consentis pour dépolluer la Seine, peu efficaces selon lui.