Que ce soit en Belgique, en France ou en Allemagne, les agriculteurs manifestent actuellement. Au Luxembourg, en revanche c'est le calme. Cela ne signifie pas pour autant que le secteur agricole n'a pas de problèmes.

Il est très clair qu'une tension est perceptible au Luxembourg, assure le président de la Chambre d'agriculture, Guy Feyder. Cependant comme les agriculteurs attendent beaucoup de la nouvelle ministre, Martine Hansen, ainsi que de la table ronde consacrée à l'agriculture, qui est prévue début mars, ils préfèrent renoncer aux manifestations. Même si leur situation financière n'est pas évidente.

"Les prix ont considérablement baissé, notamment pour le lait, mais pour la viande bovine aussi, ils ne sont plus aussi élevés. Ce qui pose problème", explique Guy Feyder. "Comme les coûts restent élevés, les marges bénéficiaires sont à nouveau très étroites. Cela crée une tension que nous avons souvent connue auparavant. Mais l'opinion publique oublie souvent que les coûts sont également très élevés, comme d'ailleurs dans de nombreux autres secteurs. Cela dépend évidemment de l'énergie, mais les coûts salariaux sont aussi très élevés."

Les prix élevés de l’énergie font également augmenter, par exemple, le coût des aliments pour le bétail. Les agriculteurs luxembourgeois partagent aussi les critiques de leurs voisins belges selon lesquelles ils sont désavantagés par rapport aux producteurs de denrées alimentaires des pays hors Union européenne.

"Ce qui ne va pas, c'est qu'on ajoute continuellement, continuellement, continuellement des contraintes environnementales notamment, mais aussi des normes de qualité et on génère ainsi des charges qui n'existent nulle part ailleurs. Là où il doit y avoir des règles communes, il faut qu'elles soient toutes appliquées et pas seulement celles qui créent des contraintes pour nos entreprises et créent ainsi une concurrence déloyale", estime le président de la Chambre d'agriculture.

Guy Feyder ne peut pas reprocher aux consommateurs de préférer les produits moins chers en provenance de l'étranger aux produits locaux. Il y a effectivement une tendance à consommer des produits régionaux, mais le soutien aux producteurs locaux a des limites financières.

La question cruciale pour l'avenir de l'agriculture luxembourgeoise est de savoir si les entreprises seront autorisées à poursuivre leur croissance ou si le cheptel bovin sera plafonné. Les entreprises qui sont encore là, n’ont survécu que parce qu’elles ont repris des exploitations qui avaient cessé leurs activités. Si ce n'est plus possible, ce sera un coup fatal pour le secteur, selon le président de la Chambre d'agriculture.

Quand des exploitations cessent leur activité, c'est souvent dû au fait qu'il n'y a pas de successeur ou qu'aucun des enfants ne se déclare prêt à continuer. Guy Feyder a trois filles, qui aident en partie à faire tourner l'entreprise. Mais il ignore si l'une d'elles reprendra l'exploitation plus tard. Il n'a pas encore réfléchi s'il confierait l'entreprise à un étranger, par exemple un nouveau venu, si aucune de ses filles n'était prête à la reprendre, a expliqué Guy Feyder.