Soupçonnés d'avoir commis des violences dans le commissariat de la gare, quatre policiers luxembourgeois ont passé tout l'été en détention préventive. Une décision infondée, estiment aujourd'hui deux de leurs avocats.

Le 20 mai, des policiers d'un commissariat de la Ville de Luxembourg ont interpelé un homme qui était en état d'ébriété. Il a été emmené au commissariat de la Gare et placé en cellule de dégrisement. C'est là que se seraient produites les violences policières.

Que s'est-il passé précisément là? Le parquet n'a pas communiqué sur les faits. Ni Maître Jean-Marie Bauler, ni Maître Fränk Rollinger, qui représentent chacun un des policiers, n'ont voulu entrer dans les détails devant la caméra de RTL. Comme toujours, la présomption d'innocence s'applique aussi dans le cas de ces quatre policiers.

Les accusations de violences policières et de tentative de dissimulation ne seront révélées que plus tard. La décision du juge d'instruction tombe début juillet: trois policiers sont placés en détention préventive. Peu après, un quatrième policiers est arrêté et envoyé également au Centre pénitentiaire d’Uerschterhaff à Sanem. Ils y sont dans un premier temps placés à l'isolement, avant d'être hébergés ensemble dans une aile isolée du centre pénitentiaire.

L'avocat Fränk Rollinger peut comprendre la décision, au départ, de placer les policiers en détention préventive: "Il s'agit simplement d'une mesure de sécurité, afin que l'enquête puisse être menée correctement et qu'aucune preuve ne disparaisse. C'était la justification de la détention provisoire. Mais au bout d'une semaine ou deux, c'était fait. Ensuite il n'y avait plus aucune raison pour la détention préventive."

Maître Bauler ne voit pas non plus de raison à la détention préventive: "Les conditions dans lesquelles une détention préventive peut être ordonnée, sont clairement fixées dans la loi. Et elles ne sont certainement pas réunies ici. Le risque de fuite n'existe pas, ni celui de blanchiment de preuves... Ils ont passé chaque jour à quatre ensemble pendant plus de deux mois. Il faut qu'on m'explique."

Les deux avocats en déduisent que dans cette affaire, quelqu'un voulait donner un signal et que ce serait tombé sur leurs clients.

"Vous pouvez seulement faire une demande par mois. La première fois, elle a été refusée en première et en deuxième instance. Ensuite nous avons obtenu gain de cause en première instance et en deuxième instance, la décision a été retirée. Je me réjouis que mon client soit à présent enfin sorti", explique Fränk Rollinger. Il souhaite que son client soit désormais laissé tranquille.

Maître Jean-Marie Bauler estime également qu'il faudrait traiter ce dossier de manière plus neutre. "Lorsqu'ils sont arrivés en détention provisoire, il y avait en permanence quelque chose à lire à leur sujet dans les médias. Maintenant qu’ils sont sortis, c'est quasiment fini." Pour ce qui est des accusations portées contre son client, ce dernier a travaillé huit ans au commissariat de la Gare et il jouissait d'une bonne réputation auprès de ses supérieurs.

Il n'y aurait rien de neuf dans le dossier pour l'instant. RTL a sollicité une réaction auprès du parquet. Voici sa réponse: "Dans le cadre du dossier dans lequel sont impliqués les quatre policiers, la phase d’instruction est actuellement toujours en cours. Ce qui fait que de nouveaux éléments peuvent être ajoutés au dossier à tout moment. Considéré sous cet angle - et à cause du secret de l'instruction - le parquet ne fera aucune déclaration publique à ce stade."

A lire également:

Violences policières présumées: Le quatrième policier a été remis en liberté

Justice: Un quatrième policier arrêté pour des violences policières présumées

Le reportage de RTL en luxembourgeois: