
“Lorsque votre enfant rencontre des difficultés à l’école, cela a des répercussions bien au-delà de la salle de classe. Cela peut ébranler sa confiance, démotiver ses efforts et même conduire à l’épuisement”, explique Nadia Hernandez, psychologue et spécialiste équin.
Elle apporte un regard singulier en mariant son expertise en psychologie humaine avec l’intuition qu’elle a développée au contact des chevaux. Ce mélange lui permet d’éclairer les causes possibles des difficultés d’apprentissage, de proposer des pistes pour favoriser le bien-être émotionnel et d’aider les familles à créer un environnement où les enfants peuvent s’épanouir à la fois sur le plan scolaire et personnel.
“Les chevaux sont des miroirs très honnêtes”, souligne-t-elle. “Ils sont pour moi une source d’inspiration et un outil précieux. Si un enfant est frustré en montant à cheval, l’animal réagit immédiatement. Il m’est arrivé d’interrompre une séance pour laisser l’élève retrouver son calme avant de remonter. Cet apprentissage de l’autorégulation s’applique directement à l’école : il s’agit de gérer ses émotions pour continuer à apprendre efficacement.”
Hernandez a grandi au Luxembourg et s’est toujours dite “folle de chevaux”. Pendant ses études de psychologie en Écosse, elle passait ses week-ends à faire du bénévolat dans des écuries et à dévorer tout ce qu’elle trouvait sur le sujet.
De retour au pays, elle a enseigné l’équitation à de jeunes enfants dans une école spécialisée. C’est là qu’elle a perçu le potentiel de combiner ses deux passions : le bien-être humain et la sagesse intuitive des chevaux.
“Au fil du temps, j’ai obtenu des masters en sciences équines et en psychologie de la santé. Aujourd’hui, mon activité repose sur deux axes : d’un côté, j’accompagne des personnes – en particulier des étudiants et des adultes en situation d’épuisement – et de l’autre, je propose du coaching dans le milieu équestre, où l’on apprend autant des chevaux qu’eux de nous.”

Dans son travail avec les élèves, Hernandez explique que de nombreux enfants ont du mal à suivre le rythme et la structure scolaire, ce qui peut les empêcher de rester à niveau.
Elle observe que le TDAH est fréquent, suivi de près par la dyslexie, et note que l’anxiété et la faible estime de soi accompagnent souvent ces difficultés d’apprentissage.
“Je constate également beaucoup d’anxiété extrême, qui n’est pas en soi un trouble d’apprentissage, mais qui a un impact considérable sur l’apprentissage”, explique-t-elle. “Les réseaux sociaux jouent ici un rôle important. Les enfants se comparent constamment les uns aux autres. Leur système dopaminergique est surstimulé et ils ont souvent du mal à se ‘réinitialiser’ mentalement. Cela les rend émotionnellement instables, toujours à fleur de peau, prompts à réagir de manière excessive ou à se replier sur eux-mêmes. Il leur est donc très difficile de retrouver un état de calme normal.”
“Les enfants arrivent dans un environnement scolaire imprégné de cette culture de la comparaison et se mesurent constamment à ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Nous avons donc déjà des enfants qui sont vraiment très sensibles, d’une manière que les générations précédentes ne connaissaient pas. Je pense que cela constitue un terrain fertile pour de nombreux problèmes de santé mentale qui rendent l’apprentissage difficile”, explique Hernandez.
“Lorsque j’écoute les élèves et que je vois le contexte dans lequel ils évoluent actuellement au sein du système scolaire, je repense à ce qu’était mon expérience à l’école, il n’y a pas si longtemps. J’ai terminé mes études il y a douze ans, mais je pense que la culture est très différente aujourd’hui, car les réseaux sociaux ont beaucoup plus d’influence qu’à l’époque où j’étais à l’école.”
“Je pense qu’il y a actuellement un léger décalage entre la réalité de ce que vivent les enfants à l’école et tous ces facteurs qui entrent en jeu : les troubles d’apprentissage, la composante émotionnelle et mentale, et cette nouvelle culture sociale qui existe. De plus, le système scolaire a évolué si rapidement qu’il n’a pas vraiment eu le temps de s’adapter à cette nouvelle norme.”
Les notes, les examens et les échéances peuvent accentuer ce malaise, et Hernandez explique que l’épuisement professionnel commence souvent très tôt.
“Ce n’est pas quelque chose qui arrive du jour au lendemain. Essentiellement, lorsque l’accent est mis sur les résultats et les performances d’un individu, en particulier d’un enfant, celui-ci lie son estime de soi aux résultats ou aux notes qu’il obtient. Surtout dans le contexte actuel, où nous sommes constamment soumis à des comparaisons sociales”, souligne-t-elle.
“Le problème, c’est que les étapes imposées par le système scolaire ne sont pas individualisées et qu’elles sont essentiellement déterminées par la réussite ou l’échec. Cela ne laisse aucune place à un processus d’apprentissage personnalisé. Un stress chronique peut survenir parce que nous attendons de tous nos enfants qu’ils s’adaptent au même moule, alors que certains ont besoin d’autre chose. Le processus d’apprentissage doit être décomposé en étapes beaucoup plus petites pour qu’ils puissent renforcer leur confiance en eux et assembler correctement les éléments constitutifs afin d’atteindre le niveau requis par le système.”
Hernandez insiste sur l’importance de maintenir des stratégies cohérentes à la maison et assure souvent un suivi auprès des parents de ses clients pour leur offrir conseils et soutien.
“Une communication ouverte est essentielle. Je vérifie souvent auprès des parents des aspects tels que l’utilisation du téléphone, le sommeil et les routines générales. Parfois, les enfants sous-estiment leur propre temps d’écran, c’est pourquoi la perspicacité des parents est cruciale. L’objectif est de créer une approche concertée entre la maison et le soutien que je leur apporte”, explique-t-elle.
Le foyer étant le fondement, Hernandez affirme qu’en veillant à ce qu’il soit un espace émotionnellement sûr, les parents peuvent contribuer à favoriser des résultats scolaires positifs.
“L’objectif est de développer la résilience, la concentration et la confiance en soi sans ajouter de pression. Si votre enfant se sent en sécurité, valorisé et compris à la maison, il sera bien mieux armé pour relever les défis de l’école.”