
Le calendrier initialement prévu pour la privatisation de la compagnie aérienne publique TAP Air Portugal risque de prendre du retard en raison de la crise politique au Portugal qui a conduit à la convocation de législatives anticipées en mars, a indiqué vendredi le directeur général de TAP Luis Rodrigues.
La privatisation, lancée par le gouvernement portugais en septembre, “est possible en 2024 mais ce sera difficile (...) le calendrier semble compliqué”, a estimé le responsable de TAP en marge d’une rencontre avec la presse étrangère au siège de la compagnie à Lisbonne.
Le Portugal a plongé dans la crise politique après la démission du Premier ministre socialiste Antonio Costa, qui a vu son nom impliqué dans une affaire de trafic d’influence, conduisant à la convocation d’élections législatives anticipées le 10 mars prochain.
“Nous n’aurons pas de nouveau gouvernement avant fin avril ou mai” alors une privatisation en 2024 “ce n’est pas impossible mais je ne parierai pas là-dessus”, a dit à l’AFP M. Rodrigues.
Le gouvernement portugais avait officiellement lancé fin septembre la privatisation d’au moins 51% du capital de la compagnie aérienne nationale, qui suscite l’intérêt de ses concurrents européens, Air France-KLM, Lufthansa et le groupe IAG (British Airways et Iberia). “Leur intérêt se maintient”, selon le patron de TAP.
L’exécutif socialiste, qui souhaite également réserver jusqu’à 5% aux salariés, comptait adopter le cahier des charges détaillé que devra remplir le futur propriétaire de la compagnie à la fin de l’année ou au début de l’an prochain.
Mais fin octobre, le président portugais, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, avait mis son veto à la loi sur la privatisation de TAP afin de demander au gouvernement des “clarifications” sur la procédure.
Après une période compliquée pendant la pandémie de Covid-19, le transporteur portugais avait renoué avec les bénéfices dès 2022.
Cette année, TAP a dégagé un bénéfice record de 180,5 millions d’euros au troisième trimestre, en hausse de 62,2% par rapport à la même période de l’année dernière.
“Tout semble indiquer que 2024 pourrait être une troisième année consécutive de bons résultats, nous y travaillons”, a souligné M. Rodrigues.
TAP avait été totalement renationalisée dans l’urgence, en 2020, bénéficiant d’une injection de 3,2 milliards d’euros de fonds publics assortie d’un plan de restructuration négocié avec la Commission européenne.