En 2024, les prix des grains de café vert ont augmenté jusqu’à 70% et cette année encore, les experts s'attendent à une nouvelle hausse de plus ou moins 30%.

De nombreux cafetiers et torréfacteurs n'ont pas encore répercuté cette hausse sur leurs clients. Mais dans les mois qui viennent, le prix de la tasse de café va bel et bien augmenter. Le Biz Café à Dudelange torréfie son café lui-même. Jacques Mossong se fournit en grains un peu partout dans le monde, de l'Amérique du Sud à l'Asie du Sud-Est. C'est devenu un plaisir coûteux. Pour lui, les prix de ces grains de café vert ont augmenté de 50 à 70%. Mais les prix de l'énergie, du transport et même des sachets dans lesquels son café est vendu, ont aussi progressé.

Jacques Mossong, barista à Dudelange: "Nous pouvons répercuter sur le client de petites hausses de prix de 5 à 10%. Mais pas l'intégralité. Nous devons réduire les marges, car sinon les clients achèteront du café moins cher."
 
La situation est grave pour les cafetiers et les torréfacteurs. En décembre à la bourse de New York, le prix des grains d'Arabica a atteint un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis 1977. La faute aux fluctuations climatiques surtout, explique Jacques Mossong:

"Toutes les bourses aux cafés sont concernées. Qu'il s'agisse d'Arabica ou de Robusta. Peu importe d'où ils viennent. La raison principale est, je pense, le changement climatique. Surtout au Brésil, ainsi qu'au Vietnam, les deux plus grands exportateurs de café au monde, il y a eu des pertes majeures dans les récoltes en raison de la sécheresse et des inondations."
 
La situation préoccupe aussi la maison de torréfaction Mondo del Caffè à Echternach. Elle torréfie du café pour de très nombreux clients au Luxembourg et dans toute l'Europe. Bien qu'elle évite les bourses et les gros négociants et coopère directement avec les cultivateurs sur place, les prix augmentent aussi.

Alfons Schrammer: "Nous ne sommes pas en mesure de supporter nous-mêmes tous les coûts. Nous répercuterons par conséquent ces coûts. Mais nous ne pouvons plus reprendre certaines variétés dans notre catalogue. A l'époque, j'achetais certains grains 8 euros le kilo. Si j'en reçois encore aujourd'hui, ils coûteront entre 13 et 15 euros. Avec la production, je suis alors bien au-delà des 30 euros le kilo. Et plus personne n'achètera cela aujourd'hui."
 
C'est surtout pour les spécialités de café qu'il faut s'attendre dans les mois et les années à venir à un moindre choix, respectivement à une augmentation sensible des prix des produits finis dans de nombreux endroits. "Nous devrons nous adapter. Nous continuerons d'offrir du café vraiment bon. Mais nous devrons veiller à intégrer aussi différents autres pays à notre assortiment. Voire veiller avec nos sites de production à cultiver plus de plants", indique le torréfacteur implanté à Echternach depuis plus de 10 ans. 
 
C'est là qu'apparaît l'autre problème. Dans le cadre de la lutte contre la déforestation, une directive européenne en préparation souhaite que les producteurs rendent publiques à l'avenir leurs chaînes d'approvisionnement s'ils travaillent avec des matières premières telles que le café. Une bonne idée à la base, selon le torréfacteur. Mais extrêmement chère et compliquée pour les petits producteurs, explique Alfons Schrammer:  "Les consommateurs européens avec environ 500 millions d’habitants, se sont probablement un peu surestimés. Les grandes exploitations pourront déduire de leurs impôts la totalité du suivi satellite. Les petits cultivateurs en Afrique de l'Est, en Afrique ou en Colombie, qui ne travaillent qu'avec trois hectares, par exemple, ils se diront alors: je vends aux Etats-Unis, à la Russie, à la Chine et à l'Arabie saoudite, c'est quand même beaucoup plus simple."
 
Pour les petits torréfacteurs, il n'y a donc pas beaucoup d'alternatives pour maintenir les prix à un bas niveau. A Dudelange, le café sera encore vendu à son ancien prix, selon Jacques Mossong, mais: "D'une manière ou une autre nous devrons passer à d'autres grains, car certaines variétés ne sont simplement plus abordables. Nous ne souhaitons pas non plus lésiner sur la qualité. Il faudra simplement être un peu créatif."
 
Cette année encore, les prix des grains de café vert vont grimper, chez les petits comme chez les gros producteurs, selon les spécialistes du secteur.