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La préfecture des Vosges a annoncé mardi l'interdiction de la consommation de l'eau du robinet dans le village des Arrentès-de-Corcieux, où le taux de PFAS, des polluants éternels, est sept fois supérieur à la norme.
Les analyses de l'eau du robinet de cette localité proche de Gérardmer, qui compte quelque 180 habitants, ont démontré que la "concentration totale des 20 principaux PFAS s'élève en moyenne à 0,73 microgramme par litre", alors que la norme est "fixée à 0,1 microgramme par litre", indiquent la préfecture des Vosges et l'Agence régionale de santé (ARS) Grand Est dans un communiqué.
L'arrêté préfectoral interdit la consommation d'eau ainsi que son utilisation pour la préparation des biberons à partir de mercredi pour les personnes desservies par le réseau d'eau public de la commune, une mesure qui restera en vigueur jusqu'au "rétablissement de la qualité de l'eau".
"Une distribution d'eau en bouteille pour subvenir aux besoins de la population sera organisée, à raison d'une bouteille par jour et par personne", précisent encore les services de l'Etat.
L'association Générations futures avait dénoncé lundi un "retard dans l'information de la population" sur la pollution de l'eau dans cette commune.
Selon Générations futures et l'association Vosges Nature Environnement, la contamination pourrait provenir "des rejets d'une usine de blanchiment de textile" dans une ville voisine. Celle-ci émet ses rejets dans une station d'épuration dont les boues "sont ensuite épandues sur des parcelles agricoles dans plusieurs communes voisines".
Après les Ardennes et la Meuse, où 17 communes sont concernées par la même problématique, "la situation dans les Vosges constitue le deuxième cas de contamination majeure très probablement liée à des épandages de boues de station d'épuration", estime Pauline Cervan, toxicologue chez Générations Futures, citée dans un communiqué. "Ces deux situations illustrent la nécessité de mettre en place un suivi des PFAS dans les boues et en attendant, d'interdire leur épandage par précaution", ajoute cette spécialiste.
Utilisés dans de nombreux objets pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou leur résistance à la chaleur, les PFAS, substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, dits "polluants éternels", peuvent avoir des effets délétères sur la santé (taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement des fœtus).
Dans les Vosges, "plusieurs campagnes de prélèvement" ont déjà couvert "près de 99% du réseau d'eau à ce jour", selon les services de l'Etat.