Les tentions sont palpables entre les médecins et la Caisse nationale de santé (CNS) au Luxembourg. Christian Oberlé, président de la CNS a répondu aux questions de RTL ce vendredi matin.

Jusqu'à présent, la lettre des médecins n'a pas encore été reçue par la CNS, "mais nous nous attendons à recevoir un courrier de leur part afin de résilier la convention qui nous lie à eux, reste à savoir quand", a expliqué Christian Oberlé.

Juste avant la dernière quadripartite, l'AMMD (Association des Médecins et Médecins-Dentistes du Luxembourg) avait clairement fait pression dans le sens d'une résiliation. "Les problèmes soulevés par les médecins sont à prendre au sérieux, mais la CNS ne peut pas tous les régler toute seule", a indiqué le président de la Caisse nationale de santé qui quittera son poste au 1er novembre. Il sera remplacé par l'actuel vice-président José Balazantegui.

"On entend souvent que la politique sanitaire du Luxembourg est trop orientée vers les hôpitaux, et même s'ils représentent la plus grande part du budget avec 1,5 milliard d'euros, les médecins sont juste derrière avec quand même 900 millions d'euros. Et si la situation actuelle devait évoluer dans ce sens, le budget des médecins aura dépassé celui des hôpitaux dans 12 ans" répond Christian Oberlé.

RTL

12 mois normaux pour les assurés, pas pour la CNS

En cas de résiliation de convention par les médecins, rien ne changera pour les assurés auprès de la CNS durant les 12 premiers mois. Mais une nouvelle convention devra être négociée aussi vite que possible. Une mission qui attend déjà le successeur de Christian Oberlé: "en règle générale, c'est plutôt une bonne chose que la convention soit renouvelée de temps en temps. Celle qui nous lie en ce moment date quand même de 1992. Même si le moment n'est optimal, avec de nombreux changements fondamentaux".

Il est notamment revenu sur la mauvaise situation financière de la CNS, avec un déficit qui devrait atteindre les 200 millions d'euros l'année prochaine alors qu'en 2025, on enregistre déjà un négatif de 118,5 millions d'euros. "On appréhendait déjà cette situation depuis 2019, et à l'époque des économies à hauteur de 30 millions d'euros, mais c'était largement insuffisant", selon l'invité de RTL.

Maîtrise médicalisée: c'est quoi ?

Les responsables de la quadripartite ont entre autres décidé une augmentation de la participation de l'État à hauteur de 60 millions d'euros dans une première phase à travers une "maîtrise médicalisée" avec des économies réalisées lors de la prescription de médicaments, d'analyses médicales, et de séances de kiné.

Une mesure décidée afin de ne plus payer que "ce qui est utile et nécessaire", dans la version officielle. "Concrètement, la CNS a déjà décidé que la vitamine D et le B12 ne seraient plus remboursés lors d'analyses médicales. Pour la glande thyroïde, seule une valeur sera analysée au lieu de trois au début", détaille le président de la CNS qui est d'avis qu'il existe de nombreux éléments pour rendre le système plus efficace sans pour autant toucher à la qualité des prises en charge.

Enfin, "si les objectifs d'économies ne sont pas atteints, et si la situation économique et de l'emploi n'évolue pas positivement, il faudra s'attendre à des hausses de cotisations en 2027", a conclu Christian Oberlé.