Proche du Luxembourg, le village de Kanfen a su se développer économiquement et démographiquement grâce aux frontaliers. Mais le trafic généré par l'attractivité du Luxembourg représente aussi un problème.

Des micro-crèches, des commerces de proximité, des classes de maternelles et de primaires... et un nombre d'habitants qui augmente progressivement. À Kanfen, situé à quelques kilomètres de la frontière luxembourgeoise, la vie du village se développe. Et s'organise grâce et malgré la proximité du Luxembourg.

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Comme d'autres avant elle, la commune s'est progressivement étendue, au gré des constructions. Des lotissements plus récents ont entouré le cœur historique du village. Jusqu'à border la départementale 15 qui mène à Volmerange-les-Mines, côté sud-ouest, et l'autoroute A31, sur son côté est. Dont l'échangeur donne à côté de l'entrée du village, où plusieurs commerces de proximité sont installés et font vivre un petit espace économique très dynamique pour une si petite commune.

Denis Baur, enfant du village devenu maire en 2008, l'a vu évoluer, passant de moins de 1 000 habitants au début de son mandat à près de 1 250 aujourd'hui. "La population est de moins en moins originaire du village. Les nouveaux arrivants viennent d'ailleurs en France, parfois de l'étranger aussi" explique-t-il à RTL Infos. La raison est simple : le Grand-Duché du Luxembourg est juste à côté. Avec ses emplois, il exerce une attractivité importante pour les frontaliers soucieux d'être proches de leur travail sans subir les prix de l'immobilier luxembourgeois. "Évidemment le foncier est cher à Kanfen, mais beaucoup moins qu'au Luxembourg."

Le Grand-Duché représente aujourd'hui une chance et un défi pour la petite commune. Qui a le vent en poupe, comme le confirme le maire : "Il ne se passe pas une semaine sans que je reçoive une demande pour un terrain" confie-t-il. Les demandes émanant souvent de frontaliers, qui constituent tout de même 75% des travailleurs.

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Denis Baur, maire de Kanfen. / © Thomas Toussaint

Le village aurait pu s'étendre de manière disproportionnée, mais l'édile souhaite conserver le caractère rural de Kanfen"L'urbanisme doit être maîtrisé." Compte tenu des normes d'artificialisation des sols et des terrains disponibles, peu de parcelles seront encore créées. "Il faudra aussi densifier un peu le village. Pas en créant du collectif, mais en occupant les "dents creuses" (des parcelles non exploitées mais entourées de constructions, ndlr)."

Grâce à la hausse du nombre d'habitants, au pouvoir d'achat élevé, la commune a aujourd'hui de nombreux services sur place : des classes de maternelles et de primaires, deux micro-crèches et cette zone commerciale constituée d'une boulangerie, d'un primeur, d'un fromager, d'un boucher et d'une pizzeria. La boulangerie faisant office de "locomotive", ce qui profite aux autres enseignes.

Nour Fellah, le primeur, a vite été séduit : "Vous avez absolument tout sur place. Les clients font toutes leurs courses, peuvent se garer... Ce sont des voisins que l'on sert."

Le trafic routier étouffe le village

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La croissance du village a permis à plusieurs commerces de proximité de s'installer. / © RTL

Les frontaliers ont certes permis de faire grandir le village, et de contribuer à l'installation de ces boutiques de proximité, mais ils sont aussi source de nuisances. Notamment avec le trafic routier, en constante augmentation. Jusqu'à parfois étouffer les petites rues de son centre, qui n'ont pas été pensées pour accueillir un trafic motorisé aussi important.

Le défi à relever est lourd pour une commune qui a su se montrer intelligente mais qui reste de taille modeste. "Nous avons limité la taille des rues, ce qui oblige tout le monde à ralentir, mais les automobilistes passent quand même." On compte près de 14 000 véhicules par jour sur la départementale à l'entrée du village, et 18 000 passages au niveau de l'échangeur. Une grande partie d'entre eux (plus de 3 200 par jour) pouvant ensuite sillonner les rues de Kanfen pour rejoindre Zoufftgen et poursuivre leur route vers le Grand-Duché. "À 7h du matin, certains ne respectent même pas le "stop"" pourtant situé en face de la mairie.

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L'A31 borde le petit village de Kanfen. / © Thomas Toussaint

Une partie de l'inconnue de cette équation réside désormais dans l'A31bis. Un projet qui "a dix ans de retard" soupire le maire. "L'élargissement à trois voies ne règlera pas le problème, c'est déjà trop tard. Il aurait fallu miser sur les transports en commun plus tôt et plus fort. Surtout que côté luxembourgeois, ça bouge. Alors qu'ici, le financement nous bloque."

Denis Baur est d'autant plus gêné qu'il ne veut pas "embêter les frontaliers" dont les journées sont "déjà assez stressantes et longues". "On m'a déjà suggéré de mettre des sens interdits, mais je ne vais pas faire subir ici ce dont je n'aimerais pas être moi-même victime dans un autre village" souffle-t-il.

L'installation d'un péage sur l'A31 constitue finalement une inconnue : difficile de savoir si les automobilistes paieront sans broncher... ou s'ils contourneront par le réseau secondaire, quitte à rallonger des trajets déjà très longs. Sans parler des trajets vers Thionville : avec ses commerces, la ville reste le "bassin économique" du village. Une question qui n’aura pas de réponse avant plusieurs années : d’après la Dreal, qui pilote le projet d'élargissement, le chantier de l’A31 ne devrait pas démarrer avant 2030.