"Je suis heureux d'avoir pu, avec la Grande-Duchesse, faire ce cheminement avec vous" témoigne le Grand-Duc ce 24 décembre, dans son traditionnel - et dernier - discours de Noël.
C'est avec beaucoup d'émotion que le Grand-Duc Henri s'est adressé à ses concitoyens, ce 24 décembre 2024, pour le traditionnel discours de Noël. Car "c'est la dernière fois que je prononcerai le discours de Noël en tant que chef de l'État" rappelle-t-il.
En effet, le prince Guillaume est Lieutenant-Représentant depuis le 8 octobre et se prépare à accéder au trône. Et c'est avec un brin de malice que le Grand-Duc "fait durer un peu le suspens" en annonçant qu'il ne révèlera la date de cette passation de pouvoir qu'à la fin de son discours.
"C’est avec une grande humilité et une profonde gratitude" qu'il déclare faire le point sur ses presque 25 ans de règne. "Ce fut une période au cours de laquelle le Luxembourg a connu de grandes mutations et je suis heureux d'avoir pu, avec la Grande-Duchesse, faire ce cheminement avec vous".
Un quart de siècle marqué par de nombreux défis, opportunités et conflits, qui "nous ont obligés à réfléchir, nous remettre en question. Mais, ils nous ont aussi ont renforcés dans notre sentiment d’appartenir à une même nation. Nous sommes restés unis pour rendre le Luxembourg encore plus accueillant, dans un environnement durable". Un Luxembourg qui s'est appliqué "à faire en sorte qu'aucun d'entre nous ne soit laissé au bord de la route, conscients que la force, voire l'avenir de notre société, réside dans sa capacité à rassembler et faire preuve de solidarité" martèle-t-il.
Le plus grand défi à venir, selon le Grand-Duc

© Maison du Grand-Duc
Le changement climatique est "probablement le plus grand défi de l’avenir" annonce le Grand-Duc, énumérant également "les tensions géopolitiques, les guerres et les bouleversements économiques". Il n'oublie pas non plus les leçons de l'Histoire : "La libération d’Auschwitz il y a 80 ans nous montre l’abysse de cruauté ancré en nous si nous renions ce qui fait le propre de l’humanité, la défense de nos droits humains fondamentaux. Ne l’oublions jamais."
Rappelant qu'au Luxembourg, "le Grand-Duc est au-dessus des partis et ne s'immisce pas dans le débat politique", il nuance en précisant que "rien ne l’empêche de prendre la parole lorsque des intérêts fondamentaux du pays et de ses citoyens sont en jeu. C'est ce que je me suis évertué à faire au cours des 25 dernières années, en accordant dès le début une attention particulière à la diversité de notre population, à la nécessité du vivre ensemble, mais aussi à la durabilité dans tous les domaines de notre société, pour laisser à nos enfants un pays plus sain." Rappelons qu'en 2008, le Grand-Duc avait refusé de signer la loi sur l'euthanasie qui lui posait un cas de conscience. Une première au Luxembourg qui avait provoqué une crise politique et une grande controverse.
"Le Luxembourg est un pays extraordinaire. C'est un carrefour de cultures, de langues, de modes de vie, un lieu de dialogue et d'échange, où des personnes du monde entier cohabitent avec les Luxembourgeois. Cette solidarité est notre force. Je sais bien que cela ne se fait pas nécessairement tout seul. Ce modèle unique en Europe requiert des efforts quotidiens mais il en vaut la peine".
Une attention toute particulière pour les personnes d'origine étrangère

"Merci à ceux qui travaillent chaque jour au et pour ce pays, qu'ils soient Luxembourgeois, non-Luxembourgeois, résidents ou frontaliers, rémunérés ou bénévoles" déclare le Grand-Duc.
"Nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli jusqu’à présent. C’est en tout cas le message que j’entends de la part de nombreux concitoyens d’origine étrangère que je rencontre lors de mes déplacements à travers le Luxembourg" rapporte le Grand-Duc. Un Luxembourg qui prône, au-delà de ses frontières, "le multilatéralisme, le dialogue entre les nations, afin de défendre ensemble nos valeurs essentielles que sont la démocratie, la liberté et les droits de l'Homme".
Un pays n'est pas une notion abstraite, poursuit-il : "Le Luxembourg, c'est vous tous qui vivez et travaillez ici, qui l’incarnez. Les uns à côté des autres, les uns avec les autres. Vous êtes ce qui rend le Luxembourg si spécial. C’est pourquoi je tiens à vous dire un grand merci d'ici, à vous tous. Merci à ceux qui travaillent chaque jour au et pour ce pays, qu'ils soient Luxembourgeois, non-Luxembourgeois, résidents ou frontaliers, rémunérés ou bénévoles. Votre contribution est essentielle pour la prospérité de notre société et une garantie pour l’avenir de notre pays".
Le Grand-Duc a aussi le regard tourné vers l'avenir, et tient à faire passer un message d'espoir : "L'année 2025 approche à grands pas et offre de nouvelles opportunités pour faire avancer notre vision du Luxembourg : un pays qui s'appuie sur la diversité et l'innovation, qui investit dans l'éducation et la recherche, qui assume ses responsabilités en Europe et dans le monde. Un pays au sein duquel les citoyens passent avant tout. Nous sommes un pays qui ne reste jamais figé face à l’adversité. Nous affrontons ces défis avec confiance et courage".
Exprimant son espérance envers la prochaine génération, il déclare qu'elle "assumera la responsabilité d’un monde, espérons-le, plus pacifique et durable. Pour la plupart des concitoyens de ma génération, le moment est désormais venu de prendre du recul, de se retirer. C'est un processus naturel qui a sa raison d’être et qui s'applique également à moi."
C'est à ce moment qu'il révèle que "la Grande-Duchesse et moi sommes heureux de vous annoncer que le Prince Guillaume et la Princesse Stéphanie seront nos successeurs à partir du 3 octobre 2025."
"Je sais qu’ils contribueront de toutes leurs forces au bien-être du pays. Dans ce sens, je vous souhaite, avec la Grande Duchesse, le Prince Guillaume, la Princesse Stéphanie et tous nos enfants, un très Joyeux Noël et tout le meilleur pour la nouvelle année" conclut le Grand-Duc.
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